Une société qui se présente comme «la moins mauvaise possible», tend logiquement à fonder l'essentiel de sa propagande sur l'idée qu'elle est là pour nous protéger de maux infiniment pires. C'est pourquoi, comme le fait remarquer Guy Debord dans ses «Commentaires sur la société du spectacle» (Editions Gérard Lebovici, 1988) une société libérale s'arrange généralement pour «être jugée sur ses ennemis plutôt que sur ses résultats».
C'est, par conséquent, toujours un drame idéologique pour elle, que de voir disparaître, avec le temps, telle ou telle figure historique du Mal absolu (comme avec la chute du Mur de Berlin, par exemple). Et comme la place du pire, ne doit jamais rester vide très longtemps, la propagande libérale se trouve dans l'obligation perpétuelle d'en découvrir de nouvelles incarnations, au besoin, cela va sans dire, en les fabriquant de toutes pièces.