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Le 06 septembre 2021 Ã 15:12:18 :
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Les talibans, ces pointilleux « imitateurs » du Prophète
Bruno Philip
Héritiers idéologiques d’une école coraa​ime orthodoxe fondée en Inde au XIXe siècle, les nouveaux maîtres de l’Afghanistan associent un puritanisme religieux extrême et un « réformisme » social des codes de l’honneur tribal.
Plus les jours passent, plus les minces espoirs de voir les talibans s’être convertis aux vertus de la modération politique s’amenuisent. Mais s’il n’est cependant pas exclu que les nouveaux maîtres de l’Afghanistan continuent à faire preuve d’un certain pragmatisme en politique, il y a bien un domaine où ils n’ont aucune raison de changer : la religion.
Les talibans appartiennent à un courant doctrinal spécifique de l’islam et c’est ce modèle auquel ils n’ont cessé de se référer depuis la création de leur mouvement, en 1994. Puritanisme, lecture littérale du Coran, « imitation » stricte du Prophète, et cela dans les détails les plus triviaux − de la longueur de la barbe à celle du pantalon, ce dernier devant descendre à mi-chevilles, et pas plus bas : c’est le souci pointilleux de se conformer à ce point à Mahomet qui constitue leur strict credo.
Qualifier les talibans d’« islamistes » est insuffisant, ou trop vague, pour rendre compte de l’idéologie religieuse des « séminaristes » et de leur conception de la charia, la loi islamique.
Il est convenu d’utiliser le terme d’« islamistes » pour désigner ceux que l’on appelait naguère, lors de leur premier passage au pouvoir (de 1996 à 2001), les « étudiants en religion ». Ce terme est cependant trop général pour rendre compte de la vision des chefs talibans, tous des religieux ayant étudié dans les madrasas − écoles coraa​imes − du Pakistan.
Les ennemis des talibans, depuis la fin de la période communiste et la prise de Kaboul par les combattants du célèbre commandant Ahmed Chah Massoud, en 1992, étaient en effet également des « islamistes » − fussent-ils « modérés ». Les partis les plus importants de la résistance afghane à l’occupation soviétique (1979-1989) se référaient aux courants modernes de l’islam politique, à commencer par celui des Frères r​estaurateurs, né en Egypte en 1928. Qualifier les talibans d’« islamistes » est donc insuffisant, ou trop vague, pour rendre compte de l’idéologie religieuse des « séminaristes » et de leur conception de la charia, la loi islamique.
Double influence
Les talibans sont sous la double influence de l’école « deobandi », une madrasa fondée en 1867 dans le nord de l’Inde britana​ime, et du wahhabisme, forme officielle de l’islam en Arabie saoudite. L’école deobandi incarne un mouvement réformiste qui visait à propager chez les r​estaurateurs du sous-continent indien une version austère de la religion. Il s’agissait de « purifier » un islam jugé dévoyé en exaltant l’authenticité d’un retour aux origines. L’idéologie propagée par les fondateurs de l’école n’était pas sans arrière-pensées : cette dernière naquit dix ans après la révolte des cipayes, qui restera dans l’histoire comme le premier grand sursaut anticolonialiste de l’Inde. Il y avait alors chez les thuriféraires du deobandisme une double intention, religieuse et politique.
Rigoriste, puritaine, elle le fut, cette école, mais non sans paradoxes : durant les premières années de son enseignement, elle sera ouverte à un dialogue religieux avec hindous et chrétiens et prônera l’unité des Indiens au-delà de leurs particularismes religieux. Près d’un siècle et demi plus tard, tout ce qui pouvait avoir participé de l’échange théologique et intellectuel chez les deobandis originels sera gommé chez les talibans dans les années 1990 : comme l’écrit le journaliste pakistanais Ahmed Rashid dans son monumental Taliban : Militant Islam, Oil and Fundamentalism in Central Asia (Yale University Press, mars 2000, non traduit), « les talibans ont clairement déprécié la tradition deobandi d’enseignement et de réformes en raison de leur rigidité, récusant tout concept de doute [philosophique], sinon pour en faire un objet de péché, et considérant toute possibilité de débat comme une hérésie en puissance »…
Mais, quelle qu’ait été l’évolution du modèle théologique dont se sont inspirés les talibans, ce mouvement, piloté à son essor par les services de renseignement de l’armée pakistanaise pour des motifs géopolitiques, avait pris ses racines dans l’histoire longue des soubresauts du revivalisme de la religion r​estaurateure. « Les talibans s’inscrivent dans l’histoire d’un courant réformateur islamique, qui a éclos entre le XVIIIe et le XIXe siècle [en Asie centrale, en Inde et en Arabie] et a pris la forme d’un puritanisme qui n’est pas sans rappeler certains courants protestants, rappelle l’islamologue Jean-Jacques Thibon, professeur à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco). C’est un retour à une lecture littérale des textes fondateurs, une imitation essentiellement formelle des gestes du Prophète. »
Accueillis comme des sauveurs
Ce puritanisme va faire florès parmi les millions de réfugiés afghans qui végètent dans des conditions misérables au sein de camps de fortune au Pakistan depuis l’invasion soviétique de 1979. Endoctrinés par les cadors du parti fondamentaliste pakistanais Jamiat Ulema-e-Islami (JUI), dont l’idéologie religieuse est proche de celle véhiculée par les deobandis du siècle dernier, mais également des prêcheurs wahhah​aricots saoudiens, qui prônent, eux aussi, un retour aux origines de l’islam, ces jeunes réfugiés vont être tentés par le projet taliban.
