d'une société dont les individus sont en rupture avec l'essence de la vie, dont l'être générique fut séparé de l'être réel et remplacé par l'avoir de la technique
lorsque l'homme n'est plus unité avec lui-même, quand son être réel est parasité par la marchandise, par le narcissisme, le fétichisme, il est pris d'angoisses, de névroses, son temps du présent est dissout dans celui du passé et du futur et par-là il oublie comment vivre, le mode de la vie étant celui de l'actuel, fondamentalement opposé aux forces contre-nature de la préoccupation et de la culpabilité qui sont les mêmes qui causent sa dilution dans le temps fictif
ainsi, il s'aliène
la réduction de sa réalité entraîne le grossissement du monde de la fiction, le spectacle égotique écrase l'homme par la torpeur de la nevrose
s'ensuit que l'homme auto-produit par fetichisme ses propres palliatifs, l'art & le divertissement
le premier est par nature subversif, il met l'homme face à son désarroi et par là lui fournit les armes pour le combattre ; la conscience de sa condition et la représentation de l'unité perdue, le second est un poison insidieux dans lequel l'homme oublie son déchirement en le rejetant hors de son esprit, grandissant par ce rejet de la conscience hors du domaine du présent le monde fictif qui l'oppresse
l'homme qui n'est qu'être, étranger à la possession et aux oripeaux, n'étant ni déchiré par une conscience malheureuse ni désireux de la rejeter au loin, n'a pas besoin de l'art narcissique et ainsi ne le produira point, il s'ensuit que l'art est à la fois symptôme et palliatif de la névrose qui l'engendre, et que les sociétés saines, conformément à l'observation, ne le pratiquent pas ou ne le pratiquent pas compulsivement ; quand un être générique peint, l'oeuvre est un prolongement de son être et non une excrétion pathologie, il produit, il ne fétichise pas