Il faut arrêter avec le délire 1984/Crédit Social Chinois sur JvArchive forum 18-25

22 mai 2021 à 19:07:06

La comparaison entre notre modèle et le modèle chinois me fait vraiment sourire. Tout le monde s'excite pour pas grand chose, on a inventé bien mieux que les chinois depuis bien longtemps. Cela s'appelle la réputation et dernièrement, la dernière mise à jour de la réputation est arrivée: le politiquement correct et en France on y tient beaucoup. Cela permet, sans technologie, de faire perdre son job à quelqu'un sur une rumeur et le pousser à rentrer dans le rang et se taire. Le contrôle est tout aussi puissant, il est simplement exercé d'une autre manière.

La différence, c'est que maintenant, les gens normaux vont eux aussi commencer à sentir la pression du système alors que cela ne concernait que de rares personnes qui réfléchissaient un peu trop. Ils ont l'impression de voir apparaitre la fenêtre d'Overton (le cadre de ce qu'il est possible de dire dans une civilisation donnée) alors qu'elle a toujours existé.
Sauf que la limite glisse maintenant et se rapproche du centre de façon à ce que de plus en plus de gens se retrouvent dedans.

L'Occident est en réalité beaucoup plus subtil que la Chine. Quand nous voulons étouffer un discours qui dérange, on ne le censure plus. On fabrique du contexte.

N'importe qui peut dire n'importe quoi. Ses déclarations seront immédiatement connectées à un réseau de contre-arguments souvent fallacieux mais suffisamment nombreux et par des médias reconnus pour rendre les propos ridicules. Quiconque tombera dessus doutera de sa parole parce qu'il verra afficher immédiatement 60 sources disant le contraire. La répétition est la meilleure méthode de propagande.

Le tri qu'effectue Google à chaque fois est la meilleure méthode de création de contexte. Vous voyez à chaque fois des milliers de page de résultats quand vous faites une recherche. Mais est-ce que vous cliquez souvent sur la seconde page ? Pas vraiment mais ça peut arriver. La troisième ? Encore moins. La quatrième ? Probablement jamais.

Des millions de discours, de données, qui attendent, juste sous nos yeux et qui se retrouvent pourtant invisibles et impuissantes. Pas besoin de censure. Quand cela arrive, c'est qu'il n'y a pas d'autre option et qu'il faut faire un exemple avant que ça dérape. Ce forum en est un exemple. Les méthodes plus subtiles ne fonctionnent pas ici mais pour le reste de la population, c'est non seulement plus économe en temps et en énergie mais c'est en plus facile à mettre en place. De nombreux individus avec qui vous n'avez jamais été en contact finiront par diffuser votre message d'eux-mêmes

Comme nous ne censurons pas mais que nous préférons étouffer un discours dans un flot de n'importe quoi contraire, l'absence de censure brutale et réelle fait que les gens acceptent tout à fait ce qu'il se passe et lèveront un sourcil quand vous leur expliquerez que la pensée n'est pas libre en Occident. Ils vous diront mais on est pas comme en Chine, va voir en Chine et reviens ici.

Les Chinois sont moins malins ou moins hypocrites, au choix.
Une prison dont on ne voit pas directement les barreaux est bien plus efficace.
Et je ne parle même pas de la place du divertissement dans le maintien de cette illusion.

Au moins, dans le système chinois, le mode d'emploi est clair. Vous avez une liste des actions pour gagner des points et des actions à éviter pour perdre des points. En Occident, le règlement est implicite et se métamorphose sans cesse selon les modes idéologiques du moment.

Je vois également ressurgir le discours de la stratégie du choc, de l'utilisation de la peur pour contrôler la population mais je ne vois personne parler de l'utilisation du plaisir pour contrôler la population. Nous avons une tendance naturelle à nous méfier de la tyrannie, nous pouvons la sentir venir mais il semblerait que nous ne soyons pas équipé d'un module pour détecter les dangers de la liberté. Tous ces discours sur le contrôle ne portent que sur une moitié du problème.

1984 est cité partout sur les réseaux sociaux alors que nous sommes plus proche du monde d'Huxley.
Les gens craignent 1984 pour mieux se jeter dans les bras de l'autre modèle, qu'ils appellent liberté. Ils se laissent impressionner par un contrôle totalitaire caricaturale à la soviétique, d'où cette inquiétude en rapport avec le crédit social.

Là où Orwell est visionnaire, c'est sur la Novlangue et l'opposition contrôlée (la rébellion elle même fabriquée par le système pour surveiller les dissidents) et pas de bol, la Novlangue arrive non pas à cause du gouvernement mais à cause des activistes de gauche qui citent souvent Orwell. Pour tout le reste, Huxley à raison. Sauf pour l'eugénisme. Notre société semble bien décidé à fabriquer des détritus humains à cadence industrielle plutôt que d'améliorer l'espèce.

Pour résumer, notre système est la synthèse des deux en reprenant principalement ces points:

- Pas de censure de l'information directe mais une disparition de la vérité, une relativisation de tout par un flot incessant de divertissement et d'information poubelle afin de perdre le vrai dans un océan d'inutilité.
- Une manipulation du langage et du symbolique pour faire avancer les choses dans le sens voulu et détruire le passé. Tous les changements dans le langage et la culture que vous voyez ne s'adressent pas à vous, mais aux enfants et aux générations à naitre. Il s'agit d'un effacement programmé d'un modèle de comparaison, vous résistez alors que vous n'êtes même pas la cible. Ces victoires symboliques sont un investissement à long terme. Quand nous serons morts, il ne restera personne pour parler de ce que qu'était le monde avant et ce, alors que notre génération est déjà bien enfoncée dans la médiocrité et les lacunes historiques.
- Un contrôle de la population par le plaisir et une sexualité omniprésente réduisant l'existence humaine à un shoot de dopamine au détriment de l'intériorité.
- Le soma de Huxley qui est une petite pilule à prendre pour instantanément se sentir heureux. Divertissement à outrance, banalisation des drogues, consommation sans compter la psychiatrie occidentale et le business du bonheur. Tout individu malheureux devient suspect ou malade.
- L'impossibilité du débat par le triomphe de la sensibilité subjective sur la vérité objective. Certains appellent ça la politesse ou l'intelligence sociale.

Les gens ont vécu ça depuis leur naissance mais commencent à hurler au totalitarisme parce qu'il ne pourront plus aller au restaurant. Ils ne savent pas que le totalitarisme n'a pas forcément le visage d'Hitler ou de la Chine et qu'il peut avoir un goût sucré.

Voilà donc la redpill: La réalité, c'est que la véritable liberté n'intéresse pas grand monde. Le débat actuel est plutôt un débat sur les modalités de la vie en prison, l'une étant sans doute plus enviable que l'autre, je ne le conteste pas.
Mais l'utilisation du mot liberté est abusive car nous passons en réalité notre temps à la fuir. La véritable liberté est un poids insoutenable pour l'individu moyen. Lorsque quelqu'un vous parle d'une réduction de sa liberté, traduisez immédiatement liberté par privatisation des plaisirs, partage des efforts et des responsabilités.