https://www.youtube.com/watch?v=-Ebq3dITq_I&list=OLAK5uy_mk5cX1k8vWBg1yap4bp6yVIknmsiGnk_w&ab_channel=FreddyEichelberger-Topic
J’ai foi dans la sorcellerie.
Or, un grand sorcier l’autre soir
M’a fait voir de notre patrie
Tout l’avenir dans un miroir.
Quelle image désespérante !
Je vois Paris et ses faubourgs :
Nous sommes en dix-neuf cent trente,
Et les barbons règnent toujours.
Un peuple de nains nous remplace ;
Nos petits-fils sont si petits,
Qu’avec peine dans cette glace,
Sous leurs toits je les vois blottis.
La France est l’ombre du fantôme
De la France de mes beaux jours.
Ce n’est qu’un tout petit royaume ;
Mais les barbons règnent toujours.
Tout est petit ; palais, usines,
Sciences, commerce, beaux-arts.
De bonnes petites famines
Désolent de petits remparts.
Sur la frontière mal fermée,
Marche, au bruit de petits tambours,
Une pauvre petite armée ;
Mais les barbons règnent toujours.
Enfin le miroir prophétique,
Complétant ce triste avenir,
Me montre un géant hérétique
Qu’un monde a peine à contenir.
Du peuple pygmée il s’approche,
Et, bravant de petits discours,
Met le royaume dans sa poche ;
Mais les barbons règnent toujours.
Les infiniment Petits
Œuvres complètes de Béranger, 1839