Quand il prend le train, mardi 2 mars, à Perpignan, pour rejoindre Bordeaux, Jérémy, un trentenaire installé dans les Pyrénées-Orientales, est loin de se douter de ce qui l’attend. Son ex-petite amie Élodie qui habite Pessac l’a eu au téléphone la veille et lui a dit de venir pour avoir une explication. Car le jeune homme se montre toujours pressant et semble ne pas avoir accepté la séparation après sept ans de concubinage.
Mardi, il arrive vers 23 h 30 et est attendu par Élodie. Elle l’invite à monter dans son appartement. Jérémy ne se méfie pas, entre, et la porte se ferme derrière lui. Dans la même seconde, une pluie de coups de poing s’abat sur lui. Ce n’est que le début d’un calvaire qui durera deux heures. Deux hommes se trouvent face à lui. Rafik Azri et Hamadi Bahrouni, des connaissances d’Élodie. Ils le délestent de son portefeuille et de son téléphone portable. « Soit je te casse le bras, soit je te jette par-dessus le balcon », lance l’un des deux agresseurs.
Finalement, Jérémy est giflé et à nouveau frappé. Coups de tête, de poing et de pied sont assénés avec une force. La scène filmée avec un téléphone portable le montre prostré, la tête entre ses mains. C’est là que Rafik Azri prend une paire de ciseaux, lui coupe les cheveux et le pique à la nuque et sur le crâne.
Hamadi Bahrouni s’empare d’une tondeuse et lui rase une partie de la tête. Dans l’appartement, Élodie tarde à réagir. « J’aurai dû appeler les secours », reconnaît-elle devant le tribunal correctionnel qui juge le trio poursuivi dans le cadre d’une comparution immédiate pour séquestration, violences aggravées et complicité ayant entraîné une incapacité totale (ITT) de cinq jours. « En aucun cas j’aurai cru que cela parte aussi loin. Mais vous savez, dit-elle la voix tremblante, il me menace tout le temps. J’ai peur. »
« Soit je te casse le bras, soit je te jette par-dessus le balcon »
Un passage à tabac en règle
« Mais vous avez organisé ce traquenard à votre domicile », rappelle la présidente d’audience Cécile Savatier. « Vous pensiez vraiment que vous alliez faire une médiation tous ensemble ? » Rafik Azri, interrogé, dément avoir porté des coups. « Il est venu et a fait le malin. On devait parler gentiment au départ. Je reconnais lui avoir coupé les cheveux mais je ne suis pas fier de moi ».
Hamadi Bahrouni affirme être « le médiateur ». « Je l’ai frappé car il m’a insulté. La prochaine fois, je ne me mêlerai pas des affaires des autres », jure-t-il. Pour le premier vice-procureur Frédéric Kocher, « il s’agit d’un passage à tabac en règle d’un homme qui n’est certes pas un enfant de chœur. Le but était de le faire venir chez elle pour le recadrer. Il fallait le rabaisser plus bas que terre ». Seize mois de prison ferme sont requis à l’encontre des deux hommes assortis d’un mandat de dépôt et 8 mois dont 4 assortis d’un sursis probatoire avec mandat de dépôt contre Élodie. Cette dernière, défendue par Me Jean-Charles Goldstein, a vu cette peine confirmée mais elle n’a pas été écrouée. En revanche, les deux agresseurs ont été condamnés à un an de prison ferme et ont été incarcérés à l’issue de l’audience.
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