/!\ATTENTION PAVAY/!\
Bon, j'avais envie de partager mon ressenti avec quelqu'un, mais j'avais pas forcément envie d'ouvrir un blog juste pour un bout de texte, alors je le poste ici.
Alors voilà, au jour d'aujourd'hui, je viens tout juste de passer ma première semaine en compagnie d'enfants en école élémentaire, genre 90 gosses, du CP jusqu'au CM2, avec une classe d'ULIS (des enfants ayant des problèmes d'apprentissage), dans un centre de vacances, en tant qu'animateur. Leur séjour commença ce lundi, avec leur arrivée en fin de matinée. Ils étaient là dans le but d'un séjour découvert, ça se passait à Beaufort, en Savoie, du coup ils ont pus découvrir un peu comment se fabriquait le fromage de la coopérative du Beaufort, visiter des fermes etc. En même temps, ils faisaient du ski (mais vu que c'était une classe découverte et non de neige, ils en faisaient juste pour le plaisir, pas pour passer des étoiles). Moi, en tant que noob de l'animation à "long terme", ayant fait que de la maison de l'enfance/centre aéré/périscolaire, j'étais complètement paumé avant même que la semaine ne commence. On m'avait sorti le nombre de nains qu'on allait avoir pour 4 animateur, j'avais des gouttes sur mon front. Bref, voilà un peu le contexte dans lequel je me trouvais le dimanche soir : stressé, perdu, connaissant personne (les autres anims se connaissaient depuis une semaine déjà), fatigué.
Le premier jour arriva. Je voyais déjà arrivé un troupeau d'enfants qui allaient me bizuter tout le long du séjour, mais j'ai vu qu'il y avait des accompagnateurs avec eux, genre 4 ,5 sans compter les profs qui étaient là. Déjà ça allait mieux. Je dévisage un peu les gamins pour voir un peu à quoi m'attendre, à première vue ils ont l'air sympa et assez attentif à ce que tu leur dis. Au contraire, les profs/accomp avaient l'air un peu en mode "ràf c'est mes vacances". Avec les collègues anim' on a commencé à leur monter leur valise dans leur chambres, à leur expliquer le déroulement des activités tout ça, puis on a un peu discuté avec eux sur les temps des repas. La, je me rend compte qu'ils sont vachement bien élevé, on commence à mettre en place un moyen pour demander le silence quand y'a trop de bruit (quand un anim lève la main, tout le monde se tait), qui fut validé par les enfants. J'ai remarqué qu'ils venaient pas de très loin, genre 1h30 de car (et en montagne franchement c'est pas beaucoup), que y'en avait certains qui kiffaient le ski etc. Bref première journée de finie, je suis plus soulagé à la vue de ce que je viens de faire, je m'endors refais.
Les jours suivant, on commença à s'organiser avec les enfants pour descendre à la station de ski le matin, poser les affaires dans le vestiaire, donner les forfaits de ski etc, bref tout se passe bien. Du coup je descend avec un groupe d'enfant pour aller en station : on descend de notre chalet par une piste de ski, pour aller plus vite, et là je commence à discuter avec des nains de 5/6ans qui me disent qu'ils aiment pas la neige et qu'il préfèrent jouer à GTA plutôt que d'être là à faire du ski. J'étais en mode "ah ouais chaud" ok y'en a plein mais bon même en classe découverte avec leur potes et tout ils pensent quand même à ça. Mais bon sinon les accomp/prof sont derrière et moi tout seul devant à leur dire de se serrer sur la droite pour pas gêner les skieurs et à les surveiller en train de pas tomber dans le ravin juste à coté de la piste (notez bien que c'est vraiment des branlos). Enfin voilà le repas du soir arrivé, je me mets à une table de CE2 avec une petite en ULIS. Elle est à la limite de l'autisme si ce n'est plus. J'ai réussi à parler avec elle et au final je l'ai trouvé vachement mature, elle arrivait à parler et écouter assez bien et j'ai trouvé que du "feel" se créait entre elle et moi. C'était inédit pour moi, j'ai trouvé ça super intéressant. Sinon les autres gosses pas loin de moi commençaient à me narguer parce que je trainais avec une anim' et on s'entendait grave bien, du coup ils commençaient déjà à dire "nanananère les amoureux hihihi" bref le genre de remarque que tu fais à un anim' que tu connais bien au bout d'un certain temps (genre on m'a fait la même en périscolaire mais au bout de trois mois quoi). Voilà deuxième jour fini, j'ai rien trouvé d'anormal, juste que j'ai trouvé les enfants encore plus cools qu'au début. On faisait des veillées jeux de société, on rigolait à mort alors qu'on se connaissait même pas.
