Cette redpill de Nietzsche
SuppriméOn pourrait citer chacune des pages tellement tout est toujours d'actualité
Non GF c'est ça ?
Le 12 janvier 2021 Ă 14:17:45 CurtSambael a Ă©crit :
Le 12 janvier 2021 Ă 14:16:13 michel_genial a Ă©crit :
C'est l'Ă©dition folio ?
Ah oui, très bonne traduction de Wotling.
Perso je le lis en ligne https://fr.wikisource.org/wiki/Par_del%C3%A0_le_bien_et_le_mal avec la traduction d'Henri Albert, la première trad française (bonne aussi).
https://fr.wikisource.org/wiki/Par_del%C3%A0_le_bien_et_le_mal
A-t-on observĂ© combien l’oisivetĂ© extĂ©rieure, ou une demi-oisivetĂ©, est nĂ©cessaire Ă la vraie vie religieuse (autant au microscopique travail favori de l’examen de soi qu’à cette douce rĂ©signation qui s’appelle « prière » et qui est une attente perpĂ©tuelle de la « venue de Dieu »), je veux dire cette oisivetĂ© avec une bonne conscience que l’on pratique dès l’origine et par tradition, non sans un certain sentiment aristocratique qui insinue que le travail dĂ©shonore, c’est-Ă -dire qu’il rend le corps et l’âme vulgaires ? A-t-on observĂ© que, par consĂ©quent, l’activitĂ© laborieuse des temps modernes, cette activitĂ© bruyante et fière qui utilise bĂŞtement chaque minute, prĂ©pare et dispose, mieux que tout le reste, Ă l’incrĂ©dulitĂ© ? Parmi ceux qui vivent aujourd’hui, par exemple en Allemagne, Ă l’écart de la religion, il y a des hommes de « libre pensĂ©e », d’origines et d’espèces diffĂ©rentes, mais, avant tout, une majoritĂ© de ceux dont l’activitĂ© a fait disparaĂ®tre, de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration, les instincts religieux, de sorte qu’ils ne savent plus du tout Ă quoi servent les religions et qu’ils n’enregistrent plus qu’avec une sorte d’étonnement apathique leur prĂ©sence dans le monde. Elles se trouvent dĂ©jĂ bien assez absorbĂ©es, ces excellentes personnes, soit par leurs affaires, soit par leurs plaisirs, pour ne point parler de la « patrie », de la lecture des journaux et des « devoirs de famille ». Il paraĂ®t qu’il ne leur reste plus du tout de temps pour la religion, encore qu’elles ne se rendent pas bien compte s’il s’agit lĂ d’une nouvelle affaire ou d’un nouveau plaisir, car il est impossible, se disent-elles, qu’on aille Ă l’église, rien que pour se gâter la bonne humeur. Elles ne sont pas ennemies des coutumes religieuses. Si l’État exige, dans certains cas, leur participation Ă ces coutumes, elles font ce qui leur est demandĂ©, comme on fait tant d’autres choses, — avec un sĂ©rieux patient et modeste, sans beaucoup de curiositĂ© ou de dĂ©plaisir. Elles vivent beaucoup trop Ă l’écart et en dehors de tout cela, pour juger qu’il est nĂ©cessaire de se prononcer pour ou contre. La plupart des protestants allemands, dans les classes moyennes, font aujourd’hui partie de ces indiffĂ©rents, soit qu’ils vivent dans les centres laborieux, industriels et commerciaux, soit qu’ils appartiennent au monde des savants et au personnel de l’universitĂ© (exception faite des thĂ©ologiens, dont l’existence et la possibilitĂ© donnent aux psychologues une Ă©nigme de plus en plus difficile Ă pĂ©nĂ©trer). Parmi les hommes pieux, ou simplement favorables Ă l’Église, on se fait rarement une idĂ©e de ce qu’il faut de bonne volontĂ©, on pourrait dire d’arbitraire, pour qu’aujourd’hui un savant allemand prenne au sĂ©rieux le problème de la religion ; de par toute sa profession (et, comme je l’ai indiquĂ©, de par son activitĂ© professionnelle, Ă quoi le contraint sa conscience moderne), il incline Ă une sĂ©rĂ©nitĂ© supĂ©rieure, presque bienveillante, Ă l’égard de la religion, une sĂ©rĂ©nitĂ© Ă laquelle se mĂŞle parfois un lĂ©ger mĂ©pris, Ă cause de la « malpropretĂ© d’esprit » qu’il suppose partout oĂą l’on appartient encore Ă l’Église. Ce n’est qu’à l’aide de