Dorénavant, l’Internet est une chose trop sérieuse pour être laissée dans des mains privées.
Au début, les autorités l’ont joué à l’occidentale : renforcement de la réglementation anticoncentration, amendes, convocation. Elles passent maintenant à la vitesse supérieure. Après l’effacement symbolique de sa figure tutélaire, Pékin a décidé de nationaliser sa création. C’est comme si Washington, lassé des discours monocordes de Mark Zuckerberg défendant sa cause devant le Congrès des Etats-Unis, avait décidé de l’envoyer jardiner à la campagne, pendant que l’Etat récupérait à son compte les données des milliards d’utilisateurs Facebook.
Déluge de données
Ce mouvement est fondamental et traduit la conviction des hommes du président Xi Jinping que l’ensemble de l’économie et de la société est en train de se structurer autour du numérique. Et donc que c’est à l’Etat d’organiser cette mutation. De la même façon qu’après la guerre la France a nationalisé la production d’électricité et les mines de charbon. La floraison d’initiatives privées, avec l’avènement de géants comme Alibaba, Tencent, Baidu, a montré le chemin.
Aujourd’hui, la Chine est la puissance la plus numérisée de la planète, que ce soit dans le commerce, les paiements ou la vie sociale. Avec le déluge de données que cela implique. Selon le cabinet IDC, en 2025, le pays concentrera un tiers des données mondiales, 60 % de plus qu’aux Etats-Unis. Il faut à présent mettre de l’ordre dans toutes ces informations qui ne sont pas standardisées afin d’en faire profiter la société, améliorer les services publics et la santé des citoyens.