Le restant des jours, l'ambiance et les feels entre les enfants et moi étaient toujours en train de monter "crescendo", la hype commençait à monter pour les gosses car ils avaient une boom qui se faisaient leur dernier soir càd le jeudi, les accomp/profs servaient toujours à rien à part dire qu'on était mal organisés, mais bon à 4 pour 90 gosses dur de pas l'être. Mais bon on gardait sur nous, on avait pas envie de se faire engueuler par le dirlo du chalet parce qu'on faisait des remarques à leur clients. Enfin voilà jeudi aprèm, on avait préparé des activités pour eux dans la neige (genre landart, bonhomme de neige etc) j'avais proposé luge. Faut savoir qu'on était déjà à la bourre sur les horaires des activités et qu'on avait dépassé le temps du gouter et tout, du coup raison de plus pour les profs pour nous faire une remarque alors qu'on se cassait le cul à faire en sortie que tout les enfants passent par toutes les activités qu'on proposait, pendant que eux fumaient leur clopes. Au bout d'un moment, la directrice de l'école vient me voir et me demande quand est-ce qu'on peut "arrêter le carnage". A ce moment j'avais les nerfs, j'ai rien dis et j'ai proposé aux enfants avec une voix genre "est-ce que vous êtes chaud ce soir??" : est-ce que vous voulez encore faire de la luge les enfants?? et là, un "OUAAAAAAAAAAAAAAAAIS" général s'est levé en direction des pistes de luge en passant devant la directrice, trop fier de moi, je snob la meuf pour aller jouer avec les gosses, ils avaient les yeux qui brillaient, ils étaient tellement heureux et moi tellement satisfait de les voir heureux et d'avoir (enfin) remballé la directrice qui me cassait salement les couilles. Ils commençaient même à me monter dessus et bordel que ce fut dur pour moi de penser à autre chose que m'amuser avec eux jusqu'à plus en pouvoir. Bref le soir même, boom en mode casu, petit slow des gosses pour se pseudo-pécho, mais bon y'a une prof qui a quand même réussi à pecho un accompagnateur (elle puait l'alcool en plein milieu de enfants, limite en train de twerker devant tout le monde contre le gars). Je dis rien, les gosses s'amusent, les anims aussi, ça me suffit. Le soir même, je commence à me faire la réflexion que demain je les vois plus. Genre ça m'avait jamais fait ça avant. J'avais du mal à y croire en fait, j'avais pas encore pris conscience que je m'étais beaucoup trop attaché à ces nains et que ça allait être dur. Je me demandais ce qu'il se passait en fait.
