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C'était nuit de pleine lune. De celles qui peuvent accoucher du pire, plus rarement du meilleur. C'est l'un des gendarmes chargés de l'enquête qui est venu le raconter hier à la barre de la cour d'assises, à Aix. Alors, forcément, c'est le pire qui s'est produit. Deux amis, ou qui se prenaient pour tels, qui boivent. Trop, assurément trop. 1,46 g par litre de sang. L'un, qui, en ce 29 août 2010, à la fête votive de Lançon-de-Provence, va trop loin. Ose des propos déplacés à caractère sexuel sur Margaret, la compagne de Florin Postucancer, un maçon roumain. Jaloux et surtout à prendre avec des pincettes quand il a un coup dans le nez, Postu vole sur Danut Gavrila, roumain lui aussi. Pourtant, Danut est un colosse. Florin en a-t-il peur ? Il va lui porter un premier coup au visage, puis lui en asséner d'autres à l'aide d'un marteau. Cinq fractures au total. Florin ne se démonte pas. L'alcool aidant, il va transporter le corps dans sa voiture.
"J'ai paniqué"
C'est ensuite que les versions divergent. Il dira l'avoir abandonné en bordure du canal EDF. Ce sont deux promeneurs qui trouveront quelques jours plus tard le corps de Danut Gavrila. L'autopsie montrera que la victime est morte noyée par "inhalation d'eau dans un état comateux". Cinq pistes seront d'abord suivies par les gendarmes : celle d'une rixe entre ouvriers agricoles, celle d'un fou évadé de Montperrin, celle de la disparition inquiétante d'un marin turc, celle d'un homme qui aurait promené son fils en bordure du canal et la piste de SDF qui auraient fui d'un centre d'hébergement. La bonne était ailleurs. C'est l'entraide internationale avec la Roumanie qui va finalement aiguiller les enquêteurs sur la bonne voie, grâce aux empreintes digitales de Danut, déjà connu de la justice de son pays pour vols.
Dès sa garde à vue, Florin Postu passe aux aveux. Mais des aveux au rabais. Il reconnaît la bagarre, conteste avoir voulu le tuer. Dans le box des accusés, hier, un rien gêné aux entournures, chemise rayée et pantalon noir, Florin Postu a lâché hier : "Je pouvais l'emmener à l'hôpital. J'ai paniqué. Je suis pas un criminel, je suis pas un tueur. J'étais venu ici pour chercher du travail !" Depuis février 2011, date de son arrestation, il est en prison. Il encourt jusqu'à 30 ans de réclusion criminelle. Les soirs de pleine lune ne sont jamais de bon conseil.
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