Henri Michaux : un des plus grands poètes du XXème siècle
avec René Char et Francis Ponge
Je vous le fait découvrir
Dans la Nuit
Dans la nuit
Dans la nuit
Je me suis uni à la nuit
A la nuit sans limites
A la nuit.
Mienne, belle, mienne.
Nuit
Nuit de naissance
Qui m’emplis de mon cri
De mes épis
Toi qui m’envahis
Qui fais houle houle
Qui fais houle tout autour
Et fumes, es fort dense
Et mugis
Es la nuit.
Nuit qui gît, Nuit implacable,
Et sa fanfare, et sa plage,
Sa plage en haut, sa plage partout,
Sa plage boit, son poids est roi, et tout ploie sous lui.
Sous lui, sous plus ténu qu’un fil
Sous la nuit
La Nuit
SUR LA PLACE D’ORPDORP
Quelques Omobuls obèses causent eaux et climats. Une Omobulle en
voiture respire les vapeurs enivrantes d’une cassolette. Le cheval est
fainéant, le coussin est important.
Chapeaux à glands, robes à glands, parasols à glands. Oisifs et oisives se
prélassent.
Douces confiseries de toutes parts apportées.
On goûte, on mâche, on salive.
On avale en vous regardant dans le blanc des yeux. On se gargarise
longuement, on crache.
Matelas, divans, fauteuils sous les arbres.
Eau.
Petite mare, beaucoup de grenouilles.
Le soupçon de brise, dont c’est l’habitude de venir après le coucher du
soleil, est attendu patiemment.
Il est midi.
Le 04 avril 2022 à 10:22:49 :
Le 04 avril 2022 à 10:21:44 :
J'ai jamais réussi à entrer dedans moiFaut le lire en livre, avant de dormir, dans le silence complet
Dépaysement garanti
Je devrais essayer des auteurs plus minimalistes dans le style de Michaux je pense, et mettre les surréalistes en pause
TAPIS ROULANT EN MARCHE…
A
Je vais de l'avant, vite Des pelles volent puis des cris je me dégage
l'instant d'après, Naples.
Cette pensée merveilleuse mais quelle était donc cette pensée ?
Soudain, précipice.
En bouillonnant
une eau torrentielle cascade dans le fond d'un canon vive, vive,
vivacissime.
Tenant fortement un grand anneau métallique je serre, je serre
Je… pensée, voyons, c'était avant mais quelle était donc cette pensée ?
« Paolo ! Paolo ! » crié d'une voix bordée de rouge
Oublis
oublis à grande vitesse
Par terre, des fagots préparés quel tas !
Mais qu'est-ce qui arrive ? Plus de fagots seulement reste la « fagocité »
Inouï !
Allegro vivace !
Prestes prestissimes pensées sous moi
Tiens, je connais ce chemin-ci un chemin si particulier et pourtant…
Suis soulevé
élévation
élévation extrême
élévation folle
Tennis des synonymes
Je vois, j'amasse des ressemblances je vois, je rouvre des différences
Formidable !
Quels échanges !
Ces mots, voyons, lesquels étaient-ce prononcés d'une voix si pincée ?
Vision : un corset, sur une poitrine, étroitement lacé, un corset.
Immobile rébus.
Un pipe-line à gueule de fauve s'élance vers moi (connu !) Alors d'un
corps d'homme part un long, long geste d'exaspération
Merveilleux ! Seul dans mon lit j'entends à mes côtés la respiration de
l'étrangère La photographie respire !
Prairies nodosités…
départs soudains
des brisants
des brisants
brisant sur moi.
Oh ! ce visage, si présent, si près j'aurais pu le caresser.
Inoubliable !
A
on assiste réellement aux pensées.
Arrêt dans la course c'est un dôme que d'écrire.
Penser, quelle beauté ! Pensées, partage des eaux Admirable !
Encore frisson qui interrompt qui rompt
on tire des rideaux dans ma figure
Quand se multiplient les multiplications mais… n'aurais-je pas un clou
dans l'estomac ? avalé quand ?
Dans le chantier à ma droite, quelle animation ! fébrile, pétillant,
ébouriffé de travail…
Cétacé, cétodonte
quelques filets d'or dans l'ébène
Elle ! Elle-même !
rebelle
et si naturelle
je reconnais ses traits dans les mousses et les ombres
sa grâce tellement à elle balançant la terre, balançant le ciel
L'instant d'après à l'usine barbu, rugueux, associé.
Étendue !
Étendue !
Je nage vers l'estuaire
L'instant d'après sur les échelons de fer de l'échelle de secours
j'y grimpe lestement
Quelle jeunesse ! N'aurais pas cru.
Si rapide, si rapide,
je juge le temps aux poteaux de mon pouls
Condensations bleues qui indiquent la voie
comme des taches bleues
comme une cécité bleue
Nappe à l'écart
cette eau morte : ma sueur
olfactif
adjectif
Qu'est-ce encore ?
Au corps nu, tandis que le cou pivote
un sein manque. Une piqûre l'a changé en firmament
je le sais
je le sais en toute certitude
Retour.
Un vert si affectueux.
La main qui faisait signe découvre un index rongé jusqu'à la paume.
