Topic de foutredepapy097 :

La verbe de Aya nakamura laisse le forum pantois

  • 1

https://www.youtube.com/watch?v=_bPa-VG0AWo&feature=youtu.be&t=18

"Bébé veut du sale" est exprimé telle une évidence, l'exposé d'un besoin primaire et intemporel qui aurait habité le genre humain au délà des âges et des frontières. Mais cette phrase, portée par les rimes éloquents d'Aya Nakamura, ne recouvre-t-elle pas un message plus complexe que le simple déterminisme anthropologique qu'on lui attribuerait au premier abord? N'y a-t-il pas là, quelque part entre les mots, une volonté de déshabiller l'Homme moderne et d'ainsi mettre à nu ses désirs les plus cabalistiques? D'aucuns seraient contrariés d'aller piocher dans cette poésie emphatique la source de quelque réflexions filandreuses, et pourtant il suffit de s'exposer encore un peu plus aux intonations de cette prose léché pour y trouver l'inspiration philosophique qui manque tant aux bruits et images de nos sociétés vieillissantes. Aya Nakamura se fait ici maîtresse des harmonies nouvelles, architecte musicale du 21ème siècle, et nous lance un appel. Nous tenterons ici d'y répondre.

Il s'agira primo d'extraire du verset les mots qui le composent et de les isoler afin d'en mieux saisir le sens. "Bébé", sobriquet affectueux s'il en est, recouvre ici un contexte plus large que les affaires langoureuses des couples encore neufs. "Bébé", c'est d'abord l'autre, mais pas n'importe quel autre. C'est l'autre unique, l'autre selectionné dans la foule des candidats à l'amour, et bien que solitaire car seul à tenir ce titre, l'autre s'en trouve enveloppé, aussi, dans un "nous" tant exaltant qu'éphémère. Faire de ce qualificatif le sujet d'une comtemplation nouvelle, c'est bien le génie de Nakamura.

"Veut", exprimant ici le besoin de cet autre unique, revêt une double incarnation: celle d'une requête qui se satisfait dans la coopération, et celle d'une injonction: le besoin manifeste alors un caprice auquel il faudra céder ou résister. C'est cette fausse interdépendance, mélée au jeu dangereux des négociations d'égo, qu'Aya Nakamura prend le risque de mettre en scène dans la construction de son oeuvre. Pari gagné, c'est brillant.

"Sale", finalement, voilà l'object du besoin dont l'autre saura, ou pas, négocier l'obtention. Aya fait ici le choix de la trivialité, mais c'est pour mieux piéger les esprits dociles, car nous connaissons trop les manoeuvres lyriques de la divette ébène pour ne pas voir au delà du vulgaire. Le sale n'est pas le geste obscène, mais l'arcane érotique qui fait lien entre les plaisirs de deux êtres. Le sale complice, le sale sacré, clé de l'euphorie passagère et du retour à la nudité de l'âme humaine.

Il fallait bien la confiance sensible et l'exotisme incarnés par Aya Nakamura pour nous transporter ainsi dans les courbes voluptueuses de nos rapports enchantés.

Chapeau. https://image.noelshack.com/fichiers/2018/25/1/1529353647-risitas-louis-xv-sticker-drapeau-qlf.png

  • 1

Données du topic

Auteur
foutredepapy097
Date de création
10 mars 2024 à 23:37:00
Nb. messages archivés
1
Nb. messages JVC
1
En ligne sur JvArchive 261