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«Cancel culture», «woke»: quand la gauche américaine devient folle

ENQUÊTE - Le mouvement, parti des campus américains, pratique une censure agressive, au nom du droit à ne pas être offensé. Il inquiète une partie de l’intelligentsia libérale qui voudrait défendre la liberté d’expression.

https://www.lefigaro.fr/international/cancel-culture-woke-quand-la-gauche-americaine-devient-folle-20201220

Ces séances d’«autocritique», dont le grotesque n’a curieusement pas encore été vraiment exploité par les humoristes («parce qu’ils sont terrifiés», estime le rédacteur en chef de Tablet, Jacob Siegel), sont désormais obligatoires ou fortement recommandées au corps professoral dans un nombre croissant d’universités américaines.

«La woke culture est devenue le fléau de la liberté de pensée. Elle pose comme principe la vision du monde identitaire que le libéralisme avait tenté d’éradiquer, l’idée que nous ne sommes pas fondamentalement définis par la communauté dans laquelle nous sommes nés, notre orientation sexuelle, notre couleur de peau. Elle nie le libre arbitre et la complexité de la morale. Elle est l’ennemie de la créativité» affirme l’écrivain Seth Greenland, auteur de Mécanique de la chute, un roman où il raconte le lynchage d’un milliardaire accusé de racisme. «Le wokisme refuse l’idée fondamentale du libéralisme selon laquelle deux valeurs incompatibles peuvent être autorisées à cohabiter. Pour les justiciers sociaux, cette tolérance des désaccords n’est qu’un instrument brandi par l’oppresseur pour soumettre l’opprimé!», renchérit Jacob Siegel, auteur d’un article de Tablet sur le sujet qui a fait grand bruit.

Parfois, le lynchage psychologique conduit à la mort physique, comme dans le cas de Mike Adams. Ce professeur de l’université de Caroline du Nord très critique du mouvement identitariste, «qui avait eu le malheur de publier un tweet dénonçant les mesures prises par le gouverneur démocrate de son État en matière de Covid, n’a pas résisté à la pression», raconte Greg Lukianoff. «Laissez mon peuple aller», avait-il écrit, parlant «de l’État esclavagiste de Caroline du Nord». Une formule jugée inacceptable par la meute antiraciste. Harcelé et menacé, il a fini par se suicider en juillet. «On lui a dit qu’il était le Mal», note, horrifié, Lukianoff, qui était son ami.

Le succès stupéfiant de cette culture de la contestation, fondée sur la revendication d’un sectarisme effréné qui peut aller jusqu’à tuer dans l’indifférence générale, reste en partie une énigme au pays de la libre parole, même si Tocqueville avait averti dans son livre De la démocratie en Amérique sur la propension de l’opinion publique américaine à «tracer un cercle de la pensée» au-delà duquel il est très dangereux de s’aventurer.

Lukianoff, un libéral de gauche de 48 ans, qui milita longtemps au sein du bastion progressiste de la puissante Union américaine pour les libertés civiques (Aclu), mais dirige aujourd’hui une fondation qui se bat pour la liberté d’expression sur les campus (Fire), juge indispensable de remonter à l’attitude des écoles de pensée postmodernistes des années 1960 pour comprendre la situation actuelle.

«Il est devenu possible, à partir de ces années-là, de disqualifier d’entrée de jeu toute pensée conservatrice, c’est-à-dire la moitié de la population du pays et la majorité du reste du monde!», explique-t-il, reconnaissant qu’il lui a fallu «du temps» pour comprendre «à quel point cet ostracisme était dangereux». «S’est mise en place une sorte de forteresse théorique parfaite qui se défend en accusant toute personne qui exprime un désaccord d’être conservatrice», poursuit-il. «Tant que la proportion des libéraux et des conservateurs était de 3 pour 1, il restait des garde-fous, mais on en est aujourd’hui à quelque 30 pour 1!», note Lukianoff, précisant que les conservateurs ont peu à peu quitté la place «parce qu’ils estimaient que l’université devait rester à l’extérieur de la politique».

Une fois l’exclusion pratiquée à l’encontre des conservateurs, il a été facile de l’étendre à d’autres groupes, au fur et à mesure qu’il devenait légitime de disqualifier les hommes, les Blancs, les hétéros…, explique-t-il, parlant d’un «trou sans fond engloutissant de plus en plus de monde». «Au final, dans cette logique d’exclusion qui s’auto-nourrit, 100 % de la population finira par être excommuniée!», dit Lukianoff, soulignant qu’«on commence à voir des hommes noirs menacés de disqualification parce qu’ils sont hommes».