Impressions à franchir je feuilletais Ceylan peut-être
Gagnant maintenant un immense vaisseau… Le lest jeté m'aide
Halte
autre
Les corps effondrés demandent malgré tout à assister
Sut un grand œil clair j'observais des pensées conventionnelles cannelle
et limpidité
Nouvellement
finalement un grand œil entre nous au bord d'un « au revoir »
Prairie en vue
« Vite, vite, suivez le rythme ! »
Je ressens tout à coup à l'épaule le recul d'une arme à feu
le me retire
les astres m'attendent
Vives reprises glissant salissant fourmillant tumultueux gargouillant
faisant des failles faisant bris et brosses déclenchement de jets…
Des pas confus cherchent la sortie
Des têtes s'accouplent Eruptions.
L'instant d'après, la mer.
La fraîcheur de l'eau proche m'arrive au visage
Fini. J'ai un fils.
Je vais tout lui montrer.
L'instant d'après je traverse un quartier animé Entre de petits palais
j'avance sans tourner la tête dans quelque bourg du Penjab, peut-être ? Mais
depuis quand ce voyage ?
Dans la pièce neutre tout s'arrête
Quelques spirales et la main notable
Immédiate, complète, une baleine.
Jaillissement. Les jaillissements l'ont provoquée partout jaillissement
carrefours de jaillissements geysérisation.
Des voix autour de moi s'expriment vivement avec rudesse. Actif, je
ponctionne. C'est mon job, ouvrier parmi des ouvriers.
Dures les voix. Dures. Trop.
Insoutenables
Le normal, c'est tenir à distance Miséricordieux, l'éloignement.
Je marche
Fugitif fugitif l'os sur la nappe le drap mouillé autour du corps fuyant…
Que signifie ?…
Femmes en verre soufflé on me les montre.
Raillerie ?
Comment viennent les mots ?
Comprendre est aussi une sensation perdue perdue
manque le coup de pouce
Un homme rigide devant moi calcule
Sans qu'il me voie, je passe dans « son » froid.
Des gens
tout un groupe j'ai ma volonté dans leur tête. Pas longtemps.
Ont maintenant leur volonté dans ma tête.
Mauvais.
Mon avenir devra passer par eux. Perroquet d'inconnus.
Loin
loin ces mots qui n'arrivent pas
ma main au bout d'une longue, longue route écrit.
Incidentes incidentes cependant poursuivre.
Picotements
Des paquets de non-sense
sur moi, sans cesse
sans cesse harassé, incapable et excessivement capable
Dans l'espace soudain débordant donnant libre cours à des flots de
tendresse
J'étais sur la voie
la vraie
adieu, les hommes
Revenu soudain au rugueux, au tactile, à la cicatrice face à des
broussins
arbres à vieux genoux
Ombres insensées
C'est vraiment le cœur, le responsable.
Néanderthal que rien ne caresse coriace humain
traversant les siècles, sa peau toujours fraîche
Il faut que je téléphone qu'au monde je téléphone, le ciel appelle le ciel
B
La voûte des bruits se soulève
… la gueule qui avala Jonas s'ouvre et se referme
en mesure
suivant mes réflexions
Ombres insensées augmentations des causes
Oscillations d'existence
De grands vides de grands intervalles bâillent bâillent
Les autres m'atténuent Tout ce qui est l'autre !
J'ai honte à voix haute loin de ma tête loin de ma tête
Idiot, ces mots qui ne se trouvent plus ! Direction perdue
mouches dans le sens
Au lieu de l'étendue des plaines je vois l'étendue des visages
Merveilleuse ! Qui n'en finit pas.
Ma main m'éteint
Circulation touribotte touribotte le prodige
Je ne peux écrire ce « sans cesse » sans cesse – —
L'impression, la main, le moins
Interceptions interceptions
L'écho
l'écho qui joue à répéter plus fort plus fort plus fort plus fort
Plus fort
PLUS FORT
j'ai mal au tympan de l'esprit
Blague qui pousse vers Drame
vers meurtre
Blague agent provocateur
Ma tête frottée fort comme entre deux linges serrés
Les traînes de l'idée, et ce qui pèle… et tout ce qui défile ici auto-route
auto-route à quoi bon éparpillé, swept away…
Il me passe des brassées de… et de…
Il me passe des passages de vents en plein champ
Vicieux, qui que ce soit qui me dirige chasse-pensée
brosses qui brossent en moi abstra-brosses
maelstrom-brosses
le papier lui-même au bord des grimaces
saugrenu des tapes sur les raccords
chahut de clartés.
Pensées tac à tac
Problèmes express. Des centaines… aperçus, résolus, oubliés.
Fou !
Transparent à moi, le monde, pur… décodé…
Ah ! ces écarts ! ces écartements !
Résoudre, c'est après.
Open-door pensées open-door sans cesse
Il faudrait lier le vent
Farfouillant
Des envahisse-mots
des endo-polyformations
Le fléau en moi circule comme des fleuves
folle fouille en tous sens
Moi colloïdal.
Parasols et melons
des ballons en mon être s'élèvent
distance, toujours distance
ma troisième vitesse de distanciation
arc d'altitude
mon sept centième néant peut-être depuis ce matin
folie à bras ouverts.
On me jette la tête contre des haies
Je ne vois plus opaque Traversièrement je pénètre
Soudain les liens (de la pensée) devenus cordages font un bruit pénible
dans une poulie…
Inouï ! Inouïe transformation.
