Le miracle chrétien en Europe fut le résultat de la synthèse heureuse entre un certain type de corps, et un système de valeur neuf. Le Moyen-Âge européen fut l'alliage du corps vigoureux des Celtes et des Germains – forgé dans la violence et la résistance à un environnement hostile – et d'une foi nouvelle venue sublimer ces corps. Nos ancêtres de ces temps-là étaient certes exaltés par Dieu, mais il tiraient surtout de lui une tempérance salutaire. C'est toute leur nature brutale, belliqueuse, conquérante et héroïque que la Tradition catholique ennoblissait.
Les périodes suivantes virent l'Europe s'éveiller de nouveau, et progressivement, au génie qui fut jadis celui des Grecs et des Romains. La vigueur, épurée par la Tradition et ses objets mais toujours présente bien que diminuée en vis-à-vis de son existence première – et brute –, se projetait vers des catégories nouvelles. L'art et la science s'y développèrent massivement et l'on vit, quelques temps, une nouvelle synthèse se normaliser : celle d'une autre essence humaine, plus sage, et d'une foi qui jouait cette fois le rôle de former un imaginaire supérieur qui tende les âmes humaines vers une quête toujours plus motivée d'infini.
Le christianisme a brillé parce que son réceptacle le lui a permis. Très visiblement, il a levé toutes les conditions à la perpétuation d'une sélection rigoureuse des corps, et laissé dégénérer ceux-ci. Nous sommes devenus moins immédiatement vigoureux, mais plus subtils, et sages. Et grâce à cette sagesse, nous avons encore accentué ce que les christianisme avait déjà entamé de transformations tout-à-fait fondamentales de nos corps par l'exercice de la science.
Si le christianisme fut la première étape de contrôle de nos pulsions barbares et grégaires, la science en fut la deuxième. Et chaque fois, nous avons payé notre confort acquis de l'appauvrissement de nos corps. Aujourd'hui toute vigueur, sauf cas excentriques, a largement quitté notre peuple. Nous ne sommes plus vigoureux, et cessons même d'être sages. Du diamant brut, magnifié par la taille, il ne demeure presque plus rien sinon quelque poussière.
Faites revenir cette fameuse Tradition catholique dans la France d'aujourd'hui et il n'en émergera rien. Sinon les pires aspects. Pour les mêmes raisons qui nous poussèrent jadis à l'abandonner.
Les composants uniques qui permirent cette synthèse sont à jamais perdus. Ce moment de l'Histoire ne se répètera ni dans notre temps, ni dans notre lieu. La France mais aussi l'Europe, elles, sont condamnées.