Julius Evola - Mariage et Famille
Julius Evola (1898 - 1974 ) est un penseur de la Tradition qui a écrit sur divers sujets métaphysiques et est notamment connu pour son travail d'études comparées des différentes religions et mythologies, bien souvent analysées d'un point de vue de droite authentique (traditionnelle). Il est notamment connu pour "Révolte contre le monde moderne" (1934) qui analyse du point de vue de la Tradition tout ce qui s'y rapporte dans les religions et mythologies et ce qui constitue une grande partie de cette Tradition. Il publiera plus tard divers livres sur l'alchimie, le taoïsme, le yoga tantrique, le fascisme, le Graal, le sexe etc. Deux autres de ses oeuvres majeures sont "Les hommes au milieu des ruines" (1953) qui continue d'étayer la pensée "révolutionnaire-conservatrice" et passe au crible tout ce qui est constitutif du monde moderne, et enfin il y a "Chevaucher le tigre" (1961) qui tente de fournir les clés pour rester debout dans ce monde décadent et ne pas sombrer avec.
Ci-dessous le chapitre 27 : Mariage et famille, de "Chevaucher le tigre"
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Les faits sociaux se rattachent plus étroitement au domaine de la vie privée et des mœurs lorsqu’on les examine sous l’angle des relations entre les sexes, du mariage et de la famille, dans le cadre de l’existence actuelle.
La crise que subit aujourd’hui la famille n’est pas moins manifeste que celle de l’idée romantique de patrie qui prévalait au XIXème siècle. Toutes deux sont le résultat de processus qui sont dans une large mesure, irréversibles, parce que liés à l’ensemble des facteurs qui caractérisent désormais l’existence. Naturellement, la crise de la famille suscite aussi de nos jours des préoccupations et des réactions moralisantes, accompagnées de tentatives plus ou moins vaines de sauvetage, où l’on ne sait faire appel qu’à des arguments conformistes et à un traditionalisme vide et faux.
Là encore, les choses se présentent pour nous de façon différente et, comme pour les autres phénomènes déjà examinés, il convient d’envisager la situation dans sa réalité crue. Il faut pour cela tirer les conséquences du fait que la famille a cessé, depuis longtemps déjà, d’avoir une signification supérieure et d’être cimentée par des facteurs vivants qui ne soient pas simplement d’ordre individuel. Le caractère organique et en un certain sens « héroïque » que son unité offrait en d’autres temps, s’est perdu dans le monde moderne, comme s’est effacé ou est en train de s’effacer le reste de vernis de « sacralité » que cette institution devait à la consécration propre au rite religieux. En réalité, dans la grand majorité des cas, la famille des temps modernes est une institution de caractère petit-bourgeois, presque exclusivement déterminée par des facteurs naturalistes, utilitaires, routiniers, primitivement humains et, dans le meilleur des cas, sentimentaux. Surtout, son pivot essentiel a disparu, le pivot que constituait l’autorité, avant tout spirituelle, de son chef, du père, celle que l’on peut retrouver dans l’origine étymologique du mot pater : « seigneur », « souverain ». Ainsi une des principales fins de la famille, la procréation, se réduit simplement et grossièrement à perpétuer le sang, perpétuation hybride d’ailleurs, puisque, dans le cadre de l’individualisme moderne, les unions conjugales ne sont plus soumises aux limitations du lignage, de la caste, ou de la race et puisque, de toute façon à la perpétuation du sang ne correspondrait plus la continuité la plus essentielle, c’est-à-dire la transmission, de génération en génération, d’une influence spirituelle, d’une tradition, d’un héritage idéal. Mais d’autre part, comment pourrait-il en être autrement, et comment la famille pourrait-elle continuer d’avoir un centre solide qui la maintînt, si son chef naturel, le père, lui est aujourd’hui presque étranger, même physiquement, pris comme il l’est dans l’engrenage outrancièrement « pratique » de la vie matérielle, dans cette société dont nous avons montré l’absurdité foncière ? Quelle autorité peut bien revêtir le père, si, en particulier dans les « classes supérieures », il se réduit aujourd’hui à peu de chose près, à être une machine à faire de l’argent ou un professionnel affairé ? Ceci s’applique souvent, en outre, aux deux parents du fait de l’émancipation de la femme, de son entrée dans le monde des professionnels et des travailleurs, tandis que l’autre type de femme moderne, la « dame » qui s’adonne à une vie frivole et mondaine, est encore moins capable d’améliorer le climat intérieur de la famille et d’exercer une influence positive sur ses enfants. Les choses étant ainsi dans la majorité des cas, comment voir dans la famille moderne autre chose qu’un assemble extrinsèque nécessairement exposé à des processus érosifs et dissolutifs, et comment ne pas compter parmi les mensonges hypocrites de notre société le caractère prétendument « sacré » de la famille ?