Passages à troubles
S S S S S
Brume à toute vitesse autopsychophagie averses
averses à toute vitesse
Pourrais-je jamais rentrer dans le club des « autres »
Commentaires sans fin des pertes
en vol
en vol balancé pluriels qui n'en finissent plus
Tohu-touché au but
et tout recommence
tout re comme
tesses et iesses
égaillés les espaliers
flûte
vent de mes dépouilles
oh ! conduite qui arrache les conduites
Hyperpompe : le recel du sens
Je vois le fait appelé « distance »
Je le vois, abstrait, traverser l'atmosphère
traverser les mondes
traverser détacher…
Minuscules ! minuscules
Ah ces rires !
Le temps en tous sens… bourrasque elliptique
obnubile les encéphalopodes en ob
Lecture respire sous l'eau pensée en cheveux écheveaux mots qui
mettent au monde Eclatant ! Eclatant !
des millions de nains rongent l'orange
vers le lieu de fuite
vite
vite
se déroule
déroule
déroulent
Calme réarrivera jamais ?
Je vois venir une annélide
énorme
immense
temps semblable à une interminable annélide.
C
Chasse
la chasse reprend à la chasse
Impatience, agacement du spirituel
Esprit à pulsations esprit lanceur de balles
Crescendos
crescendos
Ecarts agrandis en ravins
Il fait grand clair clair pour me priver
Quelle tempête, la lumière !
Tout ce dont vous me scalpez…
Je vois l'arbre à la langue rouge
Des saisons passent en quelques minutes : béatitudes
Le soir touche mes matins
Oui, il est des images nocives, images à faire tomber
Tout ce qui traîne dans l'esprit qui revient fugitif refaire le saut
Je ne peux plus lire préhensivement
Le taux de vie a changé
Ah, le sort d'un mot…
Des lacunes se répandent, se répondent rues de lacunes
A quelques pas de moi un éventail s'ouvre un, mille
Que d'éventements !
Le Sioux que j'observais sur le papier sort de la page tenant une poterie
à la main
Temple temple à l'appel de ton nom temple
Jamais douteux. Jamais rien de douteux !
Sensations sauteuses
Occupé en moi, haschich dans mes étages polissonne à cache-cache,
mes pensées, lui et moi
les secrets faisant signe montrés, cachés montrés-rentrés
Asie revient.
Un masque que je n'ose regarder en face menace qui me fait masque
S'éloigner vite s'éloigner
Ah ! tous ces renvoyeurs de sens
Pensées à la diable au bord de la route
inutiles
à la volée, intarissablement justes
rapt
rapt
grégaire devenu par courants porteurs
effilés les interlocuteurs
effilés
enjambements décrochements d'étranges consistances
d'étranges nouvelles inconsistances Secouez l'Îlot.
le thème-témoin flageole bourrasque toujours
saugrenu
braqués les projecteurs !
sans suite
sans suite
Tronc creux
dedans une route
roule
c'est être témoin que de penser, se tenir ininterrompu
devenu un trouve-creux
images, c'est mettre un écran
mettre fermeté
La raie, sa peau, quelle rudesse !
les chasses-prises encore interceptions augmentent brumes à toute
vitesse
Hennir, exploit d'un autre…
homme ici plus que jamais
me remettre en course
il faut
il faut
Bosquets d'instants
Torrentiel irrespect Métreur et volage…
Mots sans dépôt.
Mots étonnants qui changent étonnamment, préoccupés.
Des mondes de vide entre les mots
Les trottoirs essaiment quelle ville que l'esprit !
Avec des mots à syllabes manquantes
la tête prophétise sous la potence
Quelqu'un à ma gauche bouge et grimace, Ravinements dans mes
couvertures. Hideux !
Lacets innombrables
Lecture, quelle peine !
Relire, paysage de pluie !
La drogue donne des instructions à l'intelligence, devrait pouvoir guérir
de la sottise.
Mots encore, changés, frappant dur de plus en plus leur retentissement
de plus en plus leur percussion de plus en plus s'inversent, se faussent
opération qui semble se foutre de vos opérations mentales
SYSTÈME DOUÉ D'UN POUVOIR AUTONOME DE
RIDICULISATION DU SYSTÈME
Effarante progression
empoignant toute sonorité
laissant le sens
fonçant vers plus de retentissement
vers plus de
plus de
plus
Plus
PLUS
Le 04 avril 2022 à 10:24:01 :
Le 04 avril 2022 à 10:22:49 :
Le 04 avril 2022 à 10:21:44 :
J'ai jamais réussi à entrer dedans moiFaut le lire en livre, avant de dormir, dans le silence complet
Dépaysement garanti
Je devrais essayer des auteurs plus minimalistes dans le style de Michaux je pense, et mettre les surréalistes en pause
Essaie du Cros, Du Corbière, du Char
IMMENSE VOIX
Immense voix
qui boit
qui boit
Immenses voix qui boivent
qui boivent
qui boivent
Je ris, je ris tout seul dans une autre
dans une autre
dans une autre barbe
Je ris, j’ai le canon qui rit
le corps canonné
je, j’ai, je suis
ailleurs !
ailleurs !
ailleurs !
Une brèche, qu’est-ce que ça fait ?
un rat, qu’est-ce que ça fait ?
une araignée ?