Sam Abrams, 40 ans, professeur de science politique au collège Sarah Lawrence de New York, un établissement connu pour son progressisme, est devenu une des cibles du mouvement woke pour avoir milité pour «la diversité de valeurs» au lieu de réserver ce terme à la diversité ethnique ou raciale. Spécialiste d’enquêtes d’opinion et hostile aux labels politiques, cet amoureux «des faits» est depuis deux ans sur son campus l’objet de campagnes de harcèlement et d’une démarche administrative visant à le priver de sa chaire. «Jamais je n’aurais pu monter au créneau si je n’avais pas eu de chaire», note-t-il, soulignant qu’il avait attendu cette sécurité de l’emploi pour s’engager. Pour lui, si le mouvement woke, né dans les départements d’études critiques énamourés du philosophe Michel Foucault et de la théoricienne du genre Judith Butler, vient de loin, comme le raconte Lukianoff, «les dix dernières années ont été cruciales».

Sam Abrams se souvient encore de ses propres années d’étudiant, il y a vingt ans, époque «révolue», quand «dans les dortoirs universitaires, on pouvait encore avoir des discussions contradictoires sur tous les sujets sensibles liés à la race, l’identité ou le genre». Tout a changé pendant la présidence Obama, avec la montée en puissance des efforts de l’administration des universités pour lutter contre les discriminations sexuelles, avec la mise en place du fameux Titre IX (un amendement interdisant toute discrimination sur la base du sexe et obligeant à la création de bureaux de lutte contre le harcèlement sexuel dans chaque université), un processus supervisé par un certain vice-président… Joe Biden.

«Parallèlement, une armada de personnels administratifs destinés à gérer les questions de discrimination et d’inclusivité s’est installée au cœur des dortoirs, avec les étudiants», raconte Abrams.

Arrivés avec des diplômes en études raciales ou de genre, ils ont instauré un mélange de règles bureaucratiques et d’interdits idéologiques qui représentent «un véritable lavage de cerveau» et leur permettent de faire la pluie et le beau temps sur les campus, en liaison avec certaines associations étudiantes communautaristes ultrapolitisées, dénonce l’enseignant.

Le rédacteur en chef de la revue Tablet, Jacob Siegel, souligne lui aussi cette alliance de la bureaucratie d’État et d’une idéologie qui se dit révolutionnaire mais «fait corps avec le pouvoir». «Le wokisme a commencé avec le deuxième mandat de la présidence Obama, au confluent de deux causes: la première, c’est le progressisme technocratique du président lui-même, qui pensait que la bureaucratie de l’État pouvait contribuer à la perfectibilité morale, comme le montre la bataille des discriminations menée sous le Titre IX. L’autre est le courant idéologique identitariste qui souffle sur les universités. Le danger, c’est la fusion des deux en une forme de bureaucratie qui s’autoradicalise sans cesse», explique-t-il.

«Le corps professoral est dans son écrasante majorité libéral et reste attaché à la méthode du débat contradictoire. Mais il a peur de s’interposer», ajoute Sam Abrams. Pour lui, c’est aussi le cas de la majorité des étudiants, qui seraient largement «centristes», selon ses enquêtes d’opinion. On est donc dans le cas d’une sorte de kidnapping du débat par un groupe minoritaire issu de l’administration des campus. Beaucoup de professeurs ont peur d’être mis au ban ou de perdre leur travail, surtout s’ils n’ont pas de chaire, affirme Abrams. Le fait de vivre à New York, une mégapole, lui permet d’échapper à la pression, mais «c’est beaucoup plus difficile dans les petites villes universitaires de Nouvelle-Angleterre, où les risques de harcèlement sont bien supérieurs».

À ces inquiétudes très concrètes s’ajoute «la peur des anciens de ne pas être aimés des plus jeunes» et d’être moralement condamnés, ajoute Greg Lukianoff. Une volonté d’échapper à la culpabilité occidentale en se mettant du côté des «purs», que le professeur de théorie politique Joshua Mitchell décrit dans son nouveau livre, American Awakening («réveil américain»), consacré à la nature religieuse de cette idéologie des «identités» qui donne des «bons points» aux différents groupes humains en faveur de leur degré d’«innocence» sociale.

Les réseaux sociaux, en permettant la mobilisation immédiate d’activistes sur des causes ponctuelles et en facilitant l’organisation communautaire, ont par ailleurs donné une vigueur nouvelle aux revendications identitaires présentes dans la gauche radicale depuis les années 1960. «Ils ont tout changé, car c’est là que se cristallise le lien entre la meute idéologique, les élites et l’ensemble des institutions. Les réseaux sociaux dictent le ton à tous, y compris aux journaux, pas l’inverse», analyse Jacob Siegel. Comme le souligne Lisa Nakamura, professeur à l’université du Michigan, la cancel culture est rendue possible par une nouvelle «économie de l’attention», où «priver quelqu’un d’audience, c’est le priver d’existence». Elle est portée par un repli individualiste sur l’identité plutôt que par l’héritage commun ou l’universalisme. Et également par une culture d’emballement suiviste, qui fait partie de l’essence des réseaux sociaux.

