Topic de Zaqerz :

[ÉCONOMIE] Faits et idées reçues

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Salut les kheys :hap:

Sur ce topic je vais essayer de faire des petits pavés pour traiter d'un sujet en économie, d'établir des faits ou déconstruire une idée reçue. J'ai plusieurs sujets en tête. :hap:

Première idée reçue : "Pour chaque gagnant il y a un perdant"
Il est facile de comprendre pourquoi cette affirmation ne tient pas en se basant sur un raisonnement par l'absurde, et une question rhétorique.

1) Raisonnement par l'absurde
Vous voulez acheter un téléphone, et vous avez 500€ en poche. Je propose de vous en vendre un, mais je commence ma vente en vous ASSURANT que ce téléphone ne vaut pas 500€, mais plutôt 350€. Le prendriez-vous pour 500€ ? La réponse semble évidente mais établit un principe fondamental dans les transactions se déroulant dans un marché libre : le consommateur fait un bénéfice quand il achète.

Une autre manière d'exprimer la réflexion du consommateur serait : "Je fais le choix d'avoir dans ma poche 500€ ou un téléphone". Si le consommateur prend la décision d'échanger 500€ pour un téléphone, c'est qu'il pense qu'avoir un téléphone dans la poche lui procure plus que d'avoir 500€ dans la poche. Sinon, il n'achèterait pas.

Même logique côté producteur : si il peut vendre un téléphone à 500€ alors qu'il le produit pour 400€, alors il y trouve son compte. Si le producteur ne peut pas vendre au dessus du prix de production, il ne produit pas.

Si l'un ou l'autre parti n'y trouve pas son compte, la transaction n'a pas lieu. La transaction n'a lieu que si les deux parties font un bénéfice. Dans un marché libre, seul des transactions consensuelles ont lieu, car il n'existe aucun autorité forçant des transactions déficitaires.

2) Question rhétorique :
Si à chaque transaction, il y a nécessairement un gagnant et un perdant, comment une économie croît-elle ?

Deuxième idée reçue : "Il est possible de créer de la richesse en imprimant de la monnaie"
Cette idée reçue se traduit en termes techniques par "la monnaie n'est pas neutre", or il est très facile de démontrer que la monnaie est au contraire, neutre. La nuance que beaucoup omettent à propos de cette question est de confondre la neutralité de la monnaie, et la neutralité de la création monétaire. Je vais expliciter pourquoi la monnaie est neutre, puis pourquoi la création monétaire peut ne pas l'être (et souvent, ne l'est pas).

1) Neutralité de la monnaie
L'idée reçue selon laquelle la monnaie n'est pas neutre se base sur deux erreurs conceptuelles : celle de ne pas distinguer monnaie et richesse, puis celle de compartimenter les comportements des agents économique. Allons-y point par point.

La richesse peut se mesurer en monnaie, comme on le fait quotidiennement. Toutefois, la monnaie n'est qu'une manière d'estimer la richesse et la transférer plus facilement. La richesse se calcule en réalité selon l'utilité intrinsèque qu'un individu attribue à un bien ou un service. La monnaie, intrinsèquement, n'a évidemment de valeur que parce qu'elle permet d'accéder à des biens et services. Si elle ne donnait pas cet accès, son utilité se résumerait à être un bout de papier.

Considérons donc une économie de 10 villageois, numérotés de 1 à 10, et contenant un seul bien : des pommes. Les villageois 1 à 10 détiennent chacun 1€, soit un total de 10€ de monnaie dans l'économie. Il existe 10 pommes dans cette économie. Combien vaut donc une pomme ? On peut facilement comprendre que 1 pomme = 1€.

Maintenant, prenons la même situation, mais injectons 10€ dans l'économie, en répartissant cet argent équitablement vers chaque villageois. Chaque villageois détient donc maintenant 2€. Combien vaut maintenant une pomme ? On peut facilement comprendre que 1 pomme = 2€, soit une inflation de 100%. Les villageois ont chacun 2 fois plus de billets, mais leur richesse n'a pas changé.

Il devrait maintenant être clair que la richesse et la monnaie sont deux concepts distincts, même si la monnaie peut être utilisée pour estimer la richesse.

La manière avec laquelle il est facile de comprendre que l'injection de monnaie fraîche ne peut jamais créer de richesse est de constater simplement qu'aucun villageois n'a pu obtenir plus de biens et services après injection. Plus de billets ne peuvent pas créer de pommes, et plus de billets n'offrent que très peu d'utilité intrinsèque aux villageois (ce ne sont que des bouts de papier).