Ils le seront d’autant plus qu’au mitan des années 1990, les partis de l’ex-djihad antisoviétique s’entre-déchirent dans Kaboul. Les Afghans vont en avoir assez de la sanglante « explication » entre les moudjahidine, transformés en seigneurs de guerre qui se dish​appistent les oripeaux de l’Afghanistan postcommuniste.
Nombre d’Afghans vont alors accueillir les talibans comme des sauveurs, lors de leur prise de Kaboul, en 1996. Place à l’ordre noir des guerriers en turban, qui agitent le drapeau blanc proclamant qu’il « n’y a de Dieu que Dieu et que Mahommet est son Prophète ». Les talibans privilégient une interprétation fondamentaliste de l’islam, considèrent l’ijtihad, ou possibilité d’« interprétation » du Coran, comme anathème, et interdisent le rôle des femmes dans l’espace public.
Entre obsession du corps des femmes, puritanisme extrême et projet « national » transetha​ime pour un nouvel Afghanistan, les talibans n’ont pas d’autre horizon théologique que celui d’une « imitation » pointilleuse du Prophète.
Plus étonnant peut-être, au-delà de la dimension théologique et religieuse, l’aspect « réformiste social » des talibans : issus des Pachtounes de l’ethnie principale, les séminaristes « libérés » des camps de réfugiés vont imposer un projet national qui a pour objectif de transcender les clivages tribaux. « Il serait tentant de voir les talibans comme l’expression d’un conflit entre ruraux et citadins en Afghanistan, mais il est néanmoins important de souligner qu’ils ont été l’expression d’une culture spécifique des campagnes, celle des mollahs des villages, et qu’ils se sont dressés contre les codes tribaux du pachtounwali, souvent même s’opposant à son application » , écrit l’historien Antonio Giustozzi dans Koran, Kalashnikov and Laptop : The Neo Taliban Insurgency in Afghanistan (C. Hurst and Co, 2007, non traduit).
Le pachtounwali est le droit coutumier des Pachtounes, un code d’honneur moral et légal, régissant les questions liées à l’hospitalité, à la justice, à la vengeance et aussi à la « protection » de l’« honneur » des femmes, réduites dans l’Afghanistan traditionnel à une valeur marchande dès lors qu’il est question de mariage.
Si les talibans sont implantés dans la société tribale pachtoune et tiennent compte des impératifs tribaux, ils se sont ainsi affirmés « en rupture avec les structures tribales pachtounes » et se sont attaqués « aux institutions tribales traditionnelles, remplaçant les jirgas [assemblées des anciens] par des chouras regroupant des mollahs », expliquent T. H. Johnson et M. C. Mason dans Understanding the Taliban and Insurgency in Afghanistan, Orbis, vol. 51, n° 1, 2007. Qui plus est, ajoutent les auteurs, « leur interprétation du Coran s’est parfois révélée en contradiction avec le code coutumier pachtoun, le pachtounwali, notamment sur la question du droit des femmes à hériter ». Entre obsession du corps des femmes, puritanisme extrême et projet « national » transetha​ime pour un nouvel Afghanistan, les talibans n’ont pas d’autre horizon théologique que celui d’une « imitation » pointilleuse du Prophète, seule référence religieuse qui constitue le socle de leur vision du monde.
