L'entrée : Y'avait Colette Thomas, alors ça, Colette Thomas c'était une petite merveille, elle avait une petit jupe plissée écossaise avec un chandail blanc, elle était blonde et elle avait l'air vraiment d'une petite jeune fille quoique on pouvait lire dans son regard toute l'émotion mais quand elle lisait Arthaud, ça c'était sublime, pour moi c'était sublime...
Le résultat :
– Colette Thomas?
– Oui. Elle avait tout le pouvoir de lire Arthaud.
– Elle était quoi?
– Mais je ne sais pas... vous devriez l'appeler. Elle est un grand artiste. On lui doit une œuvre...
– C'est vrai, il faudrait lui parler.
– Je la connais. Je lui ai parlé.
– D'où viens-tu?
– Je viens d'une famille d'expatriés dans la même situation que vous.
– Quelle situation?
– C'est une anecdote banale, mais très drôle.
– Vous avez une imagination forte.
– La vie est si simple, mais personne ne s'en aperçoit.
– Vous avez parlé à Colette Thomas?
– Non, je lui ai téléphoné.
– Et ça ne lui a pas donné le réflexe?
– Je ne crois pas.
– Vous n'avez pas pu lui parler?
– Non.
– Quel est le problème?
– Ils n'ont pas le droit de parler.
– Mais ils ne sont pas pris de folie.
– Personne n'est pris de folie.
– Vous êtes vraiment trop brûlant.
– Vous ne connaissez pas la réalité. Le problème vient de là.
– Vous dites que le problème vient de là.
– Vous ne réalisiez pas la source du problème, c'est ça. Vous n'y pensez pas assez.
– Et vous vous demandez où c'est?
– Non, je ne me pose pas la question.
– Qu'est-ce que vous vous demandez?
– Qu'est-ce que vous vous demandez?
– Je me demande si le problème vient de l'époque où tout le monde était vivant, ou s'il est plus profond.
– Vous essayez de m'intimider.
– Je ne vais pas vous intimider, je vais vous expliquer.
– Vous avez parlé à Colette Thomas?
– Oui.
– Qu'est-ce qu'elle a dit?
– Elle m'a tellement conseillé de parler à vous.
– Et qu'est-ce que vous lui avez dit?
– Elle m'a dit...
– Quoi?
– Elle m'a dit de ne pas vous dire où j'étais.
– Qu'est-ce que c'est?
– C'est la vérité.
– Vous ne me direz pas où vous êtes?
– Je ne peux pas.
– Vous croyez qu'elle m'a parlé sous l'emprise d'un narcotique?
– Non, mais je ne peux pas me permettre de lui dire où je suis.
– Et c'est tout?
– Je ne sais pas, je ne sais pas, je ne sais pas...
– Vous avez dit à Colette Thomas que vous n'alliez pas nous dire où vous êtes?
– Non, mais je n'ai pas pu la convaincre.
– Et ses réponses vont en dépendre?
– Oui, je ne sais pas.
– Et votre sentiment à son sujet?
– Quand je serai rentré, je vous le dirai.
– Et vous ne me le diriez pas?
– Non.
– Et que vous devez éprouver pour parler de moi?
– Je n'ai pas d'affection pour vous.
– Vous n'avez pas de meilleure raison?
– Non.
– Et votre libre arbitre?
– Non, je ne le vois pas.
– C'est vraiment bizarre.
– C'est la vie.
– Vous allez m'intimider pour m'intimider, ou pour parler de moi.
– Je vais prendre le risque de vous intimider et de parler de vous.
– Je ne vais pas me faire avoir.
– Peut-être pas, mais il est important de savoir où vous vous trouvez, puisque vous m'avez parlé.
– J'en doute.
– Vous m'avez parlé et vous m'avez dit que vous ne me le diriez pas. Je vous ai compris.
– Oui, c'est exact.
– Je ne comprends pas.
– Je n'ai pas dit la vérité.
– Il y a un problème.
– Il y a un problème, non.
– Non, il y a un problème.
– Et pourtant vous avez tout donné à la littérature.
– Je n'ai pas tout donné à la littérature.
– Pourquoi ne pas être fier?
– Je ne suis pas fier.
– Vous n'êtes pas fier?
– Non, je ne suis pas fier.
– Mais vous me faites très peur.
– Tout le monde fait peur à quelqu'un.
– Non, pas seulement ce que vous avez dit à mon sujet, mais en général.
– Pourquoi?
– Parce que vous me faites peur.
– Je suis désolé, j'aurais dû vous dire.
– Vous avez dit à Colette Thomas que vous n'alliez pas me dire où