Étant mauvais cultivateur je perdis mon père
non, n’apportez pas de lumière
donc je le perdis
Le commandement s’éteignit
plus de voix. Plus étouffée du moins
Après vingt ans, à nouveau, qu’est-ce que j’entends ?
Immense voix qui boit nos voix
immense père reconstruit géant
par le soin, par l’incurie des événements
Immense Toit qui couvre nos bois
nos joies
qui couvre chats et rats
Immense croix qui maudit nos radeaux
qui défait nos esprits
qui prépare nos tombeaux
Immense voix pour rien
pour le linceul
pour s’écrouler nos colonnes
Immense « doit » « devoir »
devoir devoir devoir
Immense impérieux empois.
Avec une grandeur feinte
immense affaire
qui nous gèle
Étions-nous nés pour la gangue ?
Étions-nous nés, doigts cassés, pour donner
toute une vie à un mauvais problème
à je ne sais quoi pour je ne sais qui
à un je ne sais qui pour un je ne sais quoi
toujours vers plus de froid ?
Suffit ! Ici on ne chante pas
Tu n’auras pas ma voix, grande voix
Tu n’auras pas ma voix, grande voix
Tu t’en passeras grande voix
Toi aussi tu passeras
Tu passeras, grande voix.
Du grand art
LAZARE, TU DORS ?
Guerre de nerfs
de Terre
de rang
de race
de ruines
de fer
de laquais
de cocardes
de vent
de vent
de vent
de traces d’air, de mer, de faux
de frontières, de misères qui s’emmêlent
qui nous emmêlent
sous le cric, sous le mépris
sous hier, sous les débris de la statue tombée
sous d’immenses panneaux de « veto »
prisonniers dans le fumier
sous demain reins cassés
sous demain
cependant millions et millions d’hommes
s’en vont entrant en mort
sans même un cri à eux
millions et millions
le thermomètre gèle comme une jambe
mais une voix d’une stridence extrême…
et millions et millions commandés du Nord au Sud
s’en vont entrant en mort
Lazare, tu dors ? dis ?
Ils meurent, Lazare
Ils meurent
et pas de linceul
pas de Marthe ni de Marie
souvent même plus le cadavre
Comme un fou, qui pèle une huître, rit
je crie
je crie
je crie stupide vers toi
si quelque chose tu as appris
à ton tour, maintenant
à ton tour, Lazare !
Télégramme de Dakar
Dans le noir, le soir.
auto dans la campagne.
Baobabs, Baobabs,
baobabs,
Plaine à baobabs.
Baobabs beaucoup baobabs
baobabs
près, loin, alentour,
Baobabs, Baobabs.
Dans le noir, le soir,
Sous des nuages bas, blafards, informes,
loqueteux, crasseux,
en charpie, chassés vachement
par vent qu’on ne sent pas,
sous des nuages pour glas,
immobiles comme morts sont les baobabs.
Malédiction !
Malédiction sur CHAM !
Malédiction sur ce continent !
Village
village endormi
village passe
De nouveau dans la plaine rouverte : Baobabs
Baobabs baobabs Baobabs
Afrique en proie aux baobabs !
Féodaux de la Savane. Vieillards-Scorpions.
Ruines aux reins tenaces. Poteaux de la Savane.
Tams-tams morbides de la Terre de misère.
Messes d’un continent qui prend peur
Baobabs.
Village
Noirs
Noirs combien plus noirs que de hâle
Têtes noires sans défense avalées par la nuit.
On parle à des décapités
les décapités répondent en « ouolof »
la nuit leur vole encore leurs gestes.
Visages nivelés, moulés tout doux sans appuyer
village de visages noirs
village d’un instant
village passe
Baobab Baobab
Problème toujours là, planté.
Pétrifié — exacerbé
arbre-caisson aux rameaux-lourds
aux bras éléphantiasiques, qui ne sait
fléchir.
Oh lointains
Oh sombres lointains couvés par d’autres
Baobabs
Baobabs, Baobabs, Baobabs
Baobabs que je ne verrai jamais
répandus à l’infini. Baobabs.
Parfois s’envole un oiseau, très bas, sans élan,
comme une loque
Un Musulman collé à la terre implore Allah
Plus de Baobabs.
Oh mer jamais encore aussi amère
Le port au loin montre ses petites pinces
(escale maigre farouchement étreinte).
Plus
plus
plus de baobabs
baobabs
baobabs
peut-être jamais plus
baobabs
baobabs
baobabs.ANNÉE MAUDITE
Année
année maudite
année collée
année-nausée
année qui en est quatre
qui en est cinq
année qui sera bientôt toute notre vie
Buveuse
taraudeuse
ornée de bernés
Année, la narine au vent
mais rien ne vient
Souffrance
sur ta coque vide !
Anxiété
sur ta coque vide !
Famine
sur ta coque vide !
Année, année, année
que nous ânonnons sans
À quand ton vin ?
Singeuse de grandeur
mal balancée
balancée de ci de là
d’ici à là…
Et s’échappera-t-on jamais de toi ?
Le 04 avril 2022 à 10:31:45 :
Télégramme de DakarDans le noir, le soir.
auto dans la campagne.
Baobabs, Baobabs,
baobabs,
Plaine à baobabs.
Baobabs beaucoup baobabs
baobabs
près, loin, alentour,
Baobabs, Baobabs.