Le 06 septembre 2021 Ã 15:15:57 :
Les talibans, ces pointilleux « imitateurs » du ProphèteBruno Philip
Héritiers idéologiques d’une école coraa​ime orthodoxe fondée en Inde au XIXe siècle, les nouveaux maîtres de l’Afghanistan associent un puritanisme religieux extrême et un « réformisme » social des codes de l’honneur tribal.Plus les jours passent, plus les minces espoirs de voir les talibans s’être convertis aux vertus de la modération politique s’amenuisent. Mais s’il n’est cependant pas exclu que les nouveaux maîtres de l’Afghanistan continuent à faire preuve d’un certain pragmatisme en politique, il y a bien un domaine où ils n’ont aucune raison de changer : la religion.
Les talibans appartiennent à un courant doctrinal spécifique de l’islam et c’est ce modèle auquel ils n’ont cessé de se référer depuis la création de leur mouvement, en 1994. Puritanisme, lecture littérale du Coran, « imitation » stricte du Prophète, et cela dans les détails les plus triviaux − de la longueur de la barbe à celle du pantalon, ce dernier devant descendre à mi-chevilles, et pas plus bas : c’est le souci pointilleux de se conformer à ce point à Mahomet qui constitue leur strict credo.
Qualifier les talibans d’« islamistes » est insuffisant, ou trop vague, pour rendre compte de l’idéologie religieuse des « séminaristes » et de leur conception de la charia, la loi islamique.
Il est convenu d’utiliser le terme d’« islamistes » pour désigner ceux que l’on appelait naguère, lors de leur premier passage au pouvoir (de 1996 à 2001), les « étudiants en religion ». Ce terme est cependant trop général pour rendre compte de la vision des chefs talibans, tous des religieux ayant étudié dans les madrasas − écoles coraa​imes − du Pakistan.
Les ennemis des talibans, depuis la fin de la période communiste et la prise de Kaboul par les combattants du célèbre commandant Ahmed Chah Massoud, en 1992, étaient en effet également des « islamistes » − fussent-ils « modérés ». Les partis les plus importants de la résistance afghane à l’occupation soviétique (1979-1989) se référaient aux courants modernes de l’islam politique, à commencer par celui des Frères r​estaurateurs, né en Egypte en 1928. Qualifier les talibans d’« islamistes » est donc insuffisant, ou trop vague, pour rendre compte de l’idéologie religieuse des « séminaristes » et de leur conception de la charia, la loi islamique.
Double influence
Les talibans sont sous la double influence de l’école « deobandi », une madrasa fondée en 1867 dans le nord de l’Inde britana​ime, et du wahhabisme, forme officielle de l’islam en Arabie saoudite. L’école deobandi incarne un mouvement réformiste qui visait à propager chez les r​estaurateurs du sous-continent indien une version austère de la religion. Il s’agissait de « purifier » un islam jugé dévoyé en exaltant l’authenticité d’un retour aux origines. L’idéologie propagée par les fondateurs de l’école n’était pas sans arrière-pensées : cette dernière naquit dix ans après la révolte des cipayes, qui restera dans l’histoire comme le premier grand sursaut anticolonialiste de l’Inde. Il y avait alors chez les thuriféraires du deobandisme une double intention, religieuse et politique.
Rigoriste, puritaine, elle le fut, cette école, mais non sans paradoxes : durant les premières années de son enseignement, elle sera ouverte à un dialogue religieux avec hindous et chrétiens et prônera l’unité des Indiens au-delà de leurs particularismes religieux. Près d’un siècle et demi plus tard, tout ce qui pouvait avoir participé de l’échange théologique et intellectuel chez les deobandis originels sera gommé chez les talibans dans les années 1990 : comme l’écrit le journaliste pakistanais Ahmed Rashid dans son monumental Taliban : Militant Islam, Oil and Fundamentalism in Central Asia (Yale University Press, mars 2000, non traduit), « les talibans ont clairement déprécié la tradition deobandi d’enseignement et de réformes en raison de leur rigidité, récusant tout concept de doute [philosophique], sinon pour en faire un objet de péché, et considérant toute possibilité de débat comme une hérésie en puissance »…
Mais, quelle qu’ait été l’évolution du modèle théologique dont se sont inspirés les talibans, ce mouvement, piloté à son essor par les services de renseignement de l’armée pakistanaise pour des motifs géopolitiques, avait pris ses racines dans l’histoire longue des soubresauts du revivalisme de la religion r​estaurateure. « Les talibans s’inscrivent dans l’histoire d’un courant réformateur islamique, qui a éclos entre le XVIIIe et le XIXe siècle [en Asie centrale, en Inde et en Arabie] et a pris la forme d’un puritanisme qui n’est pas sans rappeler certains courants protestants, rappelle l’islamologue Jean-Jacques Thibon, professeur à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco). C’est un retour à une lecture littérale des textes fondateurs, une imitation essentiellement formelle des gestes du Prophète. »
Accueillis comme des sauveurs
Ce puritanisme va faire florès parmi les millions de réfugiés afghans qui végètent dans des conditions misérables au sein de camps de fortune au Pakistan depuis l’invasion soviétique de 1979. Endoctrinés par les cadors du parti fondamentaliste pakistanais Jamiat Ulema-e-Islami (JUI), dont l’idéologie religieuse est proche de celle véhiculée par les deobandis du siècle dernier, mais également des prêcheurs wahhah​aricots saoudiens, qui prônent, eux aussi, un retour aux origines de l’islam, ces jeunes réfugiés vont être tentés par le projet taliban.
