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GPA : au cœur d’une fabrique de bébés en Ukraine, berceau des derniers espoirs de couples
LE PARISIEN WEEK-END. Chaque année, des milliers de couples, notamment français, viennent en Ukraine pour faire appel à une mère porteuse. Gérées par des agences spécialisées, les gestations pour autrui (GPA) sont facturées autour de 40 000 euros. Mais dans ce secteur peu encadré, les dérives sont nombreuses.
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À l’hôtel Venice, en périphérie de Kiev, 18 bébés nés de mères porteuses attendaient, fin octobre 2021, l’arrivée de leurs parents. Certains depuis cinq mois. Les contraintes de quarantaine les empêchent de venir, selon Biotexcom. Anna Voitenko
À l’hôtel Venice, en périphérie de Kiev, 18 bébés nés de mères porteuses attendaient, fin octobre 2021, l’arrivée de leurs parents. Certains depuis cinq mois. Les contraintes de quarantaine les empêchent de venir, selon Biotexcom. Anna Voitenko
Par Stéphane Loignon, envoyé spécial à Kiev (Ukraine)
Le 7 janvier 2022 à 09h03
C’est un drôle de voyage qu’a entrepris Marc (le prénom a été changé). « Jamais je n’étais allé aussi loin », confie l’Héraultais de 48 ans, en cette fraîche matinée de l’automne dernier. La veille au soir, il a atterri à l’aéroport de Kiev, la capitale ukrainienne. Un chauffeur de Biotexcom, une agence de gestation pour autrui (GPA), l’a conduit jusqu’à un appartement loué par l’entreprise, où il a passé la nuit. Ce matin, à 8 heures, une autre voiture l’a déposé à la clinique, pour qu’y soit recueilli un échantillon de son sperme.
Sa mission accomplie, cet homme svelte au crâne dégarni, employé dans le bâtiment, boit un café dans le parc jonché de feuilles mortes qui jouxte les locaux de Biotexcom, trois édifices aux airs de manoir kitsch érigés sur une colline boisée au centre de Kiev. Il est venu seul. Sa femme, 48 ans elle aussi, atteinte d’une sclérose en plaques, est restée en France. « On a essayé pendant dix ans d’avoir un deuxième enfant, témoigne Marc, père d’un fils de 20 ans. Mais, avec la maladie de mon épouse, ce n’était plus possible, et on ne voulait pas adopter. »
Un reportage télé les convainc de faire appel à une mère porteuse et à une donneuse d’ovocytes en Ukraine. Ils sélectionnent cette dernière sur catalogue. « Celle qui ressemblait le plus à ma femme », précise l’époux. Le couple détermine aussi le sexe de l’enfant – une option payante. Ce sera un garçon. « Comme on en a déjà un, on a les affaires à la maison », justifie-t-il. Au total, leur rêve leur coûtera 50 000 euros. Un tarif qui inclut un nombre de tentatives illimité jusqu’à ce qu’ils aient un enfant, et moins de six mois d’attente avant le début de la procédure.
« On le fait pour que ça nous change la vie, lance Marc avec une pointe de mélancolie dans la voix. C’est plein d’espoir. » Dans quelques heures, les ovocytes de la donneuse seront fécondés par les spermatozoïdes du Français, puis mis en culture pendant cinq jours. Les embryons seront ensuite implantés – jusqu’à trois à la fois – dans l’utérus d’une mère porteuse choisie par Biotexcom, que le couple occitan ne rencontrera que dans neuf mois, en même temps que leur bébé, si tout se passe bien. « Allez, on y croit ! » lance Marc, avant de repartir pour l’aéroport.
Les profils des donneuses défilent à l’écran, comme sur un site de rencontres
Sur le parking, des berlines déposent à longueur de journée des hommes et des femmes devant la clinique ornée de drapeaux argentin, chinois, français, italien ou britannique, qui donnent une idée de la variété de la clientèle. « C’est le plus grand centre de GPA au monde », soutient Albert Tochilovsky, son fondateur et directeur. D’Ukraine, à tout le moins. « Entre 400 et 500 enfants voient le jour grâce à nous chaque année », évalue-t-il. Avant la pandémie, le chiffre tournait même autour de 700 à 800 bébés par an. Tous nés de mères porteuses mariées, en bonne santé et ayant déjà un enfant.
