Il y a au-dessus des émanations et de la fange des bas-fonds humains une humanité plus haute et plus claire, qui sera très petite par le nombre - car tout ce qui émerge est, par essence, rare. On en fait partie non parce qu'on serait plus doué ou plus vertueux ou plus héroïque ou plus aimant que les hommes d'en bas, mais parce qu'on est plus froid, plus clair, plus large de vues, plus solitaire, parce qu'on supporte, préfère, exige la solitude comme bonheur, comme privilège, même comme condition d'existence, parce qu'on vit parmi les nuées et les éclairs comme parmi ses semblables, mais aussi sous les rayons du soleil, les gouttes de rosée, les flocons de neige et tout ce qui vient nécessairement d'en haut et qui, lorsqu'il bouge, ne bouge éternellement que dans la direction du haut vers le bas.
Les aspirations vers les hauteurs ne sont pas les nôtres. Les héros, les martyrs, les génies et les enthousiastes ne sont pas assez calmes, patients, fins froids et lents pour nous.