L'avortement est un meurtre que ça lui plaise ou non. Et par "meurtre" j'entends "homicide", soit la fin de la vie d'un être humain provoquée par un autre être humain.
Partant, j'ai deux choses à démontrer : que l'enfant à naître est un être humain, et qu'il est vivant.
Il ne fait aucun doute que le fœtus est bien un être humain. Être à un stade de développement différent ne signifie pas appartenir à une espèce différente. La rose n'est pas moins une rose avant d'avoir éclot. Le louveteau n'est certes pas un loup, mais il est bien un canis lupus. De même, le fœtus étant destiné à devenir un homme, il ne peut être qu'homo sapiens ; un être ne saurait changer d'espèce en se développant. Les gens qui tentent de nier la qualité d'Homme à un fœtus sont des hypocrites : vous ne les verrez jamais dire à une femme heureuse de sa grossesse que son enfant est un parasite dont elle doit se débarrasser. L'humanité du fœtus est dépendante à leurs yeux de la volonté arbitraire de la mère. Cette position est illégitime de par son incohérence.
On pourrait penser que démontrer que le fœtus est vivant est une tâche ardue. Beaucoup d'opposants à l'avortement se résignent d'ailleurs à dire qu'on ne sait pas quand la vie apparaît, et qu'on ne peut donc pas prendre le risque d'y mettre fin. Pourtant, comme son humanité, la vie du fœtus est indéniable. Il y a trois états de "non-vie" : la non-existence, la mort, et l'existence sans vie. Les deux premiers s'expliquent aisément. Mon fils n'est pas vivant, car il n'existe pas. Mes grands-parents ne sont pas vivants, car ils ne sont plus vivants. Le troisième est plus problématique. Comment distinguer l'existence vivante de l'existence sans vie ? Qu'est-ce qui rend le chêne vivant et pas le rocher ? Le critère qui permet de distinguer la vie de la non-vie est ce que j'appellerai la croissance. Notion en réalité plus vaste, elle regroupe l'ensemble des transformations qui affectent un être, mais qui sont le produit de l'être lui-même plutôt que de facteurs extérieurs. Sous cette définition, les trois états de non-vie se rejoignent. Mon fils n'existant pas, il ne peut croître. Les changements qui affectent mes grands-parents depuis leur décès (i.e. la décomposition) sont bien le produit d'acteurs externes (les bactéries et autres engeances de la nature). Enfin, si le rocher subit lui aussi des transformations (notamment l'érosion), elles aussi sont dues à des éléments extérieurs au rocher lui-même (vent, pluie, etc). Le fœtus rentre de fait sans conteste dans le vivant, car il croît bien par lui-même. On pourrait m'avancer que la croissance du fœtus est provoquée par la mère. Je répondrais que la mère n'est pas responsable de la croissance du fœtus, seulement de son alimentation. Tous les êtres vivants sont dépendants de facteurs externes assurant leur alimentation : le chêne requiert certes des minéraux de la terre et l'énergie lumineuse du Soleil pour croître, mais la terre ou le Soleil ne sont pas pour autant responsables de la croissance du chêne.
Il apparaît évident que l'enfant est dès la conception un être humain vivant. Ne vous laissez pas en douter. La question n'est pas "L'avortement est-il la mise à mort d'un être humain ?" mais "La mise à mort d'un être humain que représente l'avortement est-elle morale ?", question à laquelle ma réponse est déjà bien tranchée.
CQFD. La leçon est terminée.