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« Nous manquons de candidates », confie de sa voix grave ce patron à la carrure imposante. Dans le hall du bâtiment réservé aux consultations, des couples européens ou asiatiques, ayant pour la plupart dépassé la quarantaine, croisent sous les néons des Ukrainiennes en leggings et chaussons, deux fois plus jeunes. Certaines viennent pour l’implantation d’embryons, d’autres pour une ponction d’ovocytes.
Dans son cabinet, la docteure Kristina Bozhok, qui attend elle-même un enfant – conçu de manière traditionnelle, indique-t-elle –, examine à l’échographe les ovaires d’une donneuse après cinq jours de stimulation hormonale : sept follicules (l’écrin du futur ovocyte) à gauche, cinq à droite. Soit douze ovocytes potentiels. Un chiffre standard pour une femme d’une vingtaine d’années, mais inatteignable pour beaucoup de clientes de l’agence. « Les donneuses doivent avoir moins de 29 ans et déjà un enfant, précise la docteure Bozhok. Nous analysons leur caryotype, afin de vérifier l’absence d’anomalies chromosomiques. »
Leurs profils, anonymes, sont publiés sur un catalogue disponible en ligne qui rappelle un site de rencontres. Des portraits de jeunes femmes souriantes, aux traits réguliers, sont accompagnés d’une vidéo de présentation et d’une fiche indiquant l’âge, la taille, le poids, la « race » (sic) et le niveau d’études. « Le physique est aussi un critère, admet le médecin, les couples choisissent notamment en fonction de cela. »
Pas d’âge limite pour les couples candidats
Au total, on estime entre 1 000 (depuis le Covid-19) et 4 000 (avant l’épidémie) le nombre de bébés qui voient chaque année le jour grâce à la GPA en Ukraine, les autorités locales n’effectuant aucun recensement. Depuis que le Népal et la Thaïlande, en 2015, puis l’Inde, en 2016, l’ont interdit aux étrangers, le recours aux mères porteuses, souvent accompagné d’un don d’ovocytes, a explosé dans le pays, qui offre cette possibilité depuis vingt ans exclusivement aux couples hétérosexuels et mariés.
Illégale en France et dans la majeure partie de l’Europe, la GPA est autorisée aux États-Unis, mais y coûte plus cher : de 100 000 à 150 000 euros, contre 40 000 euros pour la formule de base chez Biotexcom, et 10 000 euros de plus pour choisir le sexe. Selon Albert Tochilovsky, « 80 % des Chinois et des Arabes optent pour des garçons. Les Européens, plutôt pour des filles ». Quelle que soit l’option retenue, l’agence offre un nombre d’essais illimité. « Soit vous repartez avec un enfant, soit on vous rembourse », se vante le patron. Pas d’âge limite pour les candidats, il suffit d’un acte de mariage et d’un examen prouvant l’infertilité.
Cette promesse séduit nombre de couples, épuisés par des années de vaines tentatives de procréation. « Pour eux, c’est presque toujours la dernière chance », insiste l’une des coordinatrices francophones de Biotexcom, Katya. C’est elle qui s’est occupée de Virginie Porrachia. À 38 ans, cette cheffe d’entreprise des Yvelines, en couple depuis quinze ans, a eu un petit garçon grâce à une mère porteuse ukrainienne, il y a presque deux ans. Elle espère désormais avoir un second bébé de la même manière.
