Topic de JeanKevDu69 :

Julius Evola

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Dans le monde moderne, il est deux facteurs qui empêchent de comprendre le sens qu’avait la spiritualité dans notre tradition la plus ancienne : le premier est le caractère abstrait de notre culture ; le second est l’exaltation d’une force dénuée de lumière.

D’un côté, il est des gens qui identifient l’esprit à la simple érudition de bibliothèque ou d’amphithéâtre universitaire, aux jeux intellectuels de la philosophie, à l’esthétisme littéraire ou vaguement mystique. De l’autre, les jeunes générations ont fait du sport une véritable religion et ne voient rien d’autre que l’ivresse d’une séance d’entraînement, d’une compétition et d’un exploit physique : elles ont donc fait du sport un but et une idole au lieu d’en faire un moyen.

Cette opposition apparaît même à certains comme une sorte de dilemme. En fait, de même que, chez « l’homme cultivé », il y a souvent une répugnance innée pour toute espèce de discipline physique, ainsi, chez les sportifs, la sensation de la force physique alimente souvent un mépris pour ceux qui, dans les « tours d’ivoire », s’en tiennent aux livres et à d’inoffensives batailles de mots.

En réalité, ce sont là deux erreurs, toutes deux fruits de la décadence moderne, toutes deux étrangères à la vision héroïque de l’esprit qu a constitué l’axe de notre meilleure tradition classique .

On oublie trop souvent que la spiritualité est essentiellement un mode de vie et qu’elle n’est pas déterminée par ce qu’on a emmagasiné de notions, d’idées, de théories, mais par ce qu’on a réussi à faire vibrer dans les courants de son sang, et qui se traduit ainsi par une supériorité par une profonde noblesse de l’âme et du corps lui-même.

C’est à ce point de vue qu’il est possible de comprendre une discipline qui, même si elle concerne les énergies corporelles, ne commence et ne finit pas avec elles, mais est un moyen de réveiller une spiritualité vivante, organique, dans le cadre d’une discipline de caractère supérieur ou intérieur

Méditations du haut des Cimes, Julius Evola

Chez l’ascète, cette discipline est présente de façon pour ainsi dire négative. Chez le héros, en revanche, elle apparaît d’une façon positive, affirmative, qui est propre à l’Occident. La victoire intérieure sur les forces les plus profondes qui font surface dans la conscience dans les moments de tension ou de danger mortel est la condition du triomphe dans un sens extérieur, mais c’est aussi le signe d’une victoire de l’esprit sur l’esprit et d’une transfiguration intérieure. De là vient que, dans l’antiquité, le héros et l’initié furent pareillement auréolés de sacré et que des figures de héros furent considérées comme des symboles d’immortalisation.

Mais dans la civilisation moderne, tout vise à étouffer le sens héroïque de la vie. Tout tend à la mécanisation, à l’embourgeoisement, à la grégarisation méthodique et prudente d’être insatiables et dont aucun ne se suffit lui-même. La communication avec les forces profondes et libres de l’homme et avec celles des choses et de la nature est rompue, le démon des métropoles pétrifie toute vie, syncope toute respiration, contamine toute source. Qui plus est, des idéologies pacifistes attisent le mépris des valeurs qui, à d’autres époques, servaient de base à une organisation sociale plus rationnelle et plus éclairée ; car, dans les anciennes communautés, le sommet de la hiérarchie était occupé par la caste de l’aristocratie guerrière, tandis qu’aujourd’hui, dans les utopies pacifistes et humanitaires, on cherche à faire du guerrier une sorte d’anachronisme, un être dangereux et nuisible, qui, dans l’avenir, sera éliminé par une prophylaxie opportune, au nom du « progrès ».

Étouffée, la volonté héroïque cherche d’autres voies, d’autres issues, à travers le filet des intérêts pratiques, des passions et des convoitises, qui se resserre chaque jour davantage. L’excitation que provoque le sport chez les modernes en est une expression. Mais la volonté héroïque doit être ravivée, reprendre de nouveau conscience d’elle-même et s’élever au-delà des limites de la matérialité.

Source du second extrait ? :(

Le 09 janvier 2021 à 23:59:55 data75 a écrit :
Source du second extrait ? :(

C'est la suite du premier

Dans la situation politique actuelle, dans un climat de démocratie et de « socialisme », les conditions obligatoires du jeu sont telles que l’homme en question ne peut absolument pas y prendre part s’il admet ce que nous avons dit, à savoir qu’il n’y a aujourd’hui aucune idée, aucune cause ni aucun but qui mérite que l’on engage son être véritable, aucune exigence à laquelle on puisse reconnaître le moindre droit moral et le moindre fondement en dehors de ce qui, sur le plan purement empirique et profane, découle d’un simple état de fait. Mais l’ « apoliteia », le détachement, n’entraîne pas nécessairement des conséquences particulières dans le domaine de l’activité pure et simple.

