Je trouve qu'un consensus dangereux commence à naître sur l'eugénisme. Ce consensus est partagé par les gourous du self-improvement qui, dans leur logiciel darwiniste social, poussent à son paroxysme la logique de la méritocratie au mépris de l'égalité et de l'empathie. Je pense au fumeux Jordan Peterson grave à la mode qui nous explique que les hiérarchies de pouvoir chez les humains sont similaires à celle des homards. Les homards mâles puissants physiquement étant extravertis fécondent toutes les femelles tandis que les plus faibles se recroquevillent et sont condamnés à la disparition (Introduction de 12 Rules for life). Cette généralisation de la fameuse sélection naturelle à l'humain, alors même que Darwin critiquait l'extension de son modèle à l'humanité,
se retrouve même aujourd'hui dans les relations homme/femme. Sans tomber dans les clichés des 80/20 ou de l'hypergamie, la satisfaction ambiante envers la situation des Incels et le manque d'empathie envers leur souffrance révèle une réactivation de cette logique hyper-compétitive censée être refrénée par la monogamie et le mariage (des institutions nées de la religion et je ne parle même pas de Tinder ou des réseaux sociaux qui confirment ce constat). Cette vision génétique du monde, rejetée et honnie après les atrocités nazies de la 2nde, me semble être réactivée comme jamais auparavant par la révolution Internet et les réseaux sociaux. C'est comme si l'humain en s'émancipant de Dieu pour la technique est retombé une nouvelle fois du ciel pour revenir à la marée boueuse et sauvage de l'état de nature en faisant fi de tous les concepts censés tempérer ses pires instincts (Science sans conscience égale science de l'inconscience).
On encense des tricheurs qui se shootent aux stéroïdes, des escrocs et des voyous sont portés au pinacle juste du fait de leur richesse, des demi-strip-teaseuses n'ayant jamais fait aucun travail productif ont toute une armée de thuriféraires à leur pied, le dogme perverti de la méritocratie grignote toutes les avancées sociales obtenues au siècle précédent (s/o travail des enfants) et certains ont peur de se faire génétiquement remplacer par une population venue d'un autre continent. Et si quelqu'un souffre, alors il l'aura bien mérité, il n'avait qu'à travailler davantage...
Au fond, cela est l'aboutissement de la nouvelle religion qui a été imposée au peuple en effaçant ou s'accommodant avec les autres spiritualités, celle du capital et du spectacle. Clouscard en parle très bien dans le Capitalisme de la Séduction, l'éloge du droit à la jouissance qui dépasse tous les autres droits et devoirs moraux a été avant tout une volonté capitaliste pour pousser les masses davantage à la consommation qu'à la thésaurisation. La thésaurisation peut subvertir l'ordre social en permettant à des prolétaires de devenir propriétaires et de se libérer du travail tandis que la cigale ne s'arrête jamais de danser et d'être exploitée.
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