2) Neutralité de la création monétaire
Imaginons maintenant qu'un villageois 11 arrive dans notre village, et contrôle la création monétaire. C'est lui qui se chargera d'imprimer les 10 nouveaux Euros, mais cette fois-ci, les gardera pour lui.

Une pomme vaut ainsi 2€, car la quantité de richesse (10 pommes) n'a pas changé. La monnaie est toujours neutre. Toutefois, la création monétaire, cette fois-ci, ne l'a pas été. Villageois 11 dispose de monnaie équivalente à une richesse de 5 pommes, tandis que les villageois 1 à 10 ne disposent maintenant que de monnaie équivalente à une richesse de 0,5 pommes.

Un transfert de richesse (ou pouvoir d'achat) de 0,5 pommes s'est fait, depuis chacun de villageois 1 à 10 vers le villageois 11. La création monétaire n'est donc pas neutre, si elle n'est pas répartie proportionnellement aux richesses respectives des villageois existants.

Si on définit le villageois 11 comme le gouvernement, vous pouvez aisément comprendre pourquoi l'inflation par la création monétaire n'est qu'une forme de taxe (camouflée, ou insidieuse, au choix), car c'est un transfert de richesse comme un autre ; ce dernier n'est qu'indirect, mais tout à fait réel.

Une dernière question rhétorique pour comprendre le dernier point : "Si par l'inflation je perds du pouvoir d'achat, l'impression de nouveaux billets m'a donc fait perdre des biens et services. Pourtant, imprimer des billets ne peut pas simplement faire disparaître des voitures, des téléphones, des maisons, ou dans notre cas, des pommes ! Les pommes ont donc du aller quelque part d'autre".

Troisième idée reçue : '"L'argent peut dormir"
Voici une idée reçue très populaire et qui omet malheureusement plusieurs points clés dans le fonctionnement du système monétaire et bancaire. Pourtant, il est très facile de comprendre pourquoi cette affirmation, à défaut d'être fausse, est en tout cas à 99% fausse (et je n'utilise pas la proportion 99% à la légère, au contraire, cette proportion est très précise, mais je vous laisse comprendre pourquoi dans ce qui suit).

1) Que permet de faire l'argent ?
L'argent ne peut être exclusivement utilisé qu'à deux fins : la consommation et l'épargne. Vous ne pouvez rien faire d'autre de votre argent (même si c'est déjà beaucoup). Il est largement admis que consommer "participe" à l'économie (un concept sur lequel on reviendra peut-être dans un autre post). Épargner, toutefois, est sujet à plus de questions.

Il n'est possible d'épargner que de trois façons : en cash, en dépôt, et en investissement. Il est aussi largement admis que l'épargne en investissement "participe" à l'économie (c'est même son seul facteur de croissance; on pourrait aussi y revenir dans un prochain post). L'épargne en dépôt est elle plus controversée.

La question qui se pose est la suivante : quand un dépôt à la banque est réalisé, qu'en fait la banque ? Pour la banque, vous êtes un fournisseur de crédit. La banque utilisera ce dépôt pour emprunter à des demandeurs de crédit. Un demandeur de crédit peut à son tour soit utiliser cet argent pour consommer, soit pour épargner.

De nouveau, consommer ne crée par de controverse. Quand il épargne, le demandeur de crédit peut ensuite à son tour investir, déposer, ou retirer en cash l'argent emprunté. Même si l'immense majorité des demandeurs de crédit utilisent l'argent à des fins d'investissement, certains font des crédits à la consommation, et certains utilisent un crédit afin de se créer une base monétaire sur laquelle se reposer. Même dans le dernier cas, cette dernière finira à la banque, qui s'empressera encore une fois d'emprunter le dépôt.

Je pense que tout le monde comprend maintenant qu'à moins de mettre de l'argent liquide dans vos coussins, tout capital dans une économique financiarisée est "actif". Une banque ne gagne rien à simplement stocker votre argent dans un coffre-fort... A une variable près.

2) Une affirmation 99% fausse ?
Les banques font toutefois face à des risques de liquidité. Même si elles ont tout à gagner à réinvestir la totalité des dépôts, il faut tout de même considérer les éventualités ou les dépôts en question viendraient à être retirés, ou si certains prêts s'avéraient perdants, créant ainsi un trou dans des dépôts qui pourraient venir à être retirés.

Pour se prémunir de ces risques, les banques préservent une réserve d'argent "dans les coffres" (même si les choses sont largement dématérialisées aujourd'hui). Plus une banque a de réserves en proportion de ses dépôts, plus les dépôts en question sont sûrs.