Nous avons parlé de l’ascèse consistant à s’appliquer à la réalisation d’une tâche déterminée, par amour de l’action en elle-même et dans un esprit de perfection impersonnelle. En principe, il n’y a pas de raison d’exclure ici le domaine politique et de ne pas l’envisager comme un cas particulier parmi beaucoup d’autres, puisque le genre d’action dont nous venons de parler ne requiert aucune valeur objective d’ordre supérieur, ni aucune impulsion provenant des couches émotives et irrationnelles, de l’être. Mais si l’on peut éventuellement se consacrer de la sorte à une activité politique, il est clair que puisque seuls importent l’action en soi et le caractère entièrement impersonnel de cette action, cette activité politique ne peut offrir, pour qui voudrait s’y livrer, une valeur ni une dignité plus grandes que si l’on se consacrait, dans le même esprit, à des activités tout à fait différentes, à quelque absurde œuvre de colonisation, à des spéculations boursières, à la science, et l’on pourrait même dire – pour rendre l’idée crûment évidente – à la contrebande d’armes ou à la traite des blanches.

Telle qu’elle est conçue ici, l’ « apoliteia » n’impose aucun préalable spécial sur le plan extérieur, n’a pas nécessairement pour corollaire un abstentionnisme pratique. L’homme vraiment détaché n’est ni l’outsider professionnel et polémiste, ni l’ « objecteur de conscience », ni l’anarchiste. Après avoir fait en sorte que la vie, avec ses interactions, n’engage pas son être, il pourra éventuellement faire preuve des qualités du soldat qui, pour agir et accomplir une tâche, n’exige auparavant aucune justification transcendante ni aucune assurance quasi théologique quant à la justice de la cause. Nous pourrions parler dans ce cas d’un engagement volontaire concernant la « personne » et non l’être, engagement en vertu duquel on reste isolé même en s’associant. Nous avons déjà dit que le dépassement positif du nihilisme consiste précisément en ce que le manque de signification ne paralyse pas l’action de la « personne ». Il devient seulement exis-tentiellement impossible d’agir sous l’emprise et l’impulsion d’un quelconque mythe politique ou social actuel, parce que l’on a considéré comme sérieux, significatif ou important ce que représente toute la vie politique actuelle. L’ « apoliteia », c’est l’irrévocable distance intérieure à l’égard de la société moderne et de ses « valeurs », c’est le refus de s’unir à celle-ci par le moindre lien spirituel ou moral. Ceci étant bien établi, les activités qui, chez d’autres, présupposent au contraire l’existence de ces liens, pourront être exercées dans un esprit différent. Il reste en outre la sphère des activités que l’on peut faire servir à une fin supérieure et invisible, comme nous l’avons indiqué par exemple à propos des deux aspects de l’impersonnalité et de ce que l’on peut retenir de certaines formes de l’existence moderne.

Un point particulier mérite d’être précisé : cette attitude de détachement doit être maintenue même à l’égard de la confrontation des deux blocs qui se disputent aujourd’hui l’empire du monde, l’ « Occident » démocratique et capitaliste et l’ « Orient » communiste. Sur le plan spirituel, en effet, cette lutte est dépourvue de toute signification. L’ « Occident » ne représente aucune idée supérieure. Sa civilisation même, basée sur une négation essentielle des valeurs traditionnelles, comporte les mêmes destructions, le même fond nihiliste qui apparaît avec évidence dans l’univers marxiste et communiste, bien que sous des formes et à des degrés différents.

Chevaucher le Tigre, Julius Evola

Le 09 janvier 2021 à 23:52:22 :
Chez l’ascète, cette discipline est présente de façon pour ainsi dire négative. Chez le héros, en revanche, elle apparaît d’une façon positive, affirmative, qui est propre à l’Occident. La victoire intérieure sur les forces les plus profondes qui font surface dans la conscience dans les moments de tension ou de danger mortel est la condition du triomphe dans un sens extérieur, mais c’est aussi le signe d’une victoire de l’esprit sur l’esprit et d’une transfiguration intérieure. De là vient que, dans l’antiquité, le héros et l’initié furent pareillement auréolés de sacré et que des figures de héros furent considérées comme des symboles d’immortalisation.

Mais dans la civilisation moderne, tout vise à étouffer le sens héroïque de la vie. Tout tend à la mécanisation, à l’embourgeoisement, à la grégarisation méthodique et prudente d’être insatiables et dont aucun ne se suffit lui-même. La communication avec les forces profondes et libres de l’homme et avec celles des choses et de la nature est rompue, le démon des métropoles pétrifie toute vie, syncope toute respiration, contamine toute source. Qui plus est, des idéologies pacifistes attisent le mépris des valeurs qui, à d’autres époques, servaient de base à une organisation sociale plus rationnelle et plus éclairée ; car, dans les anciennes communautés, le sommet de la hiérarchie était occupé par la caste de l’aristocratie guerrière, tandis qu’aujourd’hui, dans les utopies pacifistes et humanitaires, on cherche à faire du guerrier une sorte d’anachronisme, un être dangereux et nuisible, qui, dans l’avenir, sera éliminé par une prophylaxie opportune, au nom du « progrès ».

Étouffée, la volonté héroïque cherche d’autres voies, d’autres issues, à travers le filet des intérêts pratiques, des passions et des convoitises, qui se resserre chaque jour davantage. L’excitation que provoque le sport chez les modernes en est une expression. Mais la volonté héroïque doit être ravivée, reprendre de nouveau conscience d’elle-même et s’élever au-delà des limites de la matérialité.

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JeanKevDu69
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9 janvier 2021 à 23:48:46
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