Tout d'abord, le fait que le vocabulaire militaire anglais tout entier vienne du français devrait poser question. Comment une nation de lâches notoires comme la France pourrait être l'origine du vocabulaire militaire entier de la première langue parlée au monde ? On se le demande…
Je sais que le premier mot qui vous vient à l'esprit est probablement le mot « surrender » (se rendre), qui est en effet un mot d'origine française… tout comme « victory, defeat, war, battle, army, military, soldier, infantry, artillery, cavalry, admiral, captain, general, colonel, marshal, sergeant, lieutenant, corporal, brigadier, officer, commander, navy, marine, cannon, bullet, logistics, tactics, strategy, battalion, combat, camouflage, carabineer, corps, dragoon, espionage, fusilier, guard, legionnaire, morale, musketeer, pistol, platoon, reconnaissance, regiment, siege, sortie, squad, terrain, troop, attack, armistice, ammunition, armor, arsenal, ballistic, bomb, barracks, battery, bayonet, bivouac, conflict, convoy, capture, catapult, conquest, company, conscription, defense, division, destroyer, detonate, camp, engage, epaulet, enlist, evacuate, enemy, ensign, explosive, fort, fleet, formation, front, fortification, castle, garrison, grenade, powder, helmet, honor, intelligence, invasion, lance, machete, missile, major, mortar, maneuver, mine, security, parachute, prisoner, peace, recruit, reserve, retreat, rocket, rescue, sabotage, section, theatre, uniform, unit, veteran, casemate, enfilade, overture, fosse, cantonment, pike, chevauchée, arbalest, archer, bascinet, trebuchet » et beaucoup d'autres encore.
Deuxièmement, ces chiffres se basent sur cette vidéo : https://youtu.be/xgLKVaJwpXY
Mais le compte n'est pas bon. Selon Liste des batailles de l'histoire de France — Wikipédia, qui n'est elle-même sûrement pas exhaustive, les Français ont :
-entre 486 et 1498 : 272 victoires, 102 défaites, 11 batailles indécises
-entre 1498 et 1789 : 271 victoires, 152 défaites, 20 batailles indécises
-entre 1789 et 1892 (en excluant la guerre de Vendée) : 455 victoires, 290 défaites, 23 batailles indécises
-entre 1900 et 1945 : 102 victoires, 49 défaites, 19 batailles indécises
-entre 1945 et aujourd'hui : 88 victoires, 4 défaites, 1 bataille indécise
Ce qui nous fait un total de 1 188 victoires, 597 défaites et 74 batailles non concluantes.
Si l'on enlève ces dernières, cela veut dire que sur 1 785 batailles, les Français en ont gagné 67%.
Dans l'espace commentaire de la vidéo qui vous sert de source pour vos chiffres, certaines personnes écrivaient des choses comme « Si la France est si haute, c'est parce qu'elle a gagné la plupart de ses batailles contre des Africains » ou « La France est plus vieille, elle n'a pas gagné tant de batailles comparé à la Grande Bretagne » ou « Les Etats-Unis ont gagné beaucoup de batailles pendant une période bien plus courte que la France », etc.
La réussite militaire française de 486 à 1830 (une période pendant laquelle nous ne nous battions pas vraiment contre des Africains militairement faibles) détruit le premier argument.
Le royaume franc fut la puissance européenne dominante pendant des siècles, avec les conquêtes de Clovis (batailles de Soissons, Tolbiac, Dijon et Vouillé), la victoire sur les invasions musulmanes (Toulouse, Poitiers et Charles Martel, Avignon, Nîmes, Narbonne), les conquêtes de Charlemagne contre les Lombards, Saxons, musulmans de la marche hispanique, et contre les Avars, enfin, la victoire sur les raids vikings à Paris et à Chartres.
Les Normands qui conquirent l'Angleterre avaient un très faible, sinon insignifiant, héritage scandinave, que ce soit culturellement, linguistiquement, religieusement ou génétiquement. Guillaume lui-même était principalement breton et neustrien, et son armée n'était qu'un tiers normande, le reste venant de Bretagne, Anjou, Maine, Poitou, Ile-de-France, Picardie, Flandres, etc.
La première croisade 1096–1099 ? La mieux réussie, quasi-exclusivement française.
La France joua un rôle majeur dans le succès de la troisième croisade. D'ailleurs, Richard Coeur-de-Lion était français, comme tous les rois d'Angleterre de 1066 au XVe siècle.