Dans le noir, le soir,
Sous des nuages bas, blafards, informes,
loqueteux, crasseux,
en charpie, chassés vachement
par vent qu’on ne sent pas,
sous des nuages pour glas,
immobiles comme morts sont les baobabs.
Malédiction !
Malédiction sur CHAM !
Malédiction sur ce continent !
Village
village endormi
village passe
De nouveau dans la plaine rouverte : Baobabs
Baobabs baobabs Baobabs
Afrique en proie aux baobabs !
Féodaux de la Savane. Vieillards-Scorpions.
Ruines aux reins tenaces. Poteaux de la Savane.
Tams-tams morbides de la Terre de misère.
Messes d’un continent qui prend peur
Baobabs.
Village
Noirs
Noirs combien plus noirs que de hâle
Têtes noires sans défense avalées par la nuit.
On parle à des décapités
les décapités répondent en « ouolof »
la nuit leur vole encore leurs gestes.
Visages nivelés, moulés tout doux sans appuyer
village de visages noirs
village d’un instant
village passe
Baobab Baobab
Problème toujours là, planté.
Pétrifié — exacerbé
arbre-caisson aux rameaux-lourds
aux bras éléphantiasiques, qui ne sait
fléchir.
Oh lointains
Oh sombres lointains couvés par d’autres
Baobabs
Baobabs, Baobabs, Baobabs
Baobabs que je ne verrai jamais
répandus à l’infini. Baobabs.
Parfois s’envole un oiseau, très bas, sans élan,
comme une loque
Un Musulman collé à la terre implore Allah
Plus de Baobabs.
Oh mer jamais encore aussi amère
Le port au loin montre ses petites pinces
(escale maigre farouchement étreinte).
Plus
plus
plus de baobabs
baobabs
baobabs
peut-être jamais plus
baobabs
baobabs
baobabs.
J'en avais fait un vocaroo, c'est l'un de mes poèmes préférés de tous les temps
Sans titre
Contre les alvéoles
contre la colle
la colle les uns les autres
le doux les uns les autres
Cactus !
Flammes de la noirceur
impétueuses
mères des dagues
racines des batailles s'élançant dans la plaine
Course qui rampe
rampement qui vole
unité qui fourmille
bloc qui danse
Un défenestré enfin s'envole
un arraché de bas en haut
un arraché de partout
un arraché jamais plus rattaché
Homme arc-bouté
homme au bond
homme dévalant
homme pour l'opération éclair
pour l'opération tempête
pour l'opération sagaie
pour l'opération harpon
pour l'opération requin
pour l'opération arrachement
Homme non selon la chair
mais par le vide et le mal et les flammes intestines
et les bouffées et les décharges nerveuses
et les revers
et les retours
et la rage
et l'écartèlement
et l'emmêlement
et le décollage dans les étincelles
Homme non par l'abdomen et les plaques fessières
mais par ses courants, sa faiblesse qui se redresse aux chocs
ses démarrages
homme selon la lune et la poudre brûlante et la kermesse en soi du
mouvement des autres
selon la bourrasque et le chaos jamais ordonné
homme, tous pavillons dehors, claquant au vent bruissant de ses pulsions
homme qui rosse le perroquet
qui n'a pas d'articulations
qui ne fait pas d'élevage
homme-bouc
homme à crêtes
à piquants,
à raccourcis
homme à huppe, galvanisant ses haillons
homme aux appuis secrets, fusant loin de son avilissante vie
Désir qui aboie dans le noir est la forme multiforme de cet être
Élans en ciseaux
en fourches
élans rayonnés
élans sur toute la Rose des vents
Au vacarme
au rugissement, si l'on donnait un corps...
Aux sons du cymbalum, à la foreuse perçante
aux trépignements adolescents qui ne savent encore
ce que veut leur poitrine qui est comme si elle allait éclater
aux saccades, aux grondements, aux déferlements
aux marées de sang dans le cœur
à la soif
à la soif surtout
à la soif jamais étanchée
si l'on donnait un corps...
Ame du lasso
de l'algue
du cric, du grappin et de la vague qui gonfle
de l'épervier, du morse, de l'éléphant marin
âme triple
excentrée
énergumène
âme de larve électrisée venant mordre à la surface
âme des coups et des grincements de dents
âme en porte à faux toujours vers un nouveau redressement
Abstraction de toute lourdeur
de toute langueur
de toute géométrie
de toute architecture
abstraction faite, VITESSE !
Mouvements d'écartèlement et d'exaspération intérieure plus que
mouvements de la marche
mouvements d'explosion, de refus, d'étirement en tous sens
d'attractions malsaines, d'envies impossibles
d'assouvissement de la chair frappée à la nuque
Mouvements sans tête
A quoi bon la tête quand on est débordé ?
Mouvements des replis et des enroulements sur soi-même
et des boucliers intérieurs
mouvements à jets multiples
mouvements à la place d'autres mouvements
qu'on ne peut montrer, mais qui habitent l'esprit
de poussières
d'étoiles
d'érosion
d'éboulements
et de vaines latences
Fête de taches, gamme des bras
mouvements
on saute dans le « rien »
efforts tournants
étant seul, on est foule
Quel nombre incalculable s'avance
ajoute, s'étend, s'étend !
