Le grand remplacement est une théorie complotiste d'extrême droite, raciste et xénophobe selon laquelle il existe un processus, délibéré, de substitution de la population française et européenne par une population non européenne, originaire en premier lieu d'Afrique noire et du Maghreb. Ce changement de population impliquerait un changement de civilisation et ce processus serait soutenu par l'élite politique, intellectuelle et médiatique européenne, par idéologie ou par intérêt économique.
Présente dès la fin du xixe siècle et durant le xxe siècle, cette thèse vise en Europe les Juifs, les Italiens, les Arméniens, puis les Maghrébins à partir de l'après-guerre. Elle a principalement des origines néo-nazies et antisémites.
Elle est réintroduite et popularisée en 2010 par Renaud Camus, écrivain français d'extrême droite, qui en est souvent considéré comme l'inventeur. L'expression est principalement utilisée par l'extrême droite française, notamment la mouvance identitaire, tout en étant qualifiée de complotiste par les spécialistes et certains membres du Rassemblement national, dont Marine Le Pen.
Les principaux arguments de cette thèse, qu'ils soient démographiques ou culturels, sont réfutés par la grande majorité des spécialistes, qui récusent autant la méthode dont elle émane que la logique qui la sous-tend.
Les auteurs des attentats de Christchurch, d'El Paso et de Poway en 2019 étaient des adeptes de cette théorie qui a été dénoncée comme potentiellement meurtrière. La remigration, concept qui lui est attaché, aurait pour la directrice de l'Institute for Strategic Dialogue et journaliste Cécile Guérin des « implications d’épuration ethnique ». Renaud Camus se dit partisan de la non-violence, mais a été condamné pour des propos dont la justice a estimé qu'ils constituaient « une très violente stigmatisation des musulmans ».