Quand j'étais un Golem,
Quand j'étais insouciant
je disais des poèmes
je vivais en chantant
trop naif, trop simplet
je m'étais, je croyais
entouré des amis,
de famille et aussi,
du grand amour, du vrai
trop naif, trop simplet
moi je t'aime donc tu m'aimes
lui lançais-je en poème
quand j'étais un golem
Au printemps un matin,
iphone entre les mains
Je lisais l'oeil mouillant
les dernières statistiques
du virus, des variants
et leurs effets tragiques
pétrifié par la peur
je fus interrompu
par un son de vibreur,
un message impromptu,
d'un ami de longue date
longtemps perdu de vue
Ni bonjour ni salut,
seul un lien sur l'écran
A l'époque si seulement
j'avais été prudent.
Après avoir cliqué
je me suis retrouvé
sur un site farfelue
et en guise de bienvenue
on m'appela "shill" et même,
"frenchdreamer" et "golem".
Irrité par ces mots,
j'en demandai le sens,
on me prit pour un sot
et pour laver l'offense,
je restai sur le site
et compris par la suite,
que mes antagonistes
étaient des complotistes.
Ma tristesse du matin
se transforma soudain,
en haine et en colère
je ne me laisserai pas faire.
Décidé à sévir
je me mis à écrire,
expliquant point par point
le pourquoi du comment
le danger des variants
la contamination,
la troisième injections
le port du masque dehors
les montagnes de morts.
Avec ces arguments
j'espérais également,
en convaincre certains
car moi le bienveillant
je ne voulais que la paix
et tout le monde vaccinés.
Les insultes ont fusées
comme un raz de marée.
Ces gens disaient de moi
que j'étais l'homme soja
mais parmi les messages,
des arguments sérieux,
statistiques et chiffrages
que je lisais anxieux.
C'est un problème de taille
dans ma logique une faille.
Pouvais-je donc avoir tort?
sentis-je un doute éclore.
Je fus pris d'insomnie
de fièvre et d'anémie,
quand enfin je fis part
à ma compagne un soir
de ma perte de foi
et de mon désarroi.
"Le vaccin sauve des vies"
me dit-elle agacée
la discussion lancée
une querelle s'ensuivit
voilà qu'elle me servit
comme moi auparavant,
des arguments branlants
que je déconstruisis.
Elle partit en furie
De mon lit, de ma vie.
Me voilà aujourd'hui,
sans famille, sans ami
et comme une pénitence
j'ai perdu l'insouciance,
je suis triste et aigri
car je ne me nourris
plus que de pilules rouges
parfois, me réveillant,
avant que je ne bouge,
rêve à ma vie d'antan,
couché sur mon divan,
Les yeux sur BFM,
quand j'étais insouciant,
quand j'étais un Golem.
gégé kheyou