L’interdépendance qui existe entre l’absence d’un principe d’autorité préexistant et le phénomène de « détachement » individualiste, interdépendance que nous avons déjà soulignée dans le domaine politique, s’est manifestée également sur le plan familial. Au prestige déchu du père répond le détachement des enfants, un hiatus de plus en plus net et brutal entre anciennes et nouvelles générations. A la dissolution des liens organiques dans l’espace (castes, corps, etc.) correspond, de nos jours, celle des liens organiques dans le temps, c’est-à-dire la rupture de la continuité spirituelle entre les générations, entre père et fils. Le détachement, l’aliénation réciproque, est un fait indéniable qui prend des proportions croissantes, et se trouve favorisé, en outre, dans le monde actuel, par un rythme de vie toujours plus rapide et plus désordonné. Il est d’ailleurs significatif que ce phénomène se manifeste avec une acuité particulière dans les classes supérieures, et dans ce qui reste de l’ancienne noblesse, où l’on pourrait croire au contraire que les liens du sang et de la tradition seraient plus durables. Dire que les pères sont pour les fils « modernes » un « mal inévitable » n’est pas seulement une boutade. La nouvelle génération voudrait que les parents « s’occupent de leurs affaires » et ne se mêlent pas de la vie de leurs enfants, parce qu’ils ne les « comprennent pas » (même quand il n’y a absolument rien à comprendre) ; et les garçons ne sont plus les seuls à émettre de pareilles prétentions, les filles aussi se rangent de leur côté. Naturellement, tout ceci contribue à aggraver le déracinement général. Le fait que dans une civilisation matérialiste et sans âme, la famille soit dépourvue de toute signification supérieure, doit donc être rangé parmi les causes de phénomènes extrêmes, du genre de ceux que constituent la « jeunesse brûlée » et la croissante criminalité juvénile.
De toute façon, étant donné cette situation, et quelle qu’en soit la cause principale – qu’elle soit surtout imputable aux parents ou aux enfants – même la procréation revêt un caractère absurde et ne peut raisonnablement continuer à être considérée comme une des principales raisons d’être de la famille. Ainsi comme nous le disions, c’est dans un régime de médiocrité et d’accommodements, à la force d’inertie, aux conventions, à la commodité pratique et à la faiblesse de caractère que, dans la plupart des cas, la famille doit aujourd’hui de subsister. Il ne faut pas croire que des mesures extérieures puissent y changer quelque chose. Nous le répétons : l’unité familiale ne pouvait rester solide qu’aussi longtemps qu’une façon de sentir supra personnelle avait assez de force pour faire passer au second plan les faits simplement individuels. On pouvait même alors ne pas être « heureux » dans le mariage, les « besoins de l’âme » pouvaient ne pas être satisfaits, l’unité n’en demeurait pas moins. Dans le climat individualiste de la société actuelle, on ne peut au contraire invoquer aucune raison supérieure pour maintenir l’unité de la famille quand l’homme et la femme ne « s’entendent plus » et que le sentiment et le sexe les poussent vers un nouveau choix. La multiplication des échecs conjugaux, dans la société contemporaine, est donc naturelle, ainsi que les divorces et les séparations qui les accompagnent. Et il est absurde de croire à l’efficacité de mesures qui puissent freiner le développement de ce phénomène, la base de l’ensemble étant désormais une modification d’ordre existentiel.
