Ma mère s'est suicidée quand j'avais 8 ans.
J'ai quatre frères et dans cette fratrie de cinq il n'y en a qu'un seul qui daigne être -ou paraître- normal. Les autres en tout cas, dont moi, ont des soucis mentaux. Et encore, c'est peut-être parce que, étant de huit ans mon aîné, ce frère "normal" est celui dont je sais le moins de choses. Si ça se trouve il est lui aussi complètement bousillé de la tête.
Peut-être que c'est génétique. Ou peut-être que notre mère nous a tous foutu en l'air en se suicidant.
Non, sincèrement, pour qu'on soit tous foirés comme ça, je pense qu'il doit y avoir des traits héréditaires. De la crasse dans les génomes.
J'ai eu une piste d'explications lorsque plus tard, à l'hôpital, les psys ont demandé à mon père si il y avait des prédispositions à la maladie mentale dans la famille. Il leur a révélé devant moi, le plus naturellement du monde, un lourd secret de famille. Je dois donc être la seule de la fratrie à en avoir connaissance. Notre mère, née sous X (cela j'étais au courant), avait reçu à sa majorité une lettre de sa mère biologique qui lui expliquait les raisons de son abandon et l'informait des maladies présentes dans la famille et auxquelles elle aurait dû faire attention. Ma mère était donc la conséquence d'un viol incestueux commis par son oncle biologique sur sa mère biologique. Dans les gènes familiaux semblait traîner une prédisposition à l'alzheimer, et devinez quoi d'autre ? Des schyzophrènes et des suicidés. Des saletés qui nous ont probablement été refilées, exacerbées par un environnement familial peu reluisant.
Le destin.