Pour les policiers de la BRP, ces « Loubna » et ces « Chaima » – qui se disent « escorts » et non prostituées – sont le prolongement naturel de celles qu’ils surnomment les « michetonneuses » : de jeunes Beurettes qui gravitent dans les boîtes de nuit orientales et les cafés à chichas, dans l’espoir de se faire entretenir par un footballeur ou un riche Saoudien. Sur leur profil Facebook, certaines n’hésitent pas à poster des photos d’un éventail de billets artistiquement disposés sur le lit, à côté d’un sac Chanel et de chaussures Louboutin. Comme les caïds exposent leurs armes.
Grandies à l’ombre des barres HLM, oppressées par un système profondément patriarcal, ces gamines voient dans la prostitution une forme d’indépendance. Le phénomène Zahia a fait beaucoup de mal, note une capitaine de la BRP. C’est la “pretty woman” des cités, l’héroïne de cette génération perdue pour qui tapiner est juste un ascenseur social. »