La bataille de Muret en 1213 est considérée comme une des plus impressionnantes et décisives batailles du Moyen-âge. Un armée d'environ 1500 Français menés par Simon de Montfort y écrasa une force d'environ 8000 Aragonais, Catalans et Occitans, menés par le roi d'Aragon Pierre le catholique, qui y trouva la mort. Cette bataille pendant laquelle les Français ne perdirent sans doute pas beaucoup plus qu'une dizaine d'hommes, contre au moins 5000 chez leurs adversaires, mit un terme à la croisade albigeoise.
La guerre franco-anglaise de 1213–1214 fut la première de nombreuses coalitions auxquelles le Royaume de France dut faire face au long des siècles (sans aucun doute plus que toute autre nation dans le monde) et fut gagnée grâce aux fameuses batailles de Roche-au-Moine et Bouvines, et au talent du futur connétable de France Mathieu II de Montmorency.
Les Français vainquirent l'empire angevin, ou le Royaume d'Angleterre, et ses alliés, lors de l'invasion française de la Normandie 1202–1204, la guerre franco-anglaise de 1213–1214, la première guerre des barons de 1215–1217, la guerre du Poitou de 1224, l'invasion anglaise de la France en 1230, la guerre de Saintonge de 1242–1243, la guerre franco-anglaise de 1294–1303, la guerre de Saint-Sardos de 1324. Ces guerres réduisirent l'empire plantagenêt, qui à son apogée comprenait les duchés de Normandie, d'Aquitaine, de Gascogne, les comtés de Poitiers, du Périgord, de la Marche, d'Auvergne, de Maine, d'Anjou, de Tours et le vicomté de Limoges, à quasiment rien.
La France gagna la guerre de cent ans de 1337–1453 (contrairement aux mythes répandus par la propagande anglaise, il n'y a pas eu que Crécy, Poitiers et Azincourt, en fait, les Français ont gagné la plupart des batailles de la guerre, ainsi que des batailles spectaculaires qui n'ont rien à envier aux batailles mentionnées ci-dessus, telles que Saint-Omer, Cocherel, Montiel, Pontvallain, Roosebeke, La Brossinière, Patay, Gerberoy, Formigny, La Male Jornade, Castillon…). Les Français ne manquèrent pas de commandants brillants : Bertrand du Guesclin, Etienne de Vignolles (La Hire), Jean Poton de Xaintrailles, Jean de Dunois, André de Lohéac, Arthur de Richemont, etc.
Castillon fut un des premiers exemples de l'utilisation d'une artillerie de masse en bataille dans l'Histoire de la guerre, et la cavalerie lourde française triompha des archers longs anglais et gallois, qui furent annihilés à Patay.
La guerre de cent ans mit un terme aux ambitions continentales anglaises pour toujours.
Pendant cette période, l'Angleterre n'a jamais gagné une seule guerre contre la France. Après cette période, l'Angleterre n'affrontera plus jamais la France sans l'appui d'une solide coalition.
La France gagna ensuite la guerre de Bretagne, grâce à la victoire de Saint-Aubin-du-Cormier.
Pendant les guerres d'Italie (1494–1559) qui eurent des résultats mitigés pour la France, les Français durent faire face à une coalition formée par l'Espagne, le Saint-Empire et l'Angleterre pendant cinquante ans. Les Français gagnèrent pendant cette période plusieurs grandes batailles (Seminara, Fornoue, qui donna l'expression de "furia francese", Agnadel, Ravenne, Mézières, Cérisoles, Metz et Calais qui était la dernière possession anglaise en France).
Louis II de la Trémoille et Jacques de la Palice, tués à Pavie à 68 et 55 ans, furent certainement parmi les plus grands esprits militaires de leur temps, et Pierre Terrail du Bayard, tué à Novare à 48 ans, sans aucun doute l'un des plus grands soldats de son temps.
La grande victoire de Marignan sur les fameux piquiers suisses engendra la signature par les Suisses d'une paix perpétuelle avec la France, qui dura 282 ans. La combinaison de l'artillerie et de la cavalerie lourde françaises prévalut sur la formation la plus redoutée d'Europe à cette époque.
Trois ans après la fin des guerres d'Italie, la France plongea dans les guerres de religion entre catholiques et protestants, qui durèrent 36 ans et coûtèrent la vie à trois millions de personnes, ce qui fait d'elles la deuxième guerre de religion la plus meurtrière de l'Histoire européenne. Ces guerres virent l'intervention militaire de plusieurs puissances étrangères, notamment l'Espagne qui fut défaite lors de la huitième guerre de religion (Arques, Ivry, Fontaine-française, Amiens).