Adieu fatigue
adieu bipède économe à la station de culée de pont
le fourreau arraché
on est autrui
n'importe quel autrui
On ne paie plus tribut
une corolle s'ouvre, matrice sans fond
La foulée désormais a la longueur de l'espoir
le saut a la hauteur de la pensée
on a huit pattes s'il faut courir
on a dix bras s'il faut faire front
on est tout enraciné, quand il s'agit de tenir
Jamais battu
toujours revenant
nouveau revenant
tandis qu'apaisé le maître du clavier feint le sommeil
Taches
taches pour obnubiler
pour rejeter
pour désabriter
pour instabiliser
pour renaître
pour raturer
pour clouer le bec à la mémoire
pour repartir
Bâton fou
boomerang qui sans cesse revient
revient torrentiellement
à travers d'autres
reprendre son vol
Gestes
gestes de la vie ignorée
de la vie
de la vie impulsive
et heureuse à se dilapider
de la vie saccadée, spasmodique, érectile
de la vie à la diable, de la vie n'importe comment
Gestes du défi et de la riposte
et de l'évasion hors des goulots d'étranglement
Gestes de dépassement
du dépassement
surtout du dépassement
(pré-gestes en soi, beaucoup plus grands que le geste, visible et pratique qui
va suivre)
Emmêlements
attaques qui ressemblent à des plongeons
nages qui ressemblent à des fouilles
bras qui ressemblent à des trompes
Allégresse de la vie motrice
qui tue la méditation du mal
on ne sait à quel règne appartient
l'ensorcelante fournée qui sort en bondissant
animal ou homme
immédiat, sans pause
déjà reparti
déjà vient le suivant
instantané
comme en des milliers et des milliers de secondes
une lente journée s'accomplit
La solitude fait des gammes
le désert les multiplie
arabesques indéfiniment réitérées
Signes
non de toit, de tunique ou de palais
non d'archives et de dictionnaire du savoir
mais de torsion, de violence, de bousculement
mais d'envie cinétique
Signes de la débandade, de la poursuite et de l'emportement
des poussées antagonistes, aberrantes, dissymétriques
signes non critiques, mais déviation avec la déviation et course avec la
course
signes non pour une zoologie
mais pour la figure des démons effrénés
accompagnateurs de nos actes et contradicteurs de notre retenue
Signes des dix mille façons d'être en équilibre dans ce monde mouvant
qui se rit de l'adaptation
Signes surtout pour retirer son être du piège de la langue des autres
faite pour gagner contre vous, comme une roulette bien réglée
qui ne vous laisse que quelques coups heureux
et la ruine et la défaite pour finir
qui y étaient inscrites
pour vous, comme pour tous, à l'avance
Signes non pour retour en arrière
mais pour mieux « passer la ligne » à chaque instant
signes non comme on copie
mais comme on pilote
ou, fonçant inconscient, comme on est piloté
Signes, non pour être complet, non pour conjuguer
mais pour être fidèle à son « transitoire »
Signes pour retrouver le don des langues
la sienne au moins, que, sinon soi, qui la parlera ?
Écriture directe enfin pour le dévidement des formes
pour le soulagement, le désencombrement des images
dont la place publique-cerveau est en ce temps particulièrement engorgée
Faute d'aura, au moins éparpillons nos effluves.
JE RAME
J'ai maudit ton front ton ventre ta vie
J'ai maudit les rues que ta marche enfile
Les objets que ta main saisit
J'ai maudit l'intérieur de tes rêves
J'ai mis une flaque dans ton œil qui ne voit plus
Un insecte dans ton oreille qui n'entend plus
Une éponge dans ton cerveau qui ne comprend plus
Je t'ai refroidi en l'âme de ton corps
Je t'ai glacé en ta vie profonde
L'air que tu respires te suffoque
L'air que tu respires a un air de cave
Est un air qui a déjà été expiré
qui a été rejeté par des hyènes
Le fumier de cet air personne ne peut plus le respirer
Ta peau est toute humide
Ta peau sue l'eau de la grande peur
Tes aisselles dégagent au loin une odeur de crypte
Les animaux s'arrêtent sur ton passage
Les chiens, la nuit, hurlent, la tête levée vers ta maison
Tu ne peux pas fuir
Il ne te vient pas une force de fourmi au bout du pied
Ta fatigue fait une souche de plomb en ton corps
Ta fatigue est une longue caravane
Ta fatigue va jusqu'au pays de Nan
Ta fatigue est inexprimable
Ta bouche te mord
Tes ongles te griffent
N'est plus à toi ta femme
N'est plus à toi ton frère
La plante de son pied est mordue par un serpent furieux
On a bavé sur ta progéniture
On a bavé sur le rire de ta fillette
On est passé en bavant devant le visage de ta demeure
Le monde s'éloigne de toi
Je rame
Je rame
Je rame contre ta vie
Je rame
Je me multiplie en rameurs innombrables
Pour ramer plus fortement contre toi
Tu tombes dans le vague
Tu es sans souffle
Tu te lasses avant même le moindre effort
Je rame
Je rame
Je rame
Tu t'en vas, ivre, attaché à la queue d'un mulet
L'ivresse comme un immense parasol qui obscurcit le ciel
Et assemble les mouches
L'ivresse vertigineuse des canaux semi-circulaires
Commencement mal écouté de l'hémiplégie
L'ivresse ne te quitte plus
Te couche à gauche
Te couche à droite
Te couche sur le sol pierreux du chemin
Je rame
Je rame
Je rame contre tes jours
Dans la maison de la souffrance tu entres
Je rame
Je rame
Sur un bandeau noir tes actions s'inscrivent
Sur le grand œil blanc d'un cheval borgne roule ton avenir
JE RAME
ÉCRITURE D’ÉPARGNE
Portrait.
