Il m'est quelquefois arrivé de songer à ce qu'il aurait pu advenir de nous, si tu n'étais pas mort. Nous aurions foulé les rues blanches et pures, noires de monde, en nous frayant un chemin vers les chaleurs de l'après-midi.
Il y avait cette grande place, surplombant la ville, qui semblait tendre ses bras au divin, parcourue des lueurs du crépuscule, s'étendant longuement sur le sol jaune. Nous nous serions assis sur les ruines de ses murailles, en cherchant dans le ciel bleu une tâche de futur.
Qu'il était beau que deux jeunes gens comme nous puissent être assis sur ces ruines, âmes du passé, racines de notre cité, à parler d'avenir, qui me parait maintenant bien lointain.
Tu me l'aurais dit. Nous aurions pu courir à travers les venelles, sous les rires des mouettes et couleurs méditerranéenes. Nous serions monté dans le tramway vide, transpirants, aurions aggripé ces barres vertes de nos mains moites, et aurions serpenté à travers Montpellier. Il aurait fait grand soleil.
Tu aurais eu des lunettes noires, et une chemise verte : nous nous serions assis, dans le musée où nos regards se perdaient autrefois, surtout sur cette toile de Cabanel.
Le tramway semblait voler sur les rails : les gens discutaient, attablés devant leurs cafés, sous la lumière des réverbères. Le jour se mourait en empourprant les immeubles d'une dernière étincelle : pour toi, ce crépuscule fût comme un rideau que l'on clôt.
Tout ce que tu aurais fait, je l'ai écrit. Il ne me reste qu'entre les bras des éclats de souvenirs, des pantins d'écume que je n'articule que par ma gourmandise de vie.
Je ne me rappelle de rien sinon de cette lumière orange courant dans les rues, qui fuyait la nuit, comme je fuis la douleur et les souvenirs heureux.
Il fait toujours soleil en Occitanie, pourtant, il me tarde la pluie. Laissons l'averse déferler sur Montpellier, et laver tous nos malheurs. À ce prochain été, où nous nous étions promis de nous retrouver sous les peupliers.
Que donnerais-je pour retrouver ces après-midis passées aux côtés de nos cyprès, sur ses interminables routes de campagne, quand nous chantions en choeur avec les cigales...
AYAAAAOOOO EN DÉPIT DE ENT'S JE N'AI AUCAINT AMIS OUPS JE L'AI DIT
Je suis fatigué.
Et vous les rheys, avez-vous des trucs sur le coeur que vous voudriez dire ? Allez, fin de l'année, vous pouvez vous confier ici. Toutes les conneries qui vous passent par le crâne. Même les trolls peuvent se confier.