400bébés
voient le jour chaque année dans le centre Biotexcom
Biotexcom
« Quand j’ai arrêté la pilule à 32 ans, on s’est vite rendu compte qu’il y avait un problème », raconte-t-elle. Elle subit alors une opération des trompes, puis prend des cachets pour stimuler sa fertilité. « Ça n’a rien donné, et nous sommes vite passés à la fécondation in vitro, mais mon endomètre – la muqueuse utérine où se niche l’embryon – était quasiment inexistant. Sur les 17 embryons d’excellente qualité qu’on m’a implantés, j’ai fait deux fausses couches et une grossesse extra- utérine. En tout, ça a duré quatre ans », résume-t-elle sans vaciller. Le couple envisage alors l’adoption au Cap-Vert, dont est originaire le mari de Virginie.
On y est allés, mais adopter là-bas est un parcours du combattant », commente cette dernière. En parallèle, elle fait des recherches sur les mères porteuses et tombe sur un groupe Facebook où d’autres femmes stériles évoquent leur expérience en Ukraine, chez Biotexcom. L’idée fait son chemin. Sa dernière fausse couche achève de la convaincre. La Française fournit à l’entreprise ses ovocytes, fécondés par les spermatozoïdes de son mari, mais c’est Natalia, 42 ans, déjà maman de deux enfants, qui porte le bébé. Elles se rencontrent pour la première fois à Kiev lors de l’échographie des cinq mois – c’était avant le Covid-19, depuis, ce n’est plus possible avant la naissance. « Le taxi nous a déposés à la clinique, je l’ai aperçue et on est tombées dans les bras l’une de l’autre, sans un mot, c’était fou, extrêmement fort, se souvient Virginie dans un sanglot. C’est la personne qui m’a fait le plus beau cadeau de ma vie. » Deux ans plus tard, les deux femmes sont restées amies. Thomas, le fils de Virginie, est « encore petit pour comprendre, mais je lui en parle », insiste sa maman, qui a ajouté des photos de Natalia à l’album de famille.
« Je ne sais pas comment je vais réagir »
Inna, 22 ans, attend un petit garçon commandé par un couple français. Une première pour elle. La jeune femme redoute le moment des adieux au bébé.
Inna, 22 ans, attend un petit garçon commandé par un couple français. Une première pour elle. La jeune femme redoute le moment des adieux au bébé. Anna Voitenko
Pour les mères porteuses, c’est avant tout une question d’argent. De sa voix douce, Alessia, 41 ans, mère d’un fils de 23 ans et d’une fille de 11 ans, l’évoque sans fard. Il y a deux ans, cette femme rousse aux yeux azur, originaire d’un village de l’est du pays, a accouché de jumeaux pour un couple chinois. Désormais enceinte pour un ménage français, elle est venue à la clinique passer l’échographie de la douzième semaine. « La première fois, je l’ai fait pour m’acheter un logement. Là, c’est pour aider mon fils à acquérir le sien, annonce-t-elle. C’est impossible avec ma paye de couturière. » Elle gagne 6 000 hryvnias par mois, soit 200 euros. Pour cette naissance, elle va toucher 16 000 euros, selon Biotexcom. Presque sept années de salaire.
La mère de famille a hésité avant de se lancer, craignant les commérages. À raison. « Il y a deux ans, quand je suis rentrée de Kiev sans bébé après l’accouchement, on m’a posé des questions », glisse-t-elle. Alessia a déprimé pendant un mois, avant qu’une amie la réconforte : « Elle m’a rappelé que j’avais aidé d’autres parents, c’est devenu plus facile. » Son mari et sa famille la soutiennent. Depuis qu’elle a appris qu’elle était à nouveau enceinte, la mère porteuse se caresse souvent le ventre. Même si elle a pleuré après avoir accouché des jumeaux, elle ne craint pas la séparation avec ce bébé. « Je ne me vois pas comme sa mère », répète-t-elle.