Foreuse
Perceuse
habitacle de sel dedans une tourterelle Hérisson de frissons.
Sommeil.
Bouche de la nuit, qui délie le juge
Sommeil, vice, auge des abreuvements Viens, sommeil.
Adolescence.
Entraves, enfance, landes basculées nage dans les nénuphars vers
l’adulte tirant des poulies Balcon, balcon lourd où à son tour enfin avec
jeunes filles jouer le jeu des cactus…
La notion révélée.
Les seconds s’associent grelots de la cadette.
Le peintre et le modèle’.
Sur les couilles du taureau s’appuie l’Espagnol et il piétine la Duse
Paix rompue par cupide prise
Taillée dans le citron,
Peigne de cris
Visage éternué
du sommet de la femme insurmontée éternelle hébétée, face à
l’uniquité.
Sur les triangles de la femelle défaite il campe alors une robe verte
The thin man
Petit
petit sous le vent
petit et lacunaire
pressé et sachant que vite il faut qu'il sache
dans son cockpit dans sa petite galaxie
veillant
faisant perpétuellement le quart
dans son automoteur
dans son autocorrecteur
dans son peu de paix
dans son pas de paix du tout
bruissant sous la douche de milliers d'avertisseurs
sonné
sifflé
frappé
percé
se croyant de la chair
se voulant dans un palais
mais vivant dans des palans
innombrable et frêle
horloger cependant
et fœtus aussi commandant dans les rafales
visé
entamé
abordé
agrippé
agriffé
frappé à coups redoublés
gravé comme une plaque
cliquetant comme un télescripteur
déplacé
dévié
le miroir mille fois brisé
affolé
à l'écoute
ne voulant pas être perdu
traçant des plans
des plans contradictoires
des plans étrangers
des plans rebondissant
des plans à l'infini
luttant avec des plans
jamais tout à fait submergé
luttant toujours
renversé
redressé
de nouveau alerté
asséché
refaisant des plans
des contre-plans
des plans d'oppositions
dans l'obscur
dans le futur
dans l'indéterminé
pilote
pilote tant qu'il pourra
pilote ou plus rien
en plein vol
cible qui scrute
qui scrute
qui trame
qui projette
Celui qui est né dans la nuit
souvent refera son Mandala
Apparitions - Disparitions
.....
Tirs
Tirs dans la tête
tirs qui ne s'arrêtent pas.
Effondrement
Dehors devient trop fort
Un homme debout dans un coin de la chambre
brusquement là
brusquement disparaît
Sabotages
innombrables petits sabotages
La musique que j'écoute
au lieu de moi un étranger
un homme mil neuf cent
la « prend » par mes oreilles
Où ma place ?
Sur ma droite, dès que je me tourne un écureuil
Des foules, alentour
venues écouter...
Épuisement
.....
Sur la page du livre devant moi
les lettres dans les lignes se ratatinent
les dernières surtout
Inexprimablement mécontente
une tête par terre
subitement sortie d'un des géométriques dessins du tapis
une tête intransigeante à la face sévère
me regarde fixement
défaillances
dommages
Allongement
accroissement
irréductible extension
De tout, de tout maintenant
peut sortir l'étrange
Mangeant une orange
et si à mon tour j'étais mangé par l'orange ?
Stress plus qu'ivresse
Le bois éclate
Un jour comme celui-ci
les femmes se changent en salamandres
et les salamandres font signe
entre les braises rouges
Appuis. Réduits les appuis
Qu'est devenue l'existence de ma jambe ?
La vague qui m'empêche de penser...
Tout le temps maintenant qu'il me faut
pour arriver à conclure
La chambre n'est plus proportionnée à moi...
Sans défense dans un état incomposé
est-ce là l'état d'innocence ?
... nageant en vie désincarnée
Ah ! toutes ces interceptions
Dissolutions
dissolutions
.....
Les lignes qu'une main a tracées
que c'est surprenant !
L'autre à cœur ouvert
Son écriture que je respire...
De l'inconnu, d'emblée familier
son écriture
son écriture en mon âme
les lignes d'un manuscrit écrit il y a deux siècles
comme si, à l'instant même
elles sortaient de la plume
délivrées par l'esprit, qui en fait sur-le-champ
la découverte toute fraîche
Dérive, à nouveau dérive
tout versus néfaste
Je cesse de pouvoir m'appuyer
ma langue pend entre mille
Depuis quand est-ce que je dors dans un lit de pierres ?
Empêché de poursuivre ma ligne
n'importe quelle ligne
Millions de vagues de perplexité
Dissolution des distinctions
Pas claire, pas concluante
la différence entre une assiette
et un morceau d'orange pelée
Lire ?
