La propagande à l'école selon Jean Raspail
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Épargnez-vous les analyses de Zemmour ou de Renaud Camus : Jean Raspail avait déjà tout dit dans Le Camp des Saints dès 1973. En contemplant la plage, cet écrivain-aventurier épri des peuples menacés eût cette inspiration géniale : "Et s'ils débarquaient ? Notre civilisation aurait-elle encore la force morale d'y résister ?" Il imagina les réactions de chaque composante de la société dans un tel cas et il s'avère que son imagination était incroyable juste.
Voici un passage sur la propagande insidieuse à l'école que je trouve particulièrement prophétique :
Trente-deux mille sept cent quarante-deux instituteurs découvrirent, à la même seconde, le sujet de la rédaction du lendemain : « Décrivez la vie, à bord des navires, des malheureux passagers de l’armada, développez vos sentiments à leur égard en imaginant, par exemple, que l’une de ces familles désespérées vient vous demander l’hospitalité. » Imparable ! Le cher petit ange a l’âme naïve et le coeur sensible des enfants, il va tartiner sur quatre pages un pathos infantile à faire pleurer les concierges, il sera premier, on lira sa copie en classe et tous les copains enrageront d’avoir compté trop chichement leurs larmes.
C’est ainsi qu’on fabrique les hommes, aujourd’hui. Car l’affreux lardon sans entrailles, celui qui a justement tout pour réussir dans la vie, est bien obligé de s’y mettre aussi puisque les enfants ont horreur de se singulariser. II lui faut bien suivre le train et suer hypocritement sur la même rédaction vachement humanitaire. Il y brillera aussi, car il est doué, et finira même par y croire à la longue car ces gosses-là ne sont jamais mauvais, mais simplement originaux, force perdue. L’un comme l’autre rentreront chez eux, tout fiers de la belle rédaction.
Le père connaît la vie. Ayant lu le chef-d’oeuvre à 20 sur 20, tout effrayé qu’il soit, s’il a de l’imagination, à l’idée de cette famille étrangère de huit personnes dans son trois pièces-cuisine, il la bouclera, tout bonnement. On ne doit pas décevoir les petits anges, on ne doit pas les scandaliser, on ne doit pas souiller la pureté de leurs sentiments, quitte à en faire plus tard d’incurables couillons. Englué dans une lâche tendresse, le père tapotera la joue rougissante de plaisir du petit ange, en se disant que c’est un bon petit et qu’après tout, qui sait si la vérité ne sort pas justement de la bouche des innocents.
La mère reniflera dans son mouchoir, l’oeil humide d’amour maternel comblé. Qu’arrivent, un matin, les affamés à leur porte, en admettant que ce fût possible, et voilà une famille foutue ! Peut-être fuira-t-elle plutôt que d’ouvrir les bras, en dépit de la prose prophétique du petit ange téléguidé, car le coeur occidental n’est au fond qu’illusion, mais elle aura, dans tous les cas, perdu la force et la volonté de dire : non ! Multipliez par un million de rédactions bêtifiantes approuvées par un million de pères avachis, cela peut donner, au total, un climat général tout à fait pourri. Peut-être est-ce une explication... Sept mille deux cent douze professeurs de lycée se promirent en même temps d’ouvrir leur cours du lendemain par un débat sur le racisme.
En 2005, la chanson « Lily » de Pierre Perret fût présentée au Baccalauréat de français, chanson dont il était indiqué qu’elle avait valu à son auteur le prix de la Licra : les candidats devaient produire un texte
« d’invention » dénonçant le racisme subi par la Somalienne à son arrivée en France. Cette chanson est enseignée dès l’école primaire puis une nouvelle fois au collège…
https://youtu.be/urVfi9Yswaw
Au terme de sa « démocratisation », l’école est devenue une entreprise de formatage chargée d’inculquer les jugements conformes, standardisés, cyniquement présentés comme les productions d’un citoyen qui aurait appris à « penser par lui-même ». On ne s’étonnera donc pas que les adolescents s’en prennent à une société qu’on leur présente comme injuste, inégalitaire, raciste, haineuse.
Lorsque leurs parents appartiennent à un milieu social qui représente à leurs yeux « l’ordre social », la révolte contre leurs parents prendra tout naturellement la forme d’une révolte contre l’injustice et produira l’adhésion à des mouvements favorables aux minorités et aux « exclus » (immigrés, chômeurs, homosexuels…). C’est ainsi que beaucoup de jeunes issus de la bourgeoisie, ressentant à l’adolescence une forte empathie pour les exclus, adoptent, par rejet de leur famille, des conduites culturellement régressives (tatouages, dégradation du vêtement, adhésion à la culture des banlieues, etc.).
A valu à Jean Raspail des poursuites par la LICRA
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Données du topic
- Auteur
- Houellebecqued
- Date de création
- 11 mars 2021 à 10:46:08
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