Ils le seront d’autant plus qu’au mitan des années 1990, les partis de l’ex-djihad antisoviétique s’entre-déchirent dans Kaboul. Les Afghans vont en avoir assez de la sanglante « explication » entre les moudjahidine, transformés en seigneurs de guerre qui se dish​appistent les oripeaux de l’Afghanistan postcommuniste.
Nombre d’Afghans vont alors accueillir les talibans comme des sauveurs, lors de leur prise de Kaboul, en 1996. Place à l’ordre noir des guerriers en turban, qui agitent le drapeau blanc proclamant qu’il « n’y a de Dieu que Dieu et que Mahommet est son Prophète ». Les talibans privilégient une interprétation fondamentaliste de l’islam, considèrent l’ijtihad, ou possibilité d’« interprétation » du Coran, comme anathème, et interdisent le rôle des femmes dans l’espace public.
Entre obsession du corps des femmes, puritanisme extrême et projet « national » transetha​ime pour un nouvel Afghanistan, les talibans n’ont pas d’autre horizon théologique que celui d’une « imitation » pointilleuse du Prophète.
Plus étonnant peut-être, au-delà de la dimension théologique et religieuse, l’aspect « réformiste social » des talibans : issus des Pachtounes de l’ethnie principale, les séminaristes « libérés » des camps de réfugiés vont imposer un projet national qui a pour objectif de transcender les clivages tribaux. « Il serait tentant de voir les talibans comme l’expression d’un conflit entre ruraux et citadins en Afghanistan, mais il est néanmoins important de souligner qu’ils ont été l’expression d’une culture spécifique des campagnes, celle des mollahs des villages, et qu’ils se sont dressés contre les codes tribaux du pachtounwali, souvent même s’opposant à son application » , écrit l’historien Antonio Giustozzi dans Koran, Kalashnikov and Laptop : The Neo Taliban Insurgency in Afghanistan (C. Hurst and Co, 2007, non traduit).
Le pachtounwali est le droit coutumier des Pachtounes, un code d’honneur moral et légal, régissant les questions liées à l’hospitalité, à la justice, à la vengeance et aussi à la « protection » de l’« honneur » des femmes, réduites dans l’Afghanistan traditionnel à une valeur marchande dès lors qu’il est question de mariage.
Si les talibans sont implantés dans la société tribale pachtoune et tiennent compte des impératifs tribaux, ils se sont ainsi affirmés « en rupture avec les structures tribales pachtounes » et se sont attaqués « aux institutions tribales traditionnelles, remplaçant les jirgas [assemblées des anciens] par des chouras regroupant des mollahs », expliquent T. H. Johnson et M. C. Mason dans Understanding the Taliban and Insurgency in Afghanistan, Orbis, vol. 51, n° 1, 2007. Qui plus est, ajoutent les auteurs, « leur interprétation du Coran s’est parfois révélée en contradiction avec le code coutumier pachtoun, le pachtounwali, notamment sur la question du droit des femmes à hériter ». Entre obsession du corps des femmes, puritanisme extrême et projet « national » transetha​ime pour un nouvel Afghanistan, les talibans n’ont pas d’autre horizon théologique que celui d’une « imitation » pointilleuse du Prophète, seule référence religieuse qui constitue le socle de leur vision du monde.
Tu es un seigneur, non un Dieu !
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Le 06 septembre 2021 Ã 15:17:22 :
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Données du topic
- Auteur
- Debutdeuxban
- Date de création
- 6 septembre 2021 Ã 15:12:03
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