De son côté, Inna, 22 ans, redoute un peu le moment, imminent, des adieux au petit garçon qu’elle porte depuis plus de huit mois pour un couple français. Une première pour elle. « Je ne sais pas comment je vais réagir », admet cette blonde aux cheveux longs et au visage poupin. Déjà maman de deux enfants de 3 et 6 ans, elle a répondu à une annonce sur Facebook il y a un an, séduite par la quinzaine de milliers d’euros promis. Après trois mois de piqûres de progestérone pour favoriser la grossesse, elle est tombée enceinte au second transfert d’embryons. Depuis, tout se déroule sans heurts. Elle ne parle pas à haute voix au bébé qui grandit en elle. Juste un peu, dans sa tête. « Je ne veux pas trop m’attacher à lui », confie- t-elle. Ce n’est pas comme avec ses enfants, qu’elle a dû laisser à son mari, dans leur village non loin de la capitale. Depuis sept semaines, Inna vit à Kiev, dans un appartement de Biotexcom, avec quatre autres mères porteuses. L’ambiance est bonne dans cette étrange colocation, assure Inna, mais elle a hâte de retrouver sa famille.
Pénalités, photos bidon et mariages blancs
Ce séjour à proximité de la clinique, requis à partir de la 32e semaine de grossesse, est l’une des nombreuses obligations auxquelles ces femmes sont astreintes. Une fois leur accord donné, elles perdent tout droit sur l’enfant et acceptent de se présenter aux rendez-vous médicaux fixés par les médecins de l’agence, de suivre les traitements prescrits et de renoncer à l’alcool et à la cigarette, au risque de pénalités financières.
En Ukraine, aucune loi spécifique n’encadre la GPA. Il faut s’en remettre aux contrats, souvent désavantageux pour les mères porteuses. « Beaucoup voient un panneau publicitaire dans leur village, signent sans savoir qu’il existe plusieurs agences proposant des conditions différentes, et se rendent compte trop tard que quelque chose cloche », explique Svitlana Sokolova.
Cette rousse souriante de 38 ans, qui attend elle-même une petite fille pour un couple ukrainien, a créé il y a trois ans l’association Le Pouvoir des mères, pour conseiller ses homologues. « Certaines paient des amendes car elles ont voyagé et quitté un temps leur ville alors qu’elles n’en avaient pas le droit, d’autres se plaignent de l’hébergement dans des appartements de Kiev qu’elles occupent en fin de grossesse avec des femmes comme elles, rendues nerveuses par les hormones et avec lesquelles il faut partager un unique cabinet de toilette », énumère-t-elle. Leur situation vire parfois au drame.
Chaque année, l’association féministe La Strada reçoit une centaine d’appels de détresse. L’avocate de l’ONG, Yuliia Anosova, évoque le cas d’une femme qui, après avoir été soumise à une intense stimulation hormonale, a voulu refuser l’insémination, à quelques jours de l’échéance. « Mais c’était impossible, car elle aurait dû payer une amende, relate l’experte. Nous lui avons alors recommandé de se faire examiner, et on lui a découvert un cancer, possiblement lié aux traitements pour multiplier les chances de tomber enceinte. » Le processus a pu être interrompu.
Les problèmes susceptibles de survenir durant une grossesse ne sont pas toujours anticipés. « Une mère porteuse ayant rempli toutes ses obligations nous a appelées après avoir perdu le bébé, nous lui avons conseillé de réclamer une compensation, continue Yuliia Anasova. L’agence a payé 2 000 euros pour éviter le procès. » Parfois, des familles étrangères se retrouvent, elles aussi, dans des situations inattendues. Il y a deux ans, l’avocat spécialisé en droit médical Sergii Antonov a défendu un couple de Français : « Ils sont noirs et ont choisi une donneuse d’ovocytes noire, payant l’agence en question plus cher pour cela. Mais leur bébé est né blanc. » Sur le catalogue, la photo de la donneuse était fausse. Une image récupérée sur Internet. « Ils sont quand même repartis avec le petit », précise l’avocat, à toutes fins utiles.
