A Sciences Po, l'élection du directeur vire au psychodrame
Notre interlocuteur se souvient alors qu'il est lui-même adhérent du Siècle et qu'il a reçu, comme chaque année, l'annuaire exhaustif de ses membres. Le voilà à la recherche de l'information : "T, U, V... Vicherat ! Danone, ex-directeur général-adjoint de la SNCF... Mairie de Paris... C'est bien lui ! Il est au Siècle. Bon, c'est toujours l'entre-soi, quoi".
Réduire le parcours de Mathias Vicherat à son appartenance à un club parisien ferait probablement bondir - à raison - l'intéressé. D'autant qu'il n'est pas réputé proche de Mion, Duhamel ou Guillaume. Le réflexe de notre "grand électeur" raconte toutefois dans quelle atmosphère l'élection se prépare. Déformation professionnelle oblige, les hauts-dirigeants de l'école ne cessent d'échafauder des scénarios et... de tenter de déceler les réseaux des candidats. Des travaux pratiques grandeur nature dans l'école des sciences du pouvoir. Selon nos informations, le projet de Vicherat est très apprécié par certains membres de la commission de proposition, chargée de déterminer une "short list" des trois ou quatre candidats les plus sérieux. Dans son courrier de dix pages, l'ancien haut-fonctionnaire met l'accent sur l'importance des levées de fonds, de la formation continue, salue les réformes des concours engagées et propose de rendre obligatoire le suivi d'un enseignement lié au genre.
Bénédicte Durand a elle l'avantage d'occuper actuellement le poste de directrice par intérim, après avoir été numéro deux de Frédéric Mion. Une expérience qui donne une crédibilité à sa qualification pour la "phase finale", à savoir une audition et un vote du "Parlement" de Sciences Po, d'un côté le Conseil de l'Institut, composé de trente-deux membres, dont neuf enseignants et neuf étudiants (dont un doctorant), de l'autre, la FNSP, qui a la particularité de statuer à la majorité des deux-tiers. Si les deux conseils ne se mettent pas d'accord sur le même nom, de nouvelles auditions et votes sont organisés. Et si le désaccord demeure, il faut relancer toute la procédure.
"Ils veulent la dégager"
Dans son projet de candidature, l'administratrice provisoire insiste sur le développement de la formation continue et le doublement du nombre d'étudiants recrutés en apprentissage. Seulement, ces derniers jours, un frisson parcourt le camp Durand. "Il se dit de plus en plus que Bénédicte pourrait être sortie de la liste avant les conseils. Ils veulent la dégager à tout prix !", frémit un de ses soutiens. "Ils", ce sont les enseignants de la faculté permanente représentés dans les instances. En plus de faire campagne pour Christine Musselin, beaucoup rêvent de faire mordre la poussière à l'actuelle administratrice, une agrégée d'histoire à qui ils reprochent pêle-mêle de ne pas suffisamment les soutenir, de manquer d'envergure et, parfois, d'être trop proche de la droite - elle a été conseillère de Valérie Pécresse. Or, certains observateurs font l'analyse que si Bénédicte Durand passe le cap de la "short list", elle a des chances de l'emporter au conseil de l'Institut, où elle bénéficie de divers soutiens, notamment de plusieurs représentants salariés. D'où l'option de l'écarter avant les votes, les 9 et 10 novembre prochains.
D'ailleurs, ce mardi 12 octobre, malgré les plus grandes réticences de la direction des affaires juridiques, les règles de scrutin pour l'élection du directeur ont été changées. Alors que tous les votes au Conseil de l'Institut s'effectuaient jusqu'à présent à la majorité simple - le premier l'emporte - la nouvelle procédure prévoit un système de qualification pour le second tour sur le modèle de l'élection présidentielle française. Les deux premiers s'affrontent en duel. Un choix qui permet théoriquement de faire se mesurer au premier tour des candidats aux profils proches avant de se reporter sur le premier d'entre eux au second tour. Seul le représentant du syndicat étudiant Nova a refusé de voter pour cette modification.