l’histoire (donc nullement par son expĂ©rience personnelle) que le savant arrive Ă considĂ©rer les religions avec une gravitĂ© respectueuse, Ă avoir pour elles certains Ă©gards ombrageux. Mais quand mĂŞme il aurait Ă©levĂ© son sentiment pour la religion jusqu’à de la reconnaissance, personnellement, il ne se serait pas rapprochĂ© d’un pas de ce qui subsiste encore sous le nom d’Église ou de piĂ©tĂ©, peut-ĂŞtre, au contraire, s’en serait-il Ă©loignĂ©. L’indiffĂ©rence pratique Ă l’égard des choses religieuses, au milieu de laquelle il naquit, oĂą il fut Ă©levĂ©, se sublime gĂ©nĂ©ralement chez lui en circonspection et en propretĂ© intellectuelle, lesquelles craignent le contact avec les hommes et les choses de la reliÂgion. Et ce peut ĂŞtre prĂ©cisĂ©ment chez lui la proÂfondeur de sa tolĂ©rance et de son humanitĂ© qui lui fait Ă©viter le subtil pis-aller que les habitudes de tolĂ©rance entraĂ®nent avec elles. — Chaque Ă©poque possède son genre particulier de naĂŻvetĂ© divine, dont d’autres Ă©poques pourraient lui envier la dĂ©couverte. Et quelle naĂŻvetĂ©, quelle naĂŻvetĂ© vĂ©nĂ©rable, enfantine et maladroite au delĂ de toutes les limites il y a dans cette prĂ©tention du savant Ă se croire supĂ©rieur, dans cette tolĂ©rance avec une bonne conscience, dans la certitude, simple et imperturbable, avec laquelle son instinct traite l’homme religieux, comme un type infĂ©rieur et de valeur moindre, qu’il a lui-mĂŞme dĂ©passĂ© Ă tous les points de vue, — lui qui n’est qu’un petit nain prĂ©tentieux et populacier, ouvrier laborieux et appliquĂ©, dans le domaine des « idĂ©es », des « idĂ©es modernes » !
Le 12 janvier 2021 Ă 14:19:39 FragiluxxR a Ă©crit :
Le 12 janvier 2021 Ă 14:17:59 CurtSambael a Ă©crit :
Le 12 janvier 2021 Ă 14:16:58 FragiluxxR a Ă©crit :
c'est dans quel livre
tu peux donner la suite de la 1ère page que t'a posté stp
Nous, qui incarnons l’inverse, et qui avons ouvert l’œil et la conscience pour voir où et comment jusqu’à présent la plante « homme » a poussé et s’est élevée le plus vigoureusement, nous sommes d’avis que cela s’est produit à tout coup dans les conditions inverses, qu’il a fallu pour cela que le danger de sa situation commence par croître jusqu’à prendre des proportions formidables, qu’à la faveur d’une longue pression et d’une longue contrainte, sa faculté d’invention et de dissimulation (son « esprit » –) se développe jusqu’à la finesse et la témérité, que sa volonté de vie s’intensifie jusqu’à se faire volonté de puissance inconditionnée : – nous sommes d’avis que la dureté, la violence, l’esclavage, le danger dans la rue et dans le cœur, le repli dans la clandestinité, le stoïcisme, l’art de la tentative et de la tentation ainsi que l’astuce diabolique en tout genre, que tout ce qui est méchant, terrible, tyrannique, tout ce qui en l’homme relève de la bête de proie et du serpent sert tout autant à l’élévation de l’espèce « homme » que son contraire : – nous n’en disons même pas assez en ne disant que tout cela, et nous trouvons quoi qu’il en soit, en parlant et en gardant le silence ici, à l’extrémité opposée de toute idéologie moderne et de tout désir de troupeau : pour être leurs antipodes peut-être ? Quoi d’étonnant que nous, « esprits libres », ne soyons justement pas les esprits les plus communicatifs ? Que nous ne souhaitions pas trahir à tous égards de quoi un esprit peut se libérer et vers quoi il sera peut-être poussé ensuite ? Et pour ce qui est de la signification de la dangereuse formule « par-delà bien et mal », grâce à laquelle à tout le moins nous nous gardons d’être pris pour ce que nous ne sommes pas : nous sommes quelque chose d’autre que des « libres penseurs* », « liberi pensatori », « Freidenker », et ainsi de suite, quels que soient tous les noms que ces braves