La France fut par la suite le grand vainqueur, grâce au Grand Condé et à Henri de Turenne, de la guerre de trente ans (1618–1648), un des conflits majeurs de toute l'Histoire de l'Europe, battant à elle seule l'Espagne et le Saint-Empire de 1635 à 1648, et l'Espagne pendant la guerre franco-espagnole qui continua jusqu'en 1659 (batailles de Tornavento, Montjuic, Rocroi, Carthagène, Fribourg, Nördlingen, Lens, Arras, les Dunes). La bataille de Rocroi, durant laquelle la cavalerie lourde et l'artillerie françaises firent des ravages, sonna le glas des fameux tercios espagnols.
Puis la France remporta la guerre de Hollande, contre une coalition composée des Provinces-Unies, de l'Espagne et du Saint-Empire, en s'imposant seule lors de chaque bataille terrestre majeure (Sinsheim, Seneffe, Entzheim, Turckheim, Cassel, Saint-Denis). Sébastien de Vauban s'imposera comme l'un des plus grands experts de la poliorcétique (l'art du siège) de l'Histoire.
Ensuite, une coalition de toute l'Europe ne fut pas capable de vaincre la France, les Français triomphant une fois encore dans toutes les batailles terrestres majeures (Fleurus, Staffarda, Leuze, Steinkerque, Neerwinden, Marseille, Torroella, Barcelone). François-Henri de Montmorency-Luxembourg, le Tapissier de Notre-Dame (car les drapeaux ennemis capturés sur le champ de bataille décoraient la nef et le choeur de la cathédrale), y fit des merveilles.
Une coalition formée par le Saint-Empire, la Grande Bretagne, les Provinces-Unies, l'Espagne pro-Habsbourg et la Prusse essaya encore mais échoua encore. La France fut empêchée d'asseoir sa domination totale sur l'Europe à la bataille de Blenheim, et se retrouva dans une situation désespérée en 1708, après les victoires alliées de Ramillies et d'Audenarde. Néanmoins, Louis XIV réussit à remobiliser le pays épuisé, et les Français finirent la seconde partie de la guerre sur une série de victoires (la bataille de Calcinato et le siège de Toulon qui enterra les espoirs d'invasion de la France par le Sud ; en Espagne, les batailles d'Almansa, que Frederick le Grand décrivit comme la bataille la plus impressionnante du siècle, Brihuega, Villaviciosa et Barcelone ; la bataille de Malplaquet lors de laquelle la force d'invasion par le Nord de Marlborough subit des pertes immenses, qui choquèrent l'Europe, contre les soldats inexpérimentés de Villars, et la bataille décisive de Denain).
Après cela, la France gagna la guerre de succession de Pologne (1733–1738) et la guerre de succession d'Autriche (1740–1748), gagnant lors des deux campagnes quasiment toutes les batailles majeures auxquelles elle participa (San Pietro, Guastalla, Cuneo, Fontenoy, Rocoux, Lawfeld), grâce à Maurice de Saxe, même si le roi louis XV décida de rendre les Pays-Bas Autrichiens, une décision qui n'a jamais été bien comprise.
La France perdit la guerre de sept ans en Amérique du Nord (1756–1763). Bien que le commandant français Louis-Joseph de Montcalm fit des miracles, les 90 000 colons et 10 000 soldats français en Amérique du Nord ne pouvaient pas tenir contre les plus d'un million de colons et 42 000 soldats britanniques. En Europe, elle tint le front, mais ne put défaire la puissance émergente prussienne, et son chef Frederick le Grand, qui était néanmoins plus occupé à se battre contre les Russes et les Autrichiens. A une époque où l'influence française en Europe était toujours à son paroxysme, la victoire britannique en Amérique du Nord et la perte subséquente du Canada furent à tort considérées comme un problème mineur.
Les Français prirent plus tard leur revanche lors de la guerre d'indépendance américaine (1778–1783), où les victoires françaises sur terre et sur mer, grâce à Rochambeau et De Grasse, aidèrent de manière décisive les Américains à gagner leur indépendance. Pendant cette période, la marine française était redevenue la plus puissante du monde, et si l'on prend la liste de toutes les batailles navales entre les flottes française et anglaise dans l'Histoire, la France en a gagné la majorité (des exemples notables étant Cap Bévéziers, Barfleur, Lagos et la baie de Chesapeake), grâce à de grands marins comme Suffren, Tourville, Jean Bart, Duguay-Trouin, Duquesne, Saumeur, Picquet de la Motte, etc.