Bref. Dernier jour. Pas le temps de passer du temps avec eux le matin, on devait s'occuper de mettre leur valises dans les cars qui les attendaient patiemment devant le chalet. Donc je vous laisse imaginer, fin de semaine bien remplisse, quatre animateur crevé de ouf, patient d'avoir pris des remarques tout le long par les accomp/profs qui foutaient toujours rien. Un collègue commence à péter un câble à les voir là à rien foutre pendant que nous on montait 9etages pour descendre 90 valises de gosses pendant qu'eux étaient toujours avec leurs clope aux becs. J'ai essayé de le calmer mais j'étais tellement énervé aussi que j'ai sorti un "t'inquiète pas, fais-toi une raison, on sait très bien qu'il font se métier pour avoir les vacances scolaires et pas pour leur apprendre des choses" juste bien assez pour qu'ils l'entendent. Manque de bol, le dirlo du chalet et de l'école ont tout les deux entendus. Bordel j'avais chaud. Mais là, un miracle apparut, au moment ou la prof arrivait vers moi, le directeur du chalet commença a arriver vers moi aussi et sorti : "Les animateurs ont assez travaillé aujourd'hui, c'est à vous de terminer le travail." j’étais en train d'exploser en moi à ce moment-là genre "EPIC WIN OMG", les autres anims pareil, on s'est regardés avec un air trop heureux. Magique. A partir de ce moment-là je suis remonté pour dire aux enfants et accompagnateurs qui étaient dans les étages assis sur une chaise en nous regardant de demander aux gosses de prendre leur valises et de les descendre. Et là l'accomp de la petite en ULIS me sort "ah non c'est un cas spécial" en parlant de la gamine. Mon dieu j'ai vrillé à ce moment-là. la petite était plus mature qu'elle et elle me sort ça, devant elle. Bordel j'ai eu des larmes de colère qui sont sortis, Y'aurait pas eu un collègue pour me sortir de la salle je sais pas ce que j'aurai fait mais je l'aurai fait. Elle avait tellement de choses à raconter, à découvrir, à faire, mais pour sa responsable c'était juste un "cas particulier". Elle voulait juste une chose en plus, c'était nous aider depuis le début et participer. Pas comme eux.
Je les laisse tomber et oh merde, le car va partir et j'ai eu l'impression d'oublier quelque chose, mais les enfants étaient là, ils m'attendaient, ils voulaient qu'on prenne une photo tous ensemble parce que j'allais "leur manquer".
Mon dieu, j'en pouvais plus, j'étais sur le point de pleurer, mais non, faut rester professionnel. Je prends la photo avec eux, ils me disent que je vais leur manquer, et que j'espère qu'on se reverra un jour. J'étais tellement heureux. J'étais tellement triste. Jamais j'ai ressenti ça auparavant.
Le car part. Je suis effondré, ça y est, des liens qui se sont serrés avec des êtres si inoffensifs viennent de s’effondrer en un instant. Je me sens tellement perdu. Tellement seul. Je comprends pas ce qu'il m'arrive, pourquoi je pleure tellement. J'arrive pas à le croire que des enfants de 6 à 11 ans aient réussi à me faire ressentir tellement de bonheur en même pas 5jours entiers. J'essaye de me faire une raison mais j'y arrive pas. Je regarde les photos, je ne sais plus ou j'en suis. J'arrive pas à m’arrêter. A ce moment ou vous lisez ce texte, j'y pense encore, ça fait juste quelques heures qu'ils sont partis et j'arrive vraiment pas à m'arrêter.
La morale de cette "aventure", c'est que si vous voulez ressentir des choses extraordinaire sans vous soucier de quoi que ce soit, foncez faire de l'animation. Faites des colos, il parait que c'est encore plus intense. Mais vraiment, foncez. Moi qui ai été paumé, en train de me poser des questions sur ce que j'allais faire de ma vie, pourquoi j'arrivais pas à faire du lien avec des humains, pourquoi je me sentais aussi seul, j'ai réussi à faire apparaitre une partie de moi qui a réémergé du plus profond de mon être. Je ne peux que vous le conseiller.
Désolé si j'ai été un peu longuet quelquefois, désolé si j'ai pas donné assez de détails, y'en a vraiment beaucoup, j'ai vraiment résumé mon expérience et je souhaitais pas vous ennuyer. Si vous voulez en avoir, n'hésitez pas à me demander.
J'espère vraiment que ça vous a plu et que ça a pu vous aider à un moment.