Une banque qui garde 100% des dépôts ne risque pas de vous offrir un quelconque taux d'intérêt sur ceux-ci, mais ne risque pas non plus de perdre votre argent.
Une banque qui garde 5% des dépôts pourrait vous proposer des taux d'intérêts attrayants, mais s'expose à un risque de liquidité. Chaque banque a sa propre stratégie, et chaque consommateur sa propre préférence.

Pour revenir au chiffre de "99%" que j'avais décrit comme précis : la Banque Centrale Européenne mandate toute banque opérant sous sa juridiction de préserver au minimum 1% de réserve dans son "coffre". Aucun argent n'est donc forcé de dormir dans une économie financiarisée, sauf bien sur pour cette régulation, qui force donc 1% de réserves, laissant jusqu'à 99% des capitaux circuler.

Dans ton premier exemple, il y a deux perdants, de un le producteur, qui ne fait qu'un bénéfice de 20% sur le cout de production, ca reste un taux enorme, mais encore trop bas pour assurer une pérénité (Dis moi si je me trompe) https://image.noelshack.com/fichiers/2017/22/1496349456-thjghj.png
Et surtout, le grand perdant c'est le consommateur qui se délaisse de 500€ pour un produit qui vaut certe son prix mais dont il n'a pas besoin, il a fait le choix d'acheter, mais un choix dirigé et influencé par l’attrait donné au produit par les marketeurs https://image.noelshack.com/fichiers/2017/22/1496349456-thjghj.png

Donc, le consommateur reste perdant dans la transaction.

Le 29 mai 2021 à 00:55:59 :
Dans ton premier exemple, il y a deux perdants, de un le producteur, qui ne fait qu'un bénéfice de 20% sur le cout de production, ca reste un taux enorme, mais encore trop bas pour assurer une pérénité (Dis moi si je me trompe) https://image.noelshack.com/fichiers/2017/22/1496349456-thjghj.png
Et surtout, le grand perdant c'est le consommateur qui se délaisse de 500€ pour un produit qui vaut certe son prix mais dont il n'a pas besoin, il a fait le choix d'acheter, mais un choix dirigé et influencé par l’attrait donné au produit par les marketeurs https://image.noelshack.com/fichiers/2017/22/1496349456-thjghj.png

Donc, le consommateur reste perdant dans la transaction.

Côté producteur : un bénéfice est un bénéfice. Dans mon exemple, je reste simple, mais un producteur saura estimer toutes les variables nécessaires afin d'estimer si oui ou non il devrait s'engager dans une activité de production. Tant bien même qu'il ne ferait pas ce travail d'estimation, il laisse alors son avenir et celui de son investissement dans les mains de l'aléa. Il semble rationnel qu'un producteur ne vende que dans un cas dans lequel il trouve un bénéfice (et j'espère avoir montré qu'un bénéfice peut ne pas être que monétaire).

Côté consommateur : en effet beaucoup de produits sont vendus bien en dessous du coût de production "matériel" du produit, comme les téléphones (sans citer de marque :hap:). Mais il est trop simpliste de résumer la valeur d'un produit à sa valeur matérielle. Énormément de produits ont une valeur symbolique, qui peut être créée par le marketing. Bien évidemment, différents consommateurs attribueront différentes valeurs à différentes variables d'un produit. Certains produits sont achetés exclusivement pour leur valeur symbolique (bijoux, montres, voitures de collection par exemple). Le principe est que tant que l'acheteur fait la décision d'acheter, il est persuadé de faire un bon choix... Car pourquoi faire un mauvais choix ? :hap:

"La réponse semble évidente mais établit un principe fondamental dans les transactions se déroulant dans un marché libre : le consommateur fait un bénéfice quand il achète."

Tu pars de l'idée que le consommateur est raisonnable, or la plupart des consommateurs n'iront jamais jusqu'à se poser la question "pourquoi ?", ils achètent car ils ont vu une pub, un placement de produit, une vedette ou qqn de leur entourage qui les a influencés, c'est tout. Tout est basé sur l'émotionnel.

Et oui tu achètes en pur déficit, à moins de revendre après, ou de calculer l'économie de ressources que t'apporte le bien (p. ex. un panneau solaire te fait économiser x € en énergie, un bien immobilier x € de loyer...)

Intéressant, je fav pour plus tard

Le 29 mai 2021 à 01:25:22 :

"La réponse semble évidente mais établit un principe fondamental dans les transactions se déroulant dans un marché libre : le consommateur fait un bénéfice quand il achète."

