Topic de gne-gichoste1 :

Ainsi parlait Zarathoustra.

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Je passe au milieu de ce peuple et je laisse tomber maintes paroles : mais ils ne savent ni prendre ni retenir.

Ils s’étonnent que je ne sois pas venu pour blâmer les débauches et les vices ; et, en vérité, je ne suis pas venu non plus pour mettre en garde contre les pickpockets.

Ils s’étonnent que je ne sois pas prêt à déniaiser et à aiguiser leur sagesse : comme s’ils n’avaient pas encore assez de sages subtils dont la voix grince comme un crayon d’ardoise !

Et quand je crie : « Maudissez tous les lâches démons qui sont en vous et qui gémiraient volontiers, qui voudraient croiser les mains et adorer » : alors ils crient : « Zarathoustra est impie. »

Et leurs professeurs de résignation crient plus fort, mais c’est précisément à eux qu’il me plaît de crier à l’oreille : Oui ! Je suis Zarathoustra, l’impie !

Ces professeurs de résignation ! Partout où il y a petitesse, maladie et teigne, ils rampent comme des poux ; et mon dégoût seul m’empêche de les écraser.

Eh bien ! voici le sermon que je fais pour leurs oreilles : je suis Zarathoustra l’impie qui dit : « Qui est-ce qui est plus impie que moi, pour que je me réjouisse de son enseignement ? »
Je suis Zarathoustra, l’impie : où trouverai-je mes semblables ? Mes semblables sont tous ceux qui se donnent eux-mêmes leur volonté et qui se débarassent de toute résignation.

Je suis Zarathoustra, l’impie : je fais bouillir dans ma marmite tout ce qui est hasard. Et ce n’est que lorsque le hasard est cuit à point que je lui souhaite la bienvenue pour en faire ma nourriture.

Et en vérité, maint hasard s’est approché de moi en maître : mais ma volonté lui parle d’une façon plus impérieuse encore, — et aussitôt il se mettait à genoux devant moi en suppliant —

— me suppliant de lui donner asile et accueil cordial, et me parlant d’une manière flatteuse : « Vois donc, Zarathoustra, il n’y a qu’un ami pour venir ainsi chez un ami ! »

Mais pourquoi parler, quand personne n’a mes oreilles ! Ainsi je veux crier à tous les vents :

Vous devenez toujours plus petits, petites gens ! vous vous émiettez, vous qui aimez vos aises ! Vous finirez par périr —

— à cause de la multitude de vos petites vertus, de vos petites omissions, à cause de votre continuelle petite résignation.

Vous ménagez trop, vous cédez trop : c’est de cela qu’est fait le sol où vous croissez ! Mais pour qu’un arbre devienne grand, il doit pousser ses dures racines autour de durs rochers !

Ce que vous omettez aide à tisser la toile de l’avenir des hommes ; votre néant même est une toile d’araignée et une araignée qui vit du sang de l’avenir.

Et quand vous prenez, c’est comme si vous vouliez, ô petits vertueux ; pourtant, parmi les fripons même, l’honneur parle : « Il faut voler seulement là où on ne peut pas piller. »

« Cela se donne » — telle est aussi une doctrine de la résignation. Mais moi je vous dis, à vous qui aimez vos aises : cela se prend, et cela prendra de vous toujours davantage !

Hélas, que ne vous défaites-vous de tous ces demi-vouloirs, que ne vous décidez-vous pour la paresse comme pour l’action !

Hélas, que ne comprenez-vous ma parole : « Faites toujours ce que vous voudrez, — mais soyez d’abord de ceux qui peuvent vouloir ! »

« Aimez toujours votre prochain comme vous-mêmes, mais soyez d’abord de ceux qui s’aiment eux-mêmes —

— qui s’aiment avec le grand amour, avec le grand mépris ! » Ainsi parle Zarathoustra, l’impie. —

Mais pourquoi parler, quand personne n’a mes oreilles ! Il est encore une heure trop tôt pour moi.

Je suis parmi ce peuple mon propre précurseur, mon propre chant du coq dans les rues obscures.

Mais leur heure vient ! Et vient aussi la mienne ! D’heure en heure ils deviennent plus petits, plus pauvres, plus stériles, — pauvre herbe ! pauvre terre !
Bientôt ils seront devant moi comme de l’herbe sèche, comme une steppe, et, en vérité, fatigués d’eux-mêmes, — et plutôt que d’eau, altérés de feu !

Ô heure bienheureuse de la foudre ! Ô mystère d’avant midi ! — un jour je ferai d’eux des feux courants et des prophètes aux langues de flammes : —

— ils prophétiseront avec des langues de flammes : il vient, il est proche, le Grand Midi !

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Ainsi parlait Zarathoustra !!!
J'ai lu ce livre à 12 ans, j'ai rien compris. Il faudrait peut que je le relise une fois :(
J'ai voulu lire Ecce Homo mais je pense que j'aurais du lire celui-ci avant car il y fait beaucoup de référence bah que je comprends pas :(

Le 01 septembre 2021 à 03:16:43 530p20fps a écrit :
J'ai voulu lire Ecce Homo mais je pense que j'aurais du lire celui-ci avant car il y fait beaucoup de référence bah que je comprends pas :(

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gne-gichoste1
Date de création
1 septembre 2021 à 03:11:22
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