Toi qui veux femme choisir,
À plaisir,
Si ta belle te demeure,
Des amis de ses beaux yeux
Curieux,
Te viendront voir à toute heure.
Si tu mets en ta maison,
Sans raison,
La laide et mal gracieuse,
Elle qui rechignera,
Te sera
Toute sa vie ennuyeuse.
Si de force dépourvu,
Tu as eu
La femme jeune et féconde,
C’est un cheval, pour soudain,
Comme un daim,
Te porter en l’autre monde.
Si tu veux par fol désir
Te saisir
De la vieille jà chenue,
Tu regretteras toujours
Les beaux jours
De ta jeunesse perdue.
Si tu veux la riche avoir,
Son avoir
La rendra bien si rebelle,
Qu’elle te méprisera
Et dira
Que tu ne vivrais sans elle.
Si la pauvre tu attends,
Le bon temps,
Chez-toi, n’arrêtera guère ;
Pauvreté par désarroi,
Tire à soi
Toute sorte de misère.
Si d’avarice surpris,
Tu as pris
Une femme fausse et fière
Tu t’es mis la corde au col,
Comme un fol,
Qui se noie en la rivière.
Mais toi qui par ton savoir,
Dis avoir
Femme belle et bonne ensemble ;
Ô beau Phénix devenu,
Cher tenu,
Heureux est qui te ressemble!
Claude Mermet