Je suis si fatigué

La vie s'évapore si vite...
Il n'y a pas de vie sans expérience. J'ai tout caché dans un coin en attendant de rever, de renaitre, mais tout ce que j'ai récolté fut des fleurs fanées par le temps évaporé...
J'ai si soif. Tous les tourments que je me suis infligé en refusant de boire. Je ne pourrais pas les compter. Compter ces années perdues. Compter la douleur à errer nulle part, sous les cendres brûlantes des morts qui ne parlaient plus. Des vivants qui ne visitaient plus.
Tout s'estompe. Les couleurs se délavent. La vie se retire comme dans un éclair à la cime du bonheur, et tout prend feu.
Et nous brulons tous. Nous semblons bruler pour toujours.
Et pourtant, la vie s'évapore toujours. Comme une eau bienfaitrice qui s'écharpe entre nos mains calcinées. Dévorées par la haine et la souffrance.
Je ne peux plus rien saisir. Je suis si fatigué...
J'abandonne et tout vient fleurir auprès de moi. Je verse des larmes de reconnaissance et d'impuissance.
Comme la vie est belle et comme je l'ai mal vécue.
Le bruit de l'eau et les caresses du vent que je n'ai jamais compris. Je sais maintenant que je ne suis plus seul. Nature, m'entends-tu ? Nature me réponds-tu ?
Non, bien sur que non. Nous sommes seuls. Pour l'éternité. Mais désormais je vois que tu existes, je sens ta présence. Je te caresse et je te chéris de toutes mes insuffisances. Je te regarde et je ne vois rien d'autre qu'un abime effrayant qui me renvoi inlassablement à mon propre reflet.
Mais suffit de regarder. Suffit d'espérer. Des chimères amères décorées de mes traits. Tout est altérité. Tout est laid et insupportable.
Seulement il faut ouvrir les bras à présent. Excuser la maladie. Excuser la souffrance. Excuser toutes les horreurs. Tout prendre et tout serrer.
Et nous verrons à nouveau les bourgeons fleurir. Quand cela importait à un cœur riant. Quand la jeunesse embrassait tout et effaçait tout.
Comme lorsque nous étions innocents malgré tout. On a grandi et on a compris. Toutes ces erreurs qui ont tout flétri à l'intérieur. La glace qui a remplacé la chaleur.
Et je me suis si perdu si longtemps que je ne sais plus si j'aurais encore la force antérieure de retrouver celui que j'étais.
D'ouvrir mes bras morts dans le charnier bruyant du monde. J'ai peur et j'ai mal.
C'est si dur de vous accueillir et de ne plus haïr. Pour cueillir enfin les graines nées du désert. Le monde fleurit à mes pieds, je le vois à présent.
Mais je n'aurais sans doute jamais la force de me baisser. Tant de pitié envers moi-même. Mourir la sans n'avoir jamais rien réalisé.
La vie s'évapore si vite mes amis... je vous tendrais mes mains, et nous la partagerions. Vous la gâcheriez surement.
Mais qu'importe alors.
Car c'est la vie et il n'y a pas de vie sans expérience. J'ai tout perdu, mais l'essentiel, c'est que tout s'est disséminé dans d'autres mains, et ainsi le monde tournera et je tournerai pour toujours avec lui.

va te faire voir avec ton pavé

Merci mes frères, après avoir écrit cela, même vos insultes ne sont pour moi que félicité. Car c'est la vie, je prends tout. Pour vivre.