VI - Ne t'ennorgueillis d'aucun avantage qui te soit étranger. Si un cheval se vantait en disant : "Je suis beau", ce serait supportable. Mais toi, lorsque tu dis en te vantant : "J'ai un beau cheval", qu'est-ce qui donc est à toi ? L'usage des idées. Lorsque donc tu fais usages des idées conformément à la nature, dès ce moment enorgueillis-toi, car alors tu t'enorgueilliras d'un bien qui est à toi.
VII - Comme au cours d'une traversée, si le navire a fait relache et si tu vas puiser de l'eau, tu peux en route, accessoirement, ramasser un coquillage ou un oignon. Mais il faut que ta pensée soit toujours tendue vers le navire et que ton visage sans cesse y soit tourné, de peur que par hasard le pilote ne t'appelle. Et, s'il t'appelle, il faut tout laisser là, afin que tu ne sois point attaché et jeté comme un mouton. Il en est de même aussi dans la vie. Si, en effet, au lieu d'un coquillage ou d'un oignon, une femme ou un enfant te sont donnés, rien ne s'y oppose. Mais si le pilote t'appelle, cours au navire, laisse tout et ne te détourne pas. Si toutefois tu es vieux, ne t'écarte pas beaucoup du navire, de peur de manquer à l'appel.
(je suis pas sûr‧e de comprendre mais ça semble un peu misogyne)
IX - La maladie est une entrave pour le corps, mais non pour la volonté, si elle ne le veut. La claudication est une entrave pour les jambes, mais non pour la volonté. Dis-toi de même à chaque accident, et tu trouveras que c'est une entrave pour quelque autre chose, mais non pour toi.
(ça semble quand même facile à dire, à une époque de réchauffement climatique :/ )
X - A chaque accident qui te survient, souviens-toi, en te repliant sur toi-même, de te demander quelle force tu possèdes pour en tirer usage. Si tu vois un bel homme ou une belle femme, tu trouveras une force contre leur séduction, la tempérance. S'il se présente une fatigue, tu trouveras l'endurance ; contre une injure, tu trouveras la patience. Et, si tu prends cette habitude, les idées ne t'emporteront pas.
XI - Ne dis jamais de quoi que ce soit : "Je l'ai perdu." mais "Je l'ai rendu.". Ton enfant est mort, il est rendu. Ton ou ta conjoint‧e est mort‧e, iel est rendu‧e. Mon bien m'a été ravi. Eh bien ! il est aussi rendu. "Mais le ravisseur est un scélérat." Que t'importe par qui celui qui te l'avait donné te l'ait réclamé ? Tant qu'il te le laisse, jouis-en comme d'un bien étranger, comme les passants d'une hotellerie.