porte-parole des « idées modernes » aiment à se donner. Naguère chez nous dans de nombreux pays de l’esprit, ou ayant du moins été leurs hôtes ; sans cesse réchappés des agréables recoins renfermés où semblaient nous confiner préjugé d’amour ou de haine, jeunesse, ascendance, le hasard des hommes et des livres, ou même les fatigues de l’errance ; pleins de méchanceté envers les appâts de dépendance que cachent les honneurs, ou l’argent, ou les fonctions, ou les enthousiasmes des sens ; reconnaissants même envers la misère et la maladie prodigue en retournements, parce qu’elle nous détache toujours de quelque règle et de son « préjugé », reconnaissants envers Dieu, le diable, le mouton et le ver qui nous habitent, curieux jusqu’au vice, chercheurs jusqu’à la cruauté, pourvus de doigts sans scrupules pour saisir l’insaisissable, de dents et d’estomacs pour digérer ce qu’il y a de plus indigeste, prêts à tout métier qui exige une perspicacité aiguë et des sens aiguisés, prêts à toute entreprise risquée en vertu d’un excédent de « volonté libre », pourvus d’âmes d’avant-scène et d’âmes de coulisse dont nul ne percera aisément les intentions ultimes, d’avant-scènes et de coulisses que nul pied ne pourrait parcourir jusqu’au bout, cachés sous des manteaux de lumière, conquérants bien que paraissant héritiers et dissipateurs, classificateurs et collectionneurs du matin au soir, avares de notre richesse et de nos tiroirs archicombles, apprenant et oubliant avec économie, inventifs en schémas, parfois remplis d’orgueil par nos tables des catégories, parfois pédants, parfois oiseaux de nuit au travail jusqu’en plein jour ; et même, si besoin est, épouvantails – et aujourd’hui, besoin est : en ce que nous sommes les amis nés, jurés, jaloux de la solitude, de notre solitude propre, suprêmement profonde, qui nous est un suprême minuit, un suprême midi : – voilà l’espèce d’hommes que nous sommes, nous, esprits libres ! et peut-être êtes-vous aussi un peu cela, vous qui venez ? vous, philosophes nouveaux ?
Nietzsche est un gros con
Facile de glorifier la tragédie et la souffrance humaine quand on a eu la chance toute sa vie d'être un bourgeois éduqué
Si il était né misérable ouvrier, il n'aurait même jamais eu la chance de développer ses idées
Rappeler la conscience à la modestie nécessaire, c'est la prendre pour ce qu'elle est : un symptôme, rien que le symptôme d'une transformation plus profonde et de l'activité de forces d'un tout ordre que spirituel. "Peut-être s'agit-il uniquement du corps dans tout développement de l'esprit." Qu'est-ce que la conscience ? Comme Freud, Nietzsche pense que la conscience est la région du moi affectée par le monde extérieur. Toutefois la conscience est moins définie par rapport à l'extériorité, en termes de réel, que par rapport à la supériorité en terme de valeurs. Cette différence est essentielle dans une conception générale du conscient et de l'inconscient. Chez Nietzsche, la conscience est toujours conscience d'un inférieur par rapport au supérieur auquel il se subordonne ou "s'incorpore". La conscience n'est jamais conscience de soi, mais conscience d'un moi par rapport au soi qui, lui, n'est pas conscient.
Elle n'est pas conscience du maître, mais conscience de l'esclave par rapport à un maître qui n'a pas à être conscient. "La conscience n'apparait d'habitude que lorsqu'un tout veut se subordonner à un tout supérieur... La conscience naît par rapport à un être dont nous pourrions être fonction."
Telle est la servilité de la conscience : elle témoigne seulement de la "formation d'un corps supérieur."
Données du topic
- Auteur
- CurtSambael
- Date de création
- 12 janvier 2021 Ă 13:53:52
- Date de suppression
- 12 janvier 2021 Ă 14:46:13
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