Il serait presque superflu, après ce bilan, de préciser ce que peut être aujourd’hui l’attitude de l’homme différencié. En principe, dans ce domaine, celui-ci ne peut accorder la moindre valeur au mariage, à la famille, à la procréation. Tout ceci ne peut que lui être étranger ; il ne peut rien y reconnaitre qui ait une signification et mérite son attention.
Pour ce qui est du mariage, le mélange de sacré et de profane et le conformisme bourgeois y sont évidents, même dans le cas du mariage catholique indissoluble. En réalité cette indissolubilité qui dans le monde catholique devrait protéger la famille des plus qu’une façade. Les unions théoriquement indissolubles sont en fait le profondément tarés et instables, et dans le monde en question la petite morale ne se préoccupe aucunement de rendre le mariage effectivement indissoluble mais seulement d’en sauvegarder l’apparence. Que les hommes et les femmes une fois mariés agissent plus ou moins comme ils le veulent, qu'ils jouent la comédie se trahissent ou simplement se supportent, qu'ils ne restent ensemble que par convenance, réduisant la famille à ce que nous avons décrit plus haut, peu lui importe. La morale est sauve et l'on croit que la famille demeure la cellule fondamentale de la société du moment que l'on condamne le divorce et que l'on accepte cette sanction ou autorisation sociale - impertinente en tant que telle - pour la vie commune à base sexuelle qui correspond au mariage. D'autre part, même lorsqu'il ne s'agit pas du mariage indissoluble du rite catholique, lorsqu'il s'agit de sociétés où le divorce est admis, l'hypocrisie demeure parce qu’il faut encore sacrifié à l’autel du conformisme social, alors même qu’hommes et femmes se séparent et se remarient pour les raisons les plus frivole et les plus ridicules, comme c'est le cas aux Etats-Unis au point que le mariage finit par n’être guère plus que le vernis puritain d'une sorte de système de haute prostitution ou d'amour libre légalisé.
Afin d'éviter toute équivoque, quelques considérations théoriques et rétrospectives supplémentaires à propos du mariage religieux catholique nous paraissent nécessaires. Il est clair en effet que ce ne sont pas des arguments de « libres penseurs » que nous entendons opposer à ce mariage.
Nous venons de faire allusion à un mélange de sacré et de profane. Il faut se rappeler que le mariage n'est devenu rite et sacrement comportant l’indissolubilité que tardivement dans l'histoire de l'Eglise (pas avant le XIIème siècle) et que la cérémonie religieuse n'est devenue obligatoire pour toute union dont on ne veut pas qu'elle soit considérée comme un simple concubinage, qu’à une date encore plus récente (après le concile de Trente, 1563). Ceci, à nos yeux, ne porte pas atteinte à la conception même du mariage indissoluble : il devient simplement nécessaire d'en préciser nettement la place, le sens et les conditions. Il faut souligner qu'ici, comme pour d'autres sacrements, l'Eglise catholique nous place devant un singulier paradoxe : partie de l'intention de sacraliser le profane, elle aboutit pratiquement à profaner le sacré.
Saint-Paul fait entrevoir le sens vrai, traditionnel, du mariage-rite quand pour le désigner il emploie le terme de « mystère » (« ce mystère est grand » dit-il textuellement : Eph., v, 31-32) et non de « sacrement ». On peut bien sûr admettre une idée supérieure du mariage en tant qu'union sacrée et indissoluble, non en théorie, mais dans la réalité. Cependant cette sorte d'union n'est concevable que dans des cas exceptionnels, lorsqu'il y a à la base, ce dévouement absolu, presque héroïque, d’une personne à l'autre, dans la vie et au-delà, qui fut connu de plus d'une civilisation traditionnelle, où il y eut même des exemples d’épouses qui trouvèrent naturel de ne pas survivre à leur mari.
