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kess-147
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Je me sens plus en sûreté auprès d'un Pyrrhon que d'un Saint Paul, pour la raison qu'une sagesse à boutades est plus douce qu'une sainteté déchaînée. Dans un esprit ardent on retrouve la bête de proie déguisée: on ne saurait trop se défendre des griffes d'un prophète… Que s'il élève la voix, fût-ce au nom du ciel, de la cité ou d'autres prétextes, éloignez-vous en: satyre de votre solitude, il ne vous pardonne pas de vivre en deçà de ses vérités et de ses emportements: son hystérie, son bien, il veut vous le faire partager, vous l'imposer et vous défigurer. Un être possédé par une croyance et qui ne chercherait pas à la communiquer aux autres est un phénomène étranger à la terre, où l'obsession du salut rend la vie irrespirable. Regardez autour de vous: partout des larves qui prêchent; chaque institution traduit une mission; les mairies ont leur absolu comme les temples; l'administration, avec ses règlements, - métaphysique à l'usage des singes… Tous s'efforcent de remédier à la vie de tous: les mendiants, les incurables même y aspirent: les trottoirs du monde et les hôpitaux débordent de réformateurs. L'envie de devenir source d'événements agit sur chacun comme un désordre mental ou comme une malédiction voulue. La société - un enfer de sauveurs! Ce qu'y cherchait Diogène avec sa lanterne, c'était un indifférent.
Il me suffit d'entendre quelqu'un parler sincèrement d'idéal, d'avenir, de philosophie, de l'entendre dire «vous» avec une inflexion d'assurance, d'invoquer les «autres» et s'en estimer l'interprète - pour que je le considère comme mon ennemi. J'y vois un tyran manqué, un bourreau approximatif, aussi haïssable que les tyrans, que les bourreaux de grande classe. C'est que toute foi exerce une forme de terreur, d'autant plus effroyable que les «purs» en sont les agents. On se méfie des finauds, des fripons des farceurs; pourtant on ne saurait leur imputer aucune des grandes convulsions de l'histoire; ne croyant en rien, ils ne fouillent pas vos cœurs, ni vos arrière-pensées; ils vous abandonnent à votre nonchalance, à votre désespoir ou à votre inutilité; l'humanité leur doit le peu de moments de prospérité qu'elle connut: ce sont eux qui sauvent les peuples, que les fanatiques torturent et que les «idéalistes» ruinent. Sans doctrine, ils n'ont que des caprices et des intérêts, des vices accommodants, mille fois plus supportables que les ravages provoqués par le despotisme à principes; car tous les maux de la vie viennent d'une conception de la vie. Un homme politique accompli devrait approfondir les sophistes anciens et prendre des leçons de chant; - et de corruption…
Le fanatique, lui, est incorruptible: si pour une idée, il peut tout aussi bien se faire tuer pour elle; dans les deux cas, tyran ou martyr, c'est un monstre. Point d'êtres plus dangereux que ceux qui ont souffert pour une croyance: les grands persécuteurs se recrutent parmi les martyrs auxquels on n'a pas coupé la tête. Loin de diminuer l'appétit de puissance, la souffrance l'exaspère; aussi l'esprit se sent-il plus à l'aise dans la société d'un fanfaron que dans celle d'un martyr; et rien ne lui répugne tant que ce spectacle où l'on meurt pour une idée… Excédé du sublime et du carnage, il rêve d'un ennui de province à l'échelle de l'univers, d'une Histoire dont la stagnation serait telle que le doute s'y dessinerait comme un événement et l'espoir comme une calamité.
ça ferait quel effet vous croyez ?
ça fait un peu cringe ?
Insoutenable
Le 19 octobre 2021 à 11:22:16 :
Insoutenable
pourquoi ?
AUCUNE personne ne lira ce pavé de 10kms, moi compris. Alors oublie.
Le 19 octobre 2021 à 11:23:55 :
AUCUNE personne ne lira ce pavé de 10kms, moi compris. Alors oublie.
J'ai écrit ça ce matin en me branlant moi.
Je vais l'envoyer
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Données du topic
- Auteur
- kess-147
- Date de création
- 19 octobre 2021 à 11:16:36
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