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À la veille de la mort de Paul, le contexte géopolitique est extrêmement favorable à la France et inversement, catastrophique pour les Britanniques. La raison principale à cela est la position de l'empereur russe : membre de la Coalition contre la France révolutionnaire en 1799, une succession d'évènements va peu à peu le rapprocher de Paris et l'éloigner de Londres. À commencer par le coup d'état de Bonaparte, qui, aux yeux de Paul, met fin au chaos en France. Le pays, à présent doté d'un dirigeant autocratique, ne lui apparaît plus menaçant ni instable et les raisons de lui faire la guerre s'amenuisent. En outre, les Russes sont furieux du traitement de leurs soldats par leurs alliés Britanniques lors de la campagne néerlandaise de 1799 et agacés de l'occupation de Malte.
Début 1801, Russie et Royaume-Uni sont au bord de la guerre ouverte, au point que Paul et Napoléon étudient sérieusement un projet d'invasion terrestre franco-russe des Indes anglaises. Par ailleurs Saint-Pétersbourg, conjointement avec la Prusse, le Danemark et la Suède, prend part à la Seconde Ligue de Neutralité, qui rassemblent les nations excédées par l'attitude de la Royal Navy sur les mers. Après la signature par l'Autriche de la paix de Lunéville, le Royaume-Uni se retrouve sans aucun allié de poids. Au-delà de la question diplomatique, les côtes de la Baltique sont le réservoir vital de la Royal Navy en matières premières : il est tout simplement hors de question de laisser cet espace entres des mains hostiles. Jouant une dernière carte, on envoie Nelson attaquer Copenhague le 2 avril pour tenter de ruiner la Ligue et se donner de l'air.
C'est alors que survient la nouvelle de la mort de Paul. Les Danois acceptent les termes britanniques, la Ligue s'effondre et on connaît la suite des événements. Mais que se serait-il passé si Paul n'était pas mort ?
Le plus évident et immédiat est que, sous la pression maintenue de l'empereur russe, la Ligue ne s'effondre pas. Nelson tente de pousser son avantage par un coup de force et, fin avril, se présente avec 25 vaisseaux de ligne devant la base de la flotte russe à Kronstadt en vue de l'anéantir. C'est un échec, les bâtiments russes étant inaccessibles. À Saint-Pétersbourg on goûte très peu ces manières et l'idée de la guerre fait son chemin. À Londres, on est dans une impasse totale et on n'a d'autre choix que d'entamer en catastrophe des pourparlers avec Paris et de lâcher l'encombrant allié ottoman pour éviter de se retrouver face à une insurmontable alliance franco-russe.
Les vieilles ambitions russes sur Constantinople passent soudainement du fantasme à une réalité crédible. Dès l'été 1801, la Russie déclare la guerre à la Porte. Les armées de Paul n'ont aucun mal à écraser les désuètes troupes ottomanes et s'avancent rapidement en Valachie. Le sultan n'a d'autre choix que de dégarnir en catastrophe le front égyptien pour leur barrer la route. La France parvient à conserver l'Égypte. Mieux : avec Londres hors course, elle peut y déployer à loisir des renforts et lancer une nouvelle campagne en Syrie, grâce à l'appui de la flotte d'Ouchakov.
Dans le même temps, la Campagne d'Inde est lancée comme il était prévu. Selon le plan historique, 35 000 Français sous les ordres de Masséna se joignent à 35 000 Russes à l'embouchure de la Volga, traversent la mer Caspienne, l'Afghanistan et arrivent en Inde vers la fin de l'été. Si les pertes au cours du périple sont effroyables, l'Armée d'Orient bat aisément les Durranis et les Marathes pour s'ouvrir la voie vers le sud du sous-continent. Les Britanniques renforcés et commandés par Wellesley sont une autre affaire, mais restent numériquement et qualitativement inférieurs, d'autant que Masséna peut compter sur un soutien populaire conséquent en pays dravidien, notamment au Mysore. L'Enfant chéri de la Victoire écrase en une ou deux batailles celui qui ne sera jamais Duc de Wellington et qui n'a, contrairement à leur rencontre historique au Portugal, nul abri défensif où se terrer. Début 1802, les Franco-Russes ont chassé l'Anglois de l'Inde.
Ces bonnes nouvelles encouragent le Premier Consul à en finir définitivement avec la Perfide et table sur une invasion directe. Dans notre réalité, le projet, irréaliste, se termine à Trafalgar. Mais ici, il est largement plausible. La Royal Navy a beau avoir toutes les qualités qu'on lui connaît, affronter les flottes combinées de la France, de l'Espagne, de la Russie et du Danemark serait une très rude épreuve. D'autant que Paris, serein sur le continent (l'Autriche ne bougera pas sans soutien russe), a tout le loisir de se consacrer au renforcement de sa flotte. Au cours de l'année 1802, la Royal Navy commence à étouffer face au blocus de la Ligue. La production de vaisseaux est à l'arrêt, le manque entretien devient préoccupant. Nelson est chassé de la Baltique, tandis qu'Ouchakov et Tréville, à la tête d'une armada Franco-hispano-russe, mènent une campagne méthodique qui sécurise la Méditerranée. La Manche est dégagée l'année suivante et, le 6 juin 1803, les Français débarquent sur les plages anglaises. Londres tombe deux semaines plus tard.
Lorsque Paul meurt pour de bon en 1806, Napoléon domine un empire colossal. Le traité de Paris de 1803 lui a offert l'Inde, le Canada, le Proche-Orient et l'Australie. L'Espagne a repris Gibraltar, la Batavie l'Afrique du Sud.
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- Xxxpazxxxv43
- Date de création
- 11 mars 2021 à 00:47:32
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