Nous avons dit que le sacré a été profané parce que cette conception d’une union sacramentelle, indissoluble, transcrite dans le ciel, dépassant le plan naturaliste sentimental et même purement social au fond, on a voulu l’appliquer voir l’imposer à n'importe quel couple d’époux s'unissant à l'église plutôt qu'à la mairie par simple conformisme à l'égard d'un certain milieu social. Et l’on a prétendu que, sur ce plan extérieur et prosaïque, sur ce plan de l’humain trop humain nietzchéen, devait et pouvait être valable tout ce qui est propre au mariage vraiment sacré, au mariage mystère. De là, dans une société comme la nôtre, le régime de fictions dont nous avons fait état et les très graves problèmes personnels et sociaux qui se posent quand le divorce n’est pas admis.
Il faut noter, d’autre part, que, dans le catholicisme même, en raison d’une baisse de niveau évidente, le caractère théoriquement absolu du mariage-rite a été restreint dans une mesure non négligeable. Il suffit de rappeler que l’Eglise, qui n’admet pas que l’on divorce et se remarie, accepte pourtant que veufs et veuves se remarient, ce qui équivaut à une infidélité et ne se conçoit à la rigueur, que si l’on part de prémisses ouvertement matérialistes, c’est-à-dire si l’on pense que le mort à qui l’on était indissolublement lié à par la puissance surnaturelle du rite a absolument cessé d’exister. Cette incohérence est un des traits qui montrent que la loi religieuse catholique, loin d’avoir vraiment en vue des fins spirituelles et transcendantes, a fait des sacrements de simples adjuvants sociaux, des éléments de la vie profane, les réduisant ainsi à une pure formalité, ou bien les dégradant.
[…]
Ceci pour éclairer les principes. Dans une civilisation et dans une société matérialisées et désacralisées comme les nôtres, il est donc naturel que les digues qu’opposaient à la dissolution la conception chrétienne du mariage et de la famille – aussi problématique que soit cette conception, comme nous venons de le voir – aient cédé de plus en plus et que, dans l’état actuel des choses, rien n’existe plus qui mérite d’être sincèrement défendu et conservé. Les conséquences de la crise, évidente dans ce domaine aussi, et tous les problèmes relatifs au divorce, à l’amour libre et au reste, ne peuvent guère intéresser l’homme différencié. En dernière analyse, cet homme ne peut considérer la désagrégation individualiste en cours comme un mal pire que la tendance croissante du monde communiste à substituer l’Etat, ou tout autre « collectif » à la famille, une fois liquidés les rêves d’union libre cultivés par le premier socialisme révolutionnaire antibourgeois, cependant qu’à part la « dignité » de travailleuse associée à l’homme on ne revendique pour la femme que celle d’un simple mammifère reproducteur. En effet, dans la Russie actuelle, des décorations sont prévues pour les femmes fécondes, voire celle d’ « héroïne de l’Union Soviétique » pour les camarades – même non mariées – qui ont mis au monde au moins dix enfants, dont elles peuvent d’ailleurs se débarrasser en les confiant à l’Etat qui, lui, s’occupera de les éduquer de façon plus directe et rationnelle pour en faire des soviétiques. On sait que cette éducation, à l’égard du sexe féminin aussi, s’inspire essentiellement de l’article 12 de la constitution soviétique : « le travail autrefois considéré comme une fatigue inutile et déshonorante devient une dignité, une gloire, une question de courage, d’héroïsme. » La création du titre de « héros du travail socialiste », assimilé à celui de « héros de l’Union soviétique », est le pendant du titre dont nous venons de parler que l’on confère aux femmes pour leurs fonctions reproductrices. Ce sont là les bienheureux horizons que l’on offre à la place du « décadentisme » et de la « corruption » de la société bourgeoise capitaliste, où la famille se désagrège dans l’anarchie et dans l’indifférence des nouvelles générations, tout lien organique et tout principe d’autorité ayant disparu.