Le sens sommeille
les voyelles à part dans les mots
pour la volupté,
pour l'œuf
obstacles à la lecture
Trop de tournants, les textes
Interceptions
interceptions
Quelqu'un d'invisible dans la pièce
au lieu de moi tente de dire son mot
espace
rapace espace
Le champ de l'intelligence se transforme
Voltage
Voltage élevé
Voltage augmente
Dansant
de plus en plus dansant
ce qui devrait être fixe
La lampe baisse
Mailles partout
on ne peut sortir des mailles
Personne ne le peut
Frissons
Pensée
Ah ! combien fâcheuse cette pensée,
pensée sûrement plus tard une cicatrice
Torsions
Torsions formidables
En grimaces insensées les visages écartelés
traits en tous sens
Un gros coffre ancien
part d'un éclat de rire énorme
Des multiplications
irrésistiblement des multiplications
La porte s'ouvre. Un Lapon entre
Clairière maintenant
où ?
Ah tous ces virages...
Dans la rue
Je vois avancer les trottoirs
un cheval va tomber sur moi
Notre-Dame oscille.
Pagayant brusquement
des négresses en pirogue
remontent la Seine
parlant Baoulé
Rentré.
Un chien près de la fenêtre
s'accroupit
pour m'observer à l'aise
Les causes, les conséquences
les commencements,
leur chaîne prolongée, prolongée jusqu'au plus lointain
indéfiniment
indéfiniment tourmenté par des mains
la chambre encore changée
Plus de chambre
un bâtiment vivant est penché sur moi
obnubilation
obnubilation
Ce froid d'âme...
le front frémit
Ramakrishna en personne est ici
Je vis sous ses yeux
Appel à tout lâcher
à me jeter dans la mer spirituelle
Fouaillant face à face
.....
Inacceptable !
Lui ou moi ?
Si je le regarde...
Non, non, il ne faut pas...
Loin de ma vue, je jette le livre inducteur
qui entraînait ma vie.
Choc en retour.
Chute
Je fus stupide peut-être
changeants carrefours
Pensées
La pensée, c'est une image éconduite
Clartés
Par trop de clartés, je perds prise
Redoublements
la machine joue contre moi
les mots à peine pensés
je les entends l'instant d'après repris
remis en route, en déroute
forts, bruyants
pour rien,
par jouvence soudaine
empoignés, par afflux soudain surgi
qui ne peut rester inemployé
Besoins insensés de multiplication
Voix en promenade
reçues au passage
Retentissement
retentissement
Sous chaque pensée, quel plancton !
La vie nouvelle du tactile
si étrange, si occupante, si réalisante,
Tout près
molle comme un linge
une grande tête m'accompagne,
m'observe
monstrueuse pourtant placide
Sur ma droite, une courbe
ressentie centuplée, la courbe,
de la monture d'un verre de mes lunettes
devenue l'arche d'un pont enjambant une rivière
où je me trouve, où il fait humide et froid
... où je frissonne
enjambements,
le phénomène des enjambements
dans les pensées, dans les filiations
universel enjambement
Avec le bruit de l'eau qui coule
tout ce qui coule
une brèche s'est ouverte dans ma chambre
immense en quelques instants
Des masses se convertissent en espace
Les niveaux de vérité ont changé
La baratte
la démoniaque baratte
.....
.....
Une lumière
Quelle lumière !
Une lumière presque inacceptable
Présence de l'entraîneur caché
Isaïe purifié par l'ange
Persistante poussée persévérante.
Dans le cœur une sorte de caresse
de grande caresse sans raison
si pleine, si pleine
... des abysses de caresses
« Dilataste cor meum »
« Dilataste cor meum »
c'est cela
cela même
à partir de cela, sûrement
Expansion à l'état pur
Importance
importance
importance cathédralisante
importance de tout
Plateau
plateau toujours plus haut
plateaux, encore plus hauts plateaux
La vague de terre qui se soulève
Quand va-t-elle
va-t-elle jamais retomber ?
émanation
animation
Un pouls
un autre
un pouls nouveau m'emporte
à part frappant un temps différent
souverain
C'est la voie, sûrement
je m'en remets à elle
Le meilleur du meilleur
je le capte
il faut que je le garde.
Qu'il continue
Un nouveau vibrato
tout agrandi, tout facile
La bienveillance, pas ce que je croyais,
sa force profonde
la bonté, c'est diriger des fluides
Étendue, étendue, nappes qui tout sous-tendent
Par les ondes de l'océan
qui se répand en mes instants
Par les ondes de cet océan
l'hérésie des distinctions submergée
Par les ondes de l'océan qui ne peut être sali
le souillé est éliminé,
Amplitude
amplitude différente
Je gagne le haut
je touche l'entrée
Cependant
un froid
un froid spécial a pénétré
fort, incorruptible à tout adoucissement
à tout affadissement.
Persuasion, en flots, en flots
Toutes les paroles viennent en apôtres
C'est fini, la chute des anges
La vie torrentielle
la vie sans fin a pénétré
Ce que j'aperçois
ce qui apparaît
ce qui se rencontre
tout tourne à l'illumination
Inondé de vérité
tout soulève
tout est véhicule
Libre d'opposition
de rivalité
Bannières
j'accepte leur bannière
à tous, à chacun
.....
Ah, cette cécité que j'avais...
.....
Le 04 avril 2022 à 10:47:11 :
J'ai bien aimé son voyage en grande Garabagne et son livre sur l'Asie.
Un barbare en Asie
Gallimard et leur collection de l'imaginaire, imbattable pour trouver des perles
Bon, ya aussi les éditions de l'arbre vengeur qui publie des trésors oubliés, hein
Données du topic
- Auteur
- SanctusRisitum7
- Date de création
- 4 avril 2022 à 10:17:54
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