"Comment me jugez-vous digne de vos dons? Si je suis honnête homme, pourquoi m'engager à les recevoir? Sachez-le bien moi aussi, je possède beaucoup et je n'ambitionne rien de plus satisfait de ce que j'ai, je ne convoite pas le bien d'autrui.
Vous, au contraire, vous vous croyez très riche, et vous êtes dans la plus grande pauvreté. Vous n'auriez abandonné ni l'Épire, ni vos autres possessions pour venir en ces lieux, si, content de ce que vous avez, vous ne vouliez pas avoir davantage celui qui éprouve de tels désirs, celui qui ne met aucune borne à sa cupidité est très-pauvre, et voici pourquoi: tout ce qu'il n'a pas, il le recherche comme un bien nécessaire, s'imaginant qu'il ne peut vivre sans l'avoir. Je serais heureux, puisque vous vous dites mon ami de vous donner une partie de mes richesses, bien plus sûres, bien plus impérissables que les vôtres.
Personne ne les regarde d'un œil d'envie, personne n'ourdit de
coupables trames pour s'en emparer; ni le peuple, ni les tyrans; et ce qui est le plus important, plus on les partage avec d'autres, plus on les augmente. En quoi donc consistent ces richesses se contenter de ses propres biens, comme s'ils étaient considérables à s'abstenir du bien d'autrui comme d'un poison, à ne nuire à personne, à faire beaucoup de bien enfin, en mille autres choses semblables."
Qu'en pensez-vous ?