Tu pars de l'idée que le consommateur est raisonnable, or la plupart des consommateurs n'iront jamais jusqu'à se poser la question "pourquoi ?", ils achètent car ils ont vu une pub, un placement de produit, une vedette ou qqn de leur entourage qui les a influencés, c'est tout. Tout est basé sur l'émotionnel.

Et oui tu achètes en pur déficit, à moins de revendre après, ou de calculer l'économie de ressources que t'apporte le bien (p. ex. un panneau solaire te fait économiser x € en énergie, un bien immobilier x € de loyer...)

Tu fais l'erreur de calculer les bénéfices en Euros, ou en monnaie en tous cas. La monnaie n'est qu'un intermédiaire à un fin. La fin est l'utilité finale des biens et services qu'on peut se procurer. Quand un consommateur choisit d'utiliser X€ pour acheter un bien Y, il choisit de le faire et donc d'abandonner ce qu'il aurait pu acheter en biens A, B, C, D... pour ces mêmes X€.

Il est très facile de comprendre pourquoi malgré ce que tu dis, le comportement des consommateurs devant le marketing n'est pas irrationnel. Il suffit de voir le coût en marketing comme un coût de production dans l'élaboration d'un produit donné.

Si on prend par exemple un iPhone : la majorité du coût de production est marketing. Dans ce cas, qu'achète-t-on réellement quand on achète un iPhone : un bien, ou un service ? Tandis que le téléphone est un bien, tout le marketing qu'il contient (l'iPhone) est un service.

Un Apple Store par exemple coûte énormément, tous situés dans des grandes avenues métropolitaines, employant des dizaines de présentateurs, et usant d'architecture ultra-moderne sur d'énormes surfaces. Tout ce coût peut être vu comme inclus dans le coût de production des produits finaux que propose la société en question. Donc qu'achètent-donc les consommateurs ? Plus un service qu'un bien comme on l'a déjà établi, mais encore plus précisément : une expérience, de la bouche même de Steve Jobs.

Quand on va à Disney Land, qu'obtient-on ? Une expérience : c'est un service, plutôt qu'un bien. C'est tout à fait semblable à acheter un produit avec un énorme coût marketing (iPhone, Coca-Cola, FIFA, etc...). Pour beaucoup de consommateurs, c'est un choix tout à fait rationnel, puisqu'ils le conduisent. Evidemment, je comprends le fait que tu sois en désaccord avec ce choix, mais chaque consommateur a ses propres préférences.

Ce dernier point est crucial, car si tout le monde avait les mêmes préférences, il n'existerait aucune place pour la compétition.

Première idée reçue : "Pour chaque gagnant il y a un perdant"
Il est facile de comprendre pourquoi cette affirmation ne tient pas en se basant sur un raisonnement par l'absurde, et une question rhétorique.

Non seulement ce dicton n'existe pas en temps que telle, mais le diction qui se rapproche de cela n'est valable pour des systèmes à somme nulle typiquement un système comme la bourse avec le trading, ce que tu gagnes vient de ce que d'autres perdent.

Et puis sur le plan social, ce serait plus dans le sens de <<pour un gagnant, il y'a plusieurs perdant>> ou du <<pour une reussite, beaucoup d'échec>>, et un exemple simple serait l'écrémage pour arriver au top du top dans le sport de haut niveau.
un Mbappe en a barré combien en centre de formation dans son ascension ? beaucoup..

Le 29 mai 2021 à 00:55:59 :
Dans ton premier exemple, il y a deux perdants, de un le producteur, qui ne fait qu'un bénéfice de 20% sur le cout de production, ca reste un taux enorme, mais encore trop bas pour assurer une pérénité (Dis moi si je me trompe) https://image.noelshack.com/fichiers/2017/22/1496349456-thjghj.png
Et surtout, le grand perdant c'est le consommateur qui se délaisse de 500€ pour un produit qui vaut certe son prix mais dont il n'a pas besoin, il a fait le choix d'acheter, mais un choix dirigé et influencé par l’attrait donné au produit par les marketeurs https://image.noelshack.com/fichiers/2017/22/1496349456-thjghj.png

Donc, le consommateur reste perdant dans la transaction.

les jean tapabesoin qui nous polluent l'air avec leur discours de catho refoulé... Le besoin est, a toujours été et sera toujours de l'ordre émotionnelle. Le besoin est fluctuant. Les marketeurs ne t'ont PAS tant manipulé que ça...
Le consommateur n'est pas perdant dans la transaction aussi cher financièrement cela fut si ses émotions furent remplies.

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Zaqerz
Date de création
29 mai 2021 à 00:52:51
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