Quoi qu’il en soit, cette alternative n’a pas beaucoup de sens non plus. Ce qui reste évident, c’est que, dans cette époque de dissolution, il peut être difficilement question de mariage et de famille d’un type quelconque pour l’homme qui nous intéresse. Il ne s’agit pas d’un anticonformisme ostentatoire ; il s’agit de tirer la conclusion d’une vision conforme à la réalité quand l’exigence de la liberté intérieure tient bon. Un homme du type que nous avons en vue doit pouvoir, dans un monde comme celui-ci, disposer absolument de soi, jusqu’à l’extrême limite de la vie. Les liens du genre de ceux dont nous venons de parler lui conviennent aussi mal qu’à une autre époque, à l’ascète ou au soldat d’aventure. Non qu’il ne serait prêt à assumer des charges encore plus lourdes, mais la chose serait, en soit, complètement dénuée de sens.
On connait cette phrase de Nietzche : « Nicht for sollst du dich pflanzen, sondern hinauf. Dazu helfe dir der Garten der Ehe. » Ceci se référait à l’idée que l’homme d’aujourd’hui n’est qu’une forme de transition, dont la seule tâche consiste à préparer la naissance du surhomme en étant prêt à se sacrifier pour cela et à se retirer lorsqu’il apparaitra. Nous avons déjà fait justice de ce rêve de surhomme et de ce finalisme qui renvoie à une hypothétique humanité future la possession du sens absolu de l’existence. Mais, de cette citation et de son jeu de mots, on peut retenir comme valable l’idée que le mariage ne devrait pas servir à se reproduire « horizontalement », en avant (c’est le sens de fortplanzen), en se contentant d’engendrer, mais « verticalement », vers le haut (hinauf pflanzen), en élevant sa lignée. Ce serait, en effet, la seule justification supérieure du mariage et de la famille, justification qui n’existe pas aujourd’hui en raison de la situation existentielle objective dont nous avons parlé, en raison des processus dissolutifs qui ont brisé les liens profonds susceptibles d’unir spirituellement une génération à l’autre. Un catholique, Péguy, avait déjà parlé du fait d’être père comme de la « grande aventure de l’homme moderne » à cause de l’incertitude totale où nous sommes de ce que sera notre progéniture, et parce qu’il est peu probable, de nos jours, que le fils reçoive du père autre chose que la seule « vie ». Comme nous l’avons fait remarquer plus haut, la question n’est pas d’avoir ou de ne pas avoir cette qualité de père, pas seulement physique, qui existait dans la famille d’autrefois et fondait l’autorité de celui-ci. Même si cette qualité était encore présente – et en principe on devrait penser qu’elle pourrait l’être encore chez l’homme dont nous nous occupons – elle serait paralysée par la présence, dans les nouvelles générations d’une matière réfractaire et dissociée. Comme nous l’avons dit, dans l’état actuel des masses modernes, des personnages qui apparaitraient avec une stature de vrais chefs seraient les derniers à être suivis ; de même, il ne faut pas se faire d’illusion sur l’action formatrice et éducatrice susceptible d’être encore exercée sur des enfants nées dans une ambiance comme celle de la société actuelle, même si le père ne l’était pas seulement au sens de l’état civil.
On pourrait objecter à cette prise de position, non certes qu’elle comporterait le danger d’un dépeuplement de la terre, car la reproduction pandémique est catastrophique de l’humanité ordinaire suffirait plus que largement à l’éviter, mais que ce seraient précisément les hommes différenciés qui renonceraient, au départ, à s’assurer une descendance susceptible de recueillir l’héritage de leurs idées et de leur comportement, tandis que les masses et les classes les plus insignifiantes, au contraire, auraient cette descendance, et chaque jour plus nombreuse.
