[ALERTE] J'ai pris le TRAIN

J'ignore sa destination mais j'ai quand même eu le courage du désespoir de prendre ce train sans même en connaître sa destination - peut-on parler de courage quand le désespoir entre dans la danse - macabre -?
À vrai dire j'ignore volontairement sa destination.
Peut-être vers un monde nouveau.
En cet instant je suis bercé par les soubresauts du wagon sur les rails et le crépitement des gouttelettes. On distingue à peine le paysage tant cette pluie s'abat violemment sur les fenêtres du véhicule.
Mais la lumière chaude est rassurante.
Et cette solitude enfin réconfortante.

https://m.youtube.com/watch?v=aRwvWi1MYr0&t=8s

Premier controleur

Signale gouv terroriste

Le gars a pris le métro mdr

Je suce l’ip dans le chiotte du train

Tu vas te retrouver à Thionville tu vas rien comprendre

La cabine sent le bois verni.
Je ne saurais dire quel bois mais tant que ça ne sent pas le sapin, ça me va. L'ensemble est douillet. Je me sens bien. À ma place vers je-ne-sais-où. Cocasse.

Le trajet est long mais il me semble que rien ne pourrait influer sur mon humeur tant l'environnement est rassurant.
Tant l'espoir d'une nouvelle vie en deviendrait tangible.
Tant au dehors, maintenant que le jour s'est levé et la pluie a cessé, je perçois la nature animée et les arbres qui se tendent et se tordent vers le ciel pour être bénis par un timide Soleil.

ayaaa la subtilité du voyageur ignorant la destination
ahi la petite pique 39-45

Seul sur ma banquette imitation acajou, je songeais à l'avenir et me remémorais le passé.
Sempiternelle rengaine.
À 10 ans, impatient d'en avoir 16 et devant l'échec je rêvais d'en avoir 18, puis 20, puis 25. Peut-être jusqu'à la tombe.
Et entre temps, échec fatal.
Puis plus rien.
Cette nature m'aguichait comme mon ambition passée, annihilée, était devenue ma raison de vivre. La chute en fut d'autant plus rude. Là où certains vont vivre dans le passé, ivre de remords, j'avais vécu dans un futur en proie aux désillusions.

Reprenant le sens des réalités, je prenais conscience dans ma rationalité masculine que le train ne s'était pas arrêté une seule fois.
Des heures sur ces rails.
Et je n'avais pas fait l'effort de regarder mon horloge de poignet.
Sans escale, le trajet semblait irrationnel, le paysage s'embellissant à vue d'œil à chaque kilomètre.