J'ai l'impression d'être le seul à voir cette contradiction et pourtant, il y a pour moi là un dangereux problème dans la lutte visant à normaliser le changement de sexe.
Cette lutte prend comme prémisse l'idée d'une société libérée des stéréotypes de genre. Or qu'est-ce que le genre ? Le concept de genre, à la différence du sexe, caractérise l'identification des individus à des valeurs (manières d'être, de penser) associées aux sexe : typiquement ce qu'on nomme masculinité ou féminité.
La théorie du genre postule que ces valeurs sont principalement acquises : en d'autres termes, les différences cognitives et comportementales entre filles et garçons sont le fruit d'apprentissages et ne sont pas innés.
À partir de cette base, comment penser le fait pour un individu de ne pas s'identifier aux normes associées à son sexe ? Et de quelles normes parle-t-on ? Parle-t-on des stéréotypes de genre tant rejetés par ces mêmes mouvements ? Dès lors, considérer que seul un individu de sexe masculin peut s'identifier au genre masculin ne revient-il pas à essentialiser le genre ?
En considérant que seul le changement de sexe est possible pour permettre à l'individu de s'épanouir dans son identité, c'est bien ce qu'on fait : on essentialise le genre.
Ne faudrait-il pas plutôt changer la société ? C'est-à-dire faire en sorte de l'affranchir des stéréotypes de genre ? Plutôt que de les confirmer en promouvant de telles pratiques ?
Ainsi, des individus de sexe masculin pourraient s'identifier sans problème à un genre féminin et inversément pour les individus de sexe féminin. On pourrait même imaginer une infinité de genres.