Attablé au bureau de mon modeste appartement au papier peint décrépie, le dos légèrement vouté, comme si ma simple condition d'être humain cherchant une vie acceptable était un poids trop lourd à supporter, je mets une musique douce, et je me questionne sur la vie.
C'est un peu une malédiction génétique, dans ma famille, on a le sens critique un peu trop développé, touours ce besoin de comprendre, de réfléchir au sens profond des choses, à notre être.
Je me suis servis un verre d'Armagnac de 2001, il est excellent, mais il a un goût amère, je l'ai payé à la sueur de mon front, de mes couilles, je l'ai payé 120 euros, littéralement une journée de travail.
C'est la seule parade que j'ai trouvé pour de pas sombrer dans la folie, le Dimanche soir, je bois un alcool hors de prix, pour me rassurer, me dire que j'ai raison de me vendre, entièrement, à un patron qui a le droit de disposer de mon temps, de ma totale soumission.
D'une certaine façon, même une prostituée est plus noble que moi, la societé admet au moins qu'elle est sous la contrainte, alors que moi j'ai choisis de faire ce métier de commercial.
Demain matin, je ferais le même trajet, je croiserais les même usagers de la route, les même arbres, sur la même route, dans une boucle infinie, infernale, pour gagner de l'argent, me faisant surconsommer pour compenser cette misère de l'âme.
Le plus dure sera de sortir du lit, avec ce combat éternel "et si je ne me levé pas ?", et après d'enième réflexion sur comment esquiver la sentance, après diverses stratégies mentalisées comme prendre un arrêt maladie pour dépression, faire un abandon de poste, démissionner, vivre dans la rue comme les punk à chien, je me lèverais pour boire un café noir et réconfortant, j'aurais 30min pour le boire avant de courir sous la douche.