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Dans le secteur, les dérives sont nombreuses, le patron de Biotexcom en convient. « Des cliniques proposaient des mariages blancs aux hommes célibataires, pour leur permettre de faire appel à une mère porteuse, puis les pères repartaient seuls avec l’enfant », dénonce Albert Tochilovsky, faisant allusion à un réseau criminel démantelé cet été, qui facturait 53 000 euros le bébé et les faux documents. « Nous, nous respectons la loi, insiste-t-il, nos programmes s’adressent aux couples mariés composés d’un homme et d’une femme. »
trepreneur a été poursuivi en 2018 pour trafic d’êtres humains, faux document et évasion fiscale. L’enquête a été abandonnée depuis. « Ces accusations étaient sans fondement », balaie-t-il.
Dix-huit bébés attendent leurs parents, coincés en Chine à cause du Covid-19
D’autres polémiques ont suivi. Cet été, des parents chinois ont refusé de venir récupérer leur bébé né prématuré, qui souffrait de graves problèmes de santé. « Il est encore en réanimation, sous ventilation artificielle, il faudrait un avion spécial pour le ramener », souligne Albert Tochilovsky. Ce genre de situation n’est pas unique. « C’est très rare, mais il y a des cas », admet-il. Les enfants sont alors placés, comme cette petite fille née grande prématurée il y a trois ans et accusant un retard de développement. Ses parents californiens ne sont jamais venus la chercher. Elle vit depuis dans un orphelinat du sud-est de l’Ukraine. « J’ai eu une dizaine d’affaires de ce genre, concernant des familles chinoises qui ne sont pas venues, parfois parce que le couple a divorcé, ou parce qu’ils sont malades, affirme l’avocat Sergii Antonov. La plupart finissent par arriver, parfois six mois après la naissance », ajoute-t-il.
Les contraintes sanitaires liées à la pandémie compliquent aussi les déplacements des couples, même ceux de bonne volonté. En mai 2020, en plein confinement mondial, Biotexcom a publié sur les réseaux sociaux une vidéo d’un salon d’hôtel transformé en nurserie, où une centaine de nourrissons attendaient depuis plusieurs semaines leurs parents, originaires du monde entier et bloqués aux frontières. Le scandale a permis de débloquer la situation et des autorisations de voyage ont été délivrées.
« On a résolu ce problème », prétend Albert Tochilovsky. Faux, comme nous l’avons constaté à l’hôtel Venice, en périphérie de Kiev. Au 1er étage de cet établissement en briques entouré de barbelés, où séjournent les familles étrangères qui attendent la sortie de leur enfant de la maternité ou la régularisation de leurs papiers à l’ambassade, des pleurs de nourrissons percent à travers une porte de bois brun. Sur celle-ci, une petite affiche indiquant « Baby room » (pouponnière) a été collée. Derrière, dans une pièce décorée comme une salle de bal, ornée de lustres en verre, de faux bougeoirs et, au sol, couverte d’une moquette à fleurs de lys, 18 bébés chinois attendent dans des berceaux en plastique. Les contraintes de quarantaine empêchent leurs parents de venir, selon Biotexcom. Le plus jeune est né il y a trois jours. Le plus âgé a 5 mois. Six infirmières s’occupent d’eux en permanence, sous l’autorité d’un pédiatre, Bogdan.
Dans ce concert de sanglots, ce grand blond au visage rond tente de se montrer rassurant. « Tous vont bien, aucun n’est malade », insiste-t-il. Selon lui, ce n’est pas un problème que ces nourrissons grandissent loin de leurs parents : « Jusqu’à 5 mois, la distance n’a pas d’importance, et ils ne reconnaissent pas votre visage avant l’âge de 2 mois. » Il existe pourtant un syndrome, l’hospitalisme, dont souffrent les enfants qui grandissent sans l’amour dont ils ont besoin, et qui se traduit par un état dépressif. La plupart des parents chinois parviennent toutefois à faire le voyage, comme ce couple que nous croisons, un paquet de couches à la main. Leur bébé est encore à la maternité, pensent-ils, ils espèrent bientôt le rencontrer. À l’accueil de l’hôtel, justement, un heureux événement les attend.
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- JarreDeCupidite
- Date de création
- 5 mars 2022 à 01:29:15
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