On peut surmonter cette objection en faisant une distinction entre la génération physique et la génération spirituelle. Etant donné que, dans un régime de dissolution, dans un monde où n’existent plus ni castes, ni traditions, ni races au sens propre, l’une et l’autre descendances ont cessé d’être parallèles et que la continuité héréditaire du sang ne représente plus une condition favorable à une continuité spirituelle, on peut éventuellement se référer à cette paternité spirituelle à laquelle, même dans le monde traditionnel, on accordait souvent le pas sur la paternité biologique, quand on parlait des rapports de maitre à disciple, d’initiateur à initié, et que l’on en vint à formuler l’idée d’une renaissance ou seconde naissance indépendante de toute paternité physique, et de nature à créer, chez celui qui en était l’objet, un lien plus intime et plus essentiel qu’aucun de ceux qui pouvaient unir la personne en question à son père selon la chair, à la famille ou à n’importe quelle communauté et unité naturelle.
Telle est donc la possibilité particulière que l’on peut envisager comme solution de remplacement : elle se réfère à un ordre d’idées analogue à celui qui a été exposé à propos du principe de la nation, lorsque nous disions qu’à des unités naturelles désormais en pleine crise, ne peut se substituer qu’une unité formée par une idée. A l’aventure que représente la procréation physique d’êtres qui peuvent être des individus détachés, « modernes », tout juste bons à accroître le monde insensé de la quantité, on peut donc opposer l’action d’éveil que ceux qui n’appartiennent pas au monde actuel peuvent éventuellement exercer sur des éléments possédant les qualifications requises, afin qu’à la disparition physique des premiers, il ne reste pas un vide que rien ne comble. Par ailleurs, les quelques hommes différenciés qui existent aujourd’hui n’ont que bien rarement la même forme intérieure et la même orientation, nées d’une commune appartenance héréditaire à un même sang ou à une même souche. Il n’y a donc pas de raison de supposer qu’il doive en aller autrement de la génération prochaine. Pour importante que soit la tâche de s’assurer une succession spirituelle, sa réalisation dépend des circonstances. Elle sera accomplie si et où il sera possible de l’accomplir, sans qu’il y ait besoin de se livrer à une recherche inquiète. Surtout dans ce domaine, ce qui est authentique et valable s’accomplit sous le signe d’une sagesse supérieure et insaisissable, avec les apparence extérieures d’un hasard, plutôt que d’une initiative directe et voulue de l’un ou de l’autre individu.
Fin
Le 10 juillet 2017 à 21:31:19 VraieDroite2 a écrit :
Le 10 juillet 2017 à 21:30:28 LaChanclaEnY a écrit :
D'ailleurs j'arrive pas à trouver Chevaucher le tigre en pdf sur le net, tu l'as l'op ?Non j'ai recopié ça. Ca m'a pris 2 heures, tu devrais enregistrer ça sur ton PC
Je le mets dans mon dossier "pas Charlie" avec les œuvres complètes de Guénon, Pasolini et tant d'autres
Le 10 juillet 2017 à 21:33:14 LaChanclaEnY a écrit :
Le 10 juillet 2017 à 21:31:19 VraieDroite2 a écrit :
Le 10 juillet 2017 à 21:30:28 LaChanclaEnY a écrit :
D'ailleurs j'arrive pas à trouver Chevaucher le tigre en pdf sur le net, tu l'as l'op ?Non j'ai recopié ça. Ca m'a pris 2 heures, tu devrais enregistrer ça sur ton PC
Je le mets dans mon dossier "pas Charlie" avec les œuvres complètes de Guénon, Pasolini et tant d'autres
Le 10 juillet 2017 à 21:38:34 Bourbon-Parme a écrit :
Intéressant,faudrait que je lise Evola, même si c'est "pas mon bord" ça a l'air quand même plus pertinent que les Droitistes libéraux/nationalistes absolument soporifiques
C'est pas comparable, c'est sûre...
Données du topic
- Auteur
- VraieDroite2
- Date de création
- 10 juillet 2017 à 21:28:59
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