Metzger, le baron noir
"Changer les règles alors que le concours est en cours... La procédure est morte", commente un dirigeant de l'école. Pour faire invalider le concours, il faudrait d'abord qu'un candidat mécontent dépose un recours. Dans les couloirs, tout le monde a le même nom en tête : Nicolas Metzger, ex-président du conseil de l'Institut, éconduit dès le premier écrémage. Cet entrepreneur, ancien administrateur du Sénat, perd rarement une occasion de tempêter contre l'entre-soi de l'école. "Il est complètement obsessionnel, limite dangereux", soupire un haut-dirigeant de l'établissement. Une posture d'incorruptible qui lui vaut de nombreuses inimitiés mais aussi des soutiens, au point que plusieurs sources le présentent comme le "baron noir" de l'IEP. Contacté, il ne nous dit pas s'il compte attaquer le concours mais nous livre cette réponse : "Il faut passer toute la gouvernance de Sciences Po au kärcher".
Parmi les prétendants toujours en lice, Pierre-Paul Zalio, le président de l'ENS-Paris Saclay et le conseiller d'Etat Edouard Geffray, actuel directeur général de l'enseignement scolaire, qui n'a en revanche aucune expérience dans l'enseignement supérieur, font figure d'outsiders. Feront-ils partie de la fameuse "short list", qui doit être annoncée mercredi 20 octobre ? Un ex-dirigeant de l'établissement, bien introduit dans les arcanes, rigole : "Ça se jouera aux médias ! Si la presse parie sur trois candidats auditionnés, ce sera quatre, et s'ils disent quatre, ce sera trois. La commission veut donner une leçon à la méchante presse". Le 23 septembre, ce tableau déjà compliqué a en effet basculé dans l'irrationnel et le psychodrame. Ce jour-là, quelques minutes après le début de la réunion de la commission de proposition, ses membres découvrent sur leur téléphone portable que News Tank, un site spécialisé dans le monde de l'éducation, vient de publier les noms et projets des vingt-trois candidats. Le tout alors que la procédure est censée rester strictement confidentielle.
"Nous avons décider de porte plainte"
"Nous avons décidé de porter plainte pénalement et d'approfondir l'enquête pour identifier avec certitude l'origine de cette divulgation", ont écrit les deux co-présidentes de la commission de proposition, Laurence Bertrand Dorléac, la présidente de la FNSP, et Jeanne Lazarus, dans un courrier adressé aux candidats, le 29 septembre. Selon nos informations, le représentant étudiant de la commission a été soupçonné et interrogé par la direction des systèmes d'information de Sciences Po, laquelle affirmait avoir pris contact avec l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi), chargée de veiller à la sûreté informatique en matière de défense et de sécurité nationale, et avec une entreprise de cybersécurité. Puis, les services informatiques se sont rendus compte qu'il n'y était pour rien. A défaut d'identifier la ou les "taupes", la commission défend désormais la thèse du piratage informatique de l'extérieur. Une source se gondole : "Ils ne veulent tellement pas envisager les fuites qu'ils élaborent tout un scénario de piratage. C'est insensé !".
"Question de principes"
Un autre rebondissement a agité le Landerneau : à la surprise générale, Anne-Sophie Barthez, la directrice générale de l'enseignement supérieur, fonctionnaire numéro un du ministère et ex-présidente de la communauté d'universités Paris-Seine, a été immédiatement écartée. Elle figurait pourtant parmi les favoris des "sciencepologues". Une source proche du dossier raconte : "C'était une question de principes, soulevée par les professeurs. Anne-Sophie Barthez a été la représentante du ministère au conseil d'administration de la FNSP. Elle ne peut en même temps être candidate à la direction de Sciences Po". Cette règle ne figure dans aucun texte, d'ailleurs le représentant du ministère n'a aucune voix à la FNSP, il a simplement le droit d'assister aux débats. Surtout, cette position fait sourire ceux qui se rappellent qu'au début du printemps, Laurence Bertrand Dorléac a fait partie du jury ayant rejeté la candidature de Nonna Mayer à la présidence de la FNSP, six jours avant de devenir elle-même candidate.
Le 11 novembre 2021 à 06:20:31 :
c'est pas l'ex-ex directeur qu'avait été retrouvé mort dans une chambre d'hôtel après s'être apparement auto-strangulé en se branlant ?
Non, ça c'était Richard Descoings.
Le 11 novembre 2021 à 06:12:27 :
Quelle école de merde, on se demande ce qu'ils y apprennent.
C'est hallucinant le ressentiment contre cette école...
Le 11 novembre 2021 à 06:17:41 :
science po ce repere de gauchiste woke anti france , anti blanc anti nation
Pas tous, y'a des modérés et des centristes aussi, les radicaux et les ultras sont juste très vocaux.
Données du topic
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- Naturalia32
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- 16 octobre 2021 à 02:48:10
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