Le rituel des « trois C » : café, clope, caca, le matin avant que le jour se lève c'est le meilleur moment de la journée. Et peut être le cancer, le « 4ème C ». Quand j'étais adolescent c'était plutôt « les trois P » : Pipi, Pago, et Pilon. Des cafés noirs bien serrés qui descendent par la glotte, suivis de quelques cigarettes, gitanes convertibles ou occasionnellement Dunhill Rouge, le tout en squattant mes toilettes que je n’ai jamais lavé depuis vingt ans que je vis ici. Je passe au moins trente minutes aux toilettes à réfléchir sur ma vie, ou à m'exciter en pensant à des scènes pornographiques. On résume : le petit noir, la gitane et l'étron, il manque la bande dessinée et la branlette et on est bon.
Le voisin du dessus, ou plutôt son RSAiste de trente ans a vraisemblablement le même rituel chaque matin. Il va aux toilettes en même temps que moi à 5h40, il débarque et urine, à chaque fois j'ai la sensation qu'il m’urine sur le visage. Moi je me lave l’anus en utilisant la méthode traditionnelle maghrébine « main + jet d'eau », lui doit utiliser du papier hygiénique ce sale porcelet tout rose. J'ai pensé à installer un Karcher sous le robinet à pleine puissance pour me le mettre dans l’anus. Mon voisin, lui et moi, nous avons les mêmes toilettes au même endroit, lui au-dessus de moi. Ce déchet lâche des putains de rots chaque matin et il crache par terre. Après il se met à chier c'est la Fête Nationale tous les matins. Parfois je me fais un déjeuner nordique ou smorgasbord : je mets de la Zubrowka dans un bol de chicorée café, pour l’effet stimulant de l’hydromel, et pour manger je vais généralement me chercher une ottomanite délice d'Orient à l’arabe du coin, en bas du grand ensemble, avant qu'il ferme à 6h45. Quoi de mieux franchement que de voir le soleil se lever tranquillement, d’entendre les oiseaux pépier et les voisins lâcher des grosses caisses. Tu roules tes cigarettes tranquillement pendant que ta jarre de café chauffe sur la gazinière Arthur Martin. Tu te poses sur le balcon avec tes cigarettes, ta cruche de café en écoutant le chant des oiseaux. Tu profites du calme avant que les autres esclaves se lèvent à leur tour, pensif, regardant à l'horizon, se remémorant ses rêves ratés de jeunesse
A ce moment tu commences à sentir la matière fécale se malaxer et taper à la porte de l’anus à chaque taffe de cigarette ou à chaque gorgée de café. Alors tu finis ton café et ta cigarette et tu vas enfin faire la crotte. Quand tu sors des toilettes tu commences à avoir ce sentiment de légèreté. Je ne fume pas pour me donner un genre, malheureusement comme 99% des gens j'ai commencé à cause de raisons personnelles : cela me faisait du bien vers 14 ans et j'ai continué pendant ces deux dernières décennies. C’est comme cela c’est chaque fois la recherche de cette sensation d'être relaxé pour oublier la douleur et puis le cercle vicieux de la nicotine s’installe petit à petit. Au bout d’un moment tu recherches tout le temps l'envie d'être relaxé, par ce petit cylindre toxique à souhait. Et puis arrive le moment où tu en deviens accro, à ce moment tu comprends que sans elle tu aurais été en dépression et à ce moment j'ai compris que je l'aimais. A ce moment j'ai compris qu'elle me détruirait. Mais bon, café et cigarette le matin : on pue de la gueule mais on se sent RÉVEILLÉ. Le cancer de bon matin cela n’a pas de prix, et lâcher des grosses flatulences sous la douche ça « passe crème » comme disait l'autre con, surtout les matins lors des hivers rigoureux quand ça « caille fort ». La suite, et bien on arrive plus à respirer mais on se sent CANCÉREUX. Il y a ceux qui font du sport le matin et ceux qui préfèrent détruit leur santé chacun son délire mais je respecte les sportifs. Hommage à Bukowski nonobstant.
