2. « Mais que représente vraiment le Web, pour nous et pour notre identité ? Est-ce un monde à part ou bien un complément dorénavant indispensable à cette dernière ?
[…]
Souvent, nous imaginons les commentaires sur les réseaux sociaux comme des fleuves composés des mêmes gouttes d'eau. Mais tout cela ressemble davantage à un lac, couvert d'innombrables gouttes d'huile : au lieu de se fondre dans l'eau, elles parviennent seulement à montrer qu'elles existent individuellement, sans qu'elles aient réellement un poids. Elles se ressemblent entre elles, c'est vrai, mais pas assez. (T. L., pp. 69-70)
[…]
[Réponse:] Or il y a maintenant deux mondes [hors ligne et en ligne], extrêmement distincts l'un de l'autre […]. Ces deux mondes supposent des principes et des règles de comportement différents, des lignes différemment tracées entre "ce que nous devrions faire" et "ce que nous devrions nous abstenir de faire", différents langages et codes comportementaux recommandés, utilisés, enseignés et appris. Et pourtant, nous sommes tenus d'habiter dans les deux : de diviser nos heures, nos jours (nos vies?) entre deux univers, deux codes comportementaux, deux modes de cohabitation et d'interaction distincts. (Z. B., p. 76) »
L’accès à internet n’est pas une course vers plus de lumières, un élargissement des horizons, la découverte de croyances et d’attitudes que jusque-là nous ignorions, pas plus que vers le dialogue avec celles-ci qu’appelle l’« habitat démocratique idéal ». La plupart des travaux de sciences sociales montrent qu’une majorité d’utilisateurs d’internet n’est pas tant séduite par la possibilité de l’accès que par celle de la sortie. Cette seconde possibilité s’est révélée jusqu’ici plus tentante , elle est bien plus utilisée pour bâtir des abris que pour faire tomber des murs et ouvrir des fenêtres : pour se ménager une « zone de confort », à l’écart du chaos, du désordre du monde réel, des défis à l’entendement et à la tranquillité de l’esprit , pour se prémunir du besoin de converser avec des personnes dont les opinions, parce qu’elles diffèrent des nôtres et sont mal comprises, nous agacent ou nous contrarient – et donc pour fuir la nécessité d’entrer dans une discussion et de risquer une défaite. Par le simple expédient consistant à éliminer du réseau les hôtes importuns, ou à leur barrer l’accès, internet permet un « splendide isolement » qui, dans le monde hors ligne, est purement et simplement inconcevable et irréalisable (essayez seulement de faire cela dans la rue, dans votre quartier, à votre travail…). Au lieu de servir la cause de l’intégration, de la compréhension mutuelle, de la coopération, de la solidarité humaines, sur le plan quantitatif comme qualitatif, internet facilite la pratique de la clôture, de la séparation, de l’exclusion, de l’inimitié et du conflit.
Utilise ces deux citations de bauman pour rajouter de la substance à ta conclusion.
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