«La prétendue culture woke est cool. C’est à la mode, et, soyons honnêtes, le libéralisme est difficile. Tolérer des idées inconfortables est plus dur que de rejoindre la horde pour s’enfermer dans une bulle d’opinions et de pensées tout à fait agréables», explique Thomas Chatterton Williams, auteur de Autoportrait en noir et blanc, un livre équi sortira en janvier en français, où ce métis afro-américain exprime sa dissidence envers les obsédés de la race.

Comme lui, de nombreux intellectuels de la gauche libérale commencent à se rebeller contre cette idéologie étouffante « qui ressemble à un nouveau bolchevisme ou à une forme de révolution culturelle à la chinoise», guettant tous « les traîtres » potentiels à la cause, nous confie Bret Weinstein. L’université de Chicago a pris la tête de la fronde, mettant noir sur blanc son engagement à défendre la liberté d’expression en 2015, un «serment» repris par plus de 50 autres établissements universitaires. Le très libéral Wellesley College a également réagi avec vigueur en créant un «projet liberté» destiné à encourager un débat d’idées libre et contradictoire. Et l’université de Berkeley, pourtant très progressiste, a créé un Centre pour la liberté d’expression. On voit aussi apparaître de nouveaux îlots de liberté intellectuelle, comme le magazine en ligne Quillette ou la revue Tablet, au fur et à mesure que les journaux mainstream comme le New York Times basculent dans le camp de la «justice sociale».

Le thread reddit à ce propos :
https://www.reddit.com/r/france/comments/khek5m/cancel_culture_woke_quand_la_gauche_am%C3%A9ricaine/
C'est marrant, c'est vraiment le miroir d'ici : t'as des gars vraiment extrêmes en mode "je ne vois vraiment pas le souci :) ", avec leur opinion tellement cheloue que tu te dis qu'ils sont forcément en train de troll mais apparemment pas. Et t'as la masse qui est un peu plus modérée/neutre (mais qui penche légèrement d'un côté, opposé à celui du forum) et qui essaie de les raisonner.

Le 21 décembre 2020 à 17:48:53 Seguitoo a écrit :
Le thread reddit à ce propos :
https://www.reddit.com/r/france/comments/khek5m/cancel_culture_woke_quand_la_gauche_am%C3%A9ricaine/
C'est marrant, c'est vraiment le miroir d'ici : t'as des gars vraiment extrêmes en mode "je ne vois vraiment pas le souci :) ", avec leur opinion tellement cheloue que tu te dis qu'ils sont forcément en train de troll mais apparemment pas. Et t'as la masse qui est un peu plus modérée/neutre (mais qui penche légèrement d'un côté, opposé à celui du forum) et qui essaie de les raisonner.

Les mecs de reddit r/france c est le cliché du petit gauchiste de centre ville fils de fonctionnaire

ils ont pris le contrôle de la France Insoumise depuis 2017, du moins Melenchon les écoute... seule République Souveraine résiste
j'ai trouvé un youtuber qui a des bonnes idées à ce sujet tout en étant très modéré https://image.noelshack.com/fichiers/2020/52/1/1608569562-1490886827-risibo.png

Le 21 décembre 2020 à 17:51:36 MPSIvie a écrit :
ils ont pris le contrôle de la France Insoumise depuis 2017, du moins Melenchon les écoute... seule République Souveraine résiste

Ils ont pris le contrôle de l ONU aussi

en plus il explique son point de vue de façon calme, concise et sans condescendance https://image.noelshack.com/fichiers/2020/52/1/1608569710-1490886827-risibo.png
1 jour de plus dans un monde malade :)
Diviser les foules pour les empêcher de se rebeller et de s'unir autour de valeurs communes, un grand projet, heureusement que le NWO peut compter sur les idiots utiles des milieux identitaires et associatifs :)

Le 21 décembre 2020 à 17:55:16 ShepardSurvie a écrit :
en plus il explique son point de vue de façon calme, concise et sans condescendance https://image.noelshack.com/fichiers/2020/52/1/1608569710-1490886827-risibo.png

Bah file un lien

Le 21 décembre 2020 à 17:56:45 DofIamingo a écrit :
Diviser les foules pour les empêcher de se rebeller et de s'unir autour de valeurs communes, un grand projet, heureusement que le NWO peut compter sur les idiots utiles des milieux identitaires et associatifs :)

On peut pas unifier différentes ethnies et cultures, ça le prouve assez bien

Le 21 décembre 2020 à 17:57:02 BerenErchamion a écrit :

Le 21 décembre 2020 à 17:55:16 ShepardSurvie a écrit :
en plus il explique son point de vue de façon calme, concise et sans condescendance https://image.noelshack.com/fichiers/2020/52/1/1608569710-1490886827-risibo.png

Bah file un lien

me juge pas trop mais c'est ultra normie comme vidéos https://image.noelshack.com/fichiers/2020/52/1/1608571094-71734-full.png

woke : https://youtu.be/Tuxj7o6Sh9k

cancel culture : https://youtu.be/yPQVICjWbgQ

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21 décembre 2020 à 17:44:35
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