Extrait d'une interview de Bonten Taro:
"Quand on me demandait un manga, même si je me disais que ce n'était pas possible car je travaillais déjà sur huit séries en même temps, j'avais cette angoisse de l'auteur novice qui a peur qu'en refusant, on ne lui propose plus de travail. Du coup, j'acceptais toujours.
La seule solution, c'était de diminuer mes heures de sommeil. Je devais dormir une heure par nuit. Mon record, c'est une semaine de nuits blanches.
Je ne sais pas si elle existe encore, mais il y avait dans le quartier de Knada un auberge appartenant aux édition Shûeisha, où les auteurs se rassemblaient pour dessiner quand ils étaient en retard. J'y croisais des auteurs comme Tezuka, ou Shigeru Komatsuzaki. Il y avait aussi un type appelé Takao Hashimoto.
Je dessinais, l'esprit embrumé, avec les yeux d'une sardine en putréfaction, et seule ma main bougeait. Un jour Hashimoto est venu à côté de moi et m'a dit: "Si tu te fais une injection de méthamphétamines, ça va te réveiller d'un coup et te donner des forces pour dessiner." Lui, il se faisait 100 à 200 injections par jour. Un jour, il est tombé d'un échafaudage et il est mort. A l'époque, tous les auteurs prenaient des méthamphétamines."
Il dessinait 200-300 pages par mois au moins, et il a tout arrêté en 1959 pour devenir tatoueur itinérant et tatouer des yakuzas.