Topic de Anhedonien :

Redpill sur l'histoire du Maghreb

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  1. "les arabes ont dominés les berbères pendant des siècles" https://image.noelshack.com/fichiers/2017/09/1488318669-zemmour1.png

La campagne maghrébine fut littéralement la plus longue et la plus dure campagne des armées musulmanes ; un de leur plus grand général y perdra d'ailleurs la vie (Uqba ibn Nafi) mais ce qui est souvent occulté, c'est que ces armées musulmanes ont inclus des contingents berbères fraichement convertis de Libye dans leurs armées :

L'énergique Uqba ibn nafi, qui s'était illustré à Syracuse, en Cyrénaique et peut-être même au Kawar, prit en 669 la tête d'une armée réduite, 10 000 cavaliers bédouins, semble-t-il, mais, fait significatif, renforcée de plusieurs milliers de nouveaux convertis de Cyrénaique.

Jean-Marie Lassère, Africa quasi Roma, p. 738

Une fois la conquête achevée, les arabes se sont comportés en véritable tyrans en humiliant constamment les populations locales (tributs de femmes (esclaves), impôts exorbitants, statut de clients même après la conversion, etc) ce qui a tout naturellement débouché sur une importante révolte qui mit fin au pouvoir des arabes au maghreb ...30 ans seulement après la conquête :

'Regardless of their martial ability, the Syrian junds failed miserably in quelling the uprising in North Africa in 741. As a result, the governor of al-Andalus eventually invited the desperate troops in Ceuta to cross the Mediterranean and enter al-Andalus in order to help him put down a similar Berber rebellion'

Erich B. Anderson, Rise of the Berber mercenaries: Desert nomads come to Europe ( https://www.jstor.org/stable/48578475?read-now=1&refreqid=excelsior%3A37e68acc6b2032ac928b26b3a66918ec&seq=1#page_scan_tab_contents)

Until 750, the Umayyads, as sole caliphs, ruled both al-Andalus and North Africa. By the second half of the 700s, the Umayyads controlled only al Andalus, and despite Abbasid claims, much of North African Maghrib was independent, ruled by the Idrisids in Northern Morocco and the Rustamids in western Algeria. Al-Andalus and North Africa were, however , culturally and economically linked both before and after 750.

https://www.jstor.org/stable/10.3998/mpub.9297351.9?Search=yes&resultItemClick=true&searchText=berbers&searchUri=%2Faction%2FdoBasicSearch%3FQuery%3Dberbers%26so%3Drel&ab_segments=0%2Fbasic_search_gsv2%2Fcontrol&refreqid=fastly-default%3A5387f8b3ec7473f2e0b92bf28b922856&seq=2#metadata_info_tab_contents

Mais alors qu'en est-il de ces fameuses dynasties "arabes" et quid de cette arabisation ? https://image.noelshack.com/fichiers/2018/21/5/1527271207-jean-jacques-bourdin-micro-droite-detoure.png

Il est maintenant bien établis qu'en réalité il s'agissait de berbères qui falsifiaient leur généalogies non pas parce qu'il en irait d'une supériorité inhérente des arabes mais parce que dans un contexte islamique, un tel cas de figure (et surtout les lignées de la famille du prophète) octroyait une réelle et concrète légitimité au pouvoir :

More soundly based than Guichard's conclusions are the insightful observations of Glick. As he remarks, "arabization of the Berbers during this period must be carefully qualified", noting that "many Berbers falsified their genealogies, adopting Arab tribal names in order to dissemble their true ethnic identity." This is correct, and no less true of so-called "Arabs" than of Berbers in al-Andalus. Not only were they concerned with hiding their true origins, but also by claiming association with one of the elite tribes of early Islam, a definite social and religious status could be automatically achieved; all a part of the much-discussed "Arabiyya" (arabization) propaganda (tough too few authors have recognized this aspect of the problem). Furthermore, the early muslim chronicles of the conquests (not of al-Andalus, but in general) make it eminently clear that the true Arabs were opposed to travelling beyond the boundaries of their homeland, and had little interest in settling such far-away places as Iraq and Syria, much less Spain.

Jews, Visigoths and muslims in medieval Spain by Norman Roth, p. 47

Pour ce qui est de l'arabisation des populations du Maghreb, elle est en réalité assez tardive (XIème siècle) et ne débute vraiment qu'avec les invasions hilaliennes qui voit déferler un nombre assez conséquents de tribus arabes sur la région. Malgré leur défaite militaire notamment face aux Almohades, ces tribus arabes ont tout de même eu une influence socio-culturelle notable au Maghreb notamment en déstabilisant les modes de vie (sédentaire/nomade) et en servant longtemps sous les bannières des dynasties maghrébines :

En 1161, les Béni Hilal, à nouveau révoltés, sont écrasés près de Kairouan dans une bataille contre l'armée du sultan almohade Abd al-moumin. Mille personnes de chaque tribu Jochem sont alors contraintes de fournir des contingents pour les guerres en Espagne. Déplacés ainsi massivement vers les côtes occidentales pour être enrôlés dans la guerre sainte en Andalousie, les Béni Hilal le sont aussi par les souverains successifs. [...] Mais c'est surtout après la bataille de Gabès en 1187, livrée par le sultan almohade Yaaqoub al-Mansour contre les Bédouins et leur allié du clan almoravide Ali Ghania, que les tribus bédouines insoumises sont déportées en grand nombre au Maroc.

Mouna Hachim, Histoire inattendue du Maroc, p. 266

Les tribus bédouines ont, en premier lieu, porté un nouveau coup à la vie sédentaire par leurs déprédations et les menaces qu'elles font planer sur les campagnes ouvertes. Elles renforcent ainsi l'action dissolvante des nomades «néo-berbères» zénètes qui avaient, dès le Vie siècle, pénétré en Africa et en Numidie. Précurseurs des Hilaliens, ces nomades zénètes furent facilement assimilés par les nouveaux venus. Ainsi les contingents nomades arabes, qui parlaient la langue sacrée et en tiraient un grand prestige, loin d'être absorbés culturellement par la masse berbère nomade, l'attirèrent à eux et l'adoptèrent. L'identité des genres de vie facilita la fusion. Il était tentant pour les nomades berbères de se dire aussi arabes et d'y gagner la considération et le statut de conquérant, voir de chérif, c'est-à-dire descendant du Prophète. [...]
A la concordance des genres de vie entre groupes nomades, puissant facteur d'arabisation, s'ajoute, nous l'avons vu, le jeu politique des souverains berbères qui n'hésitent pas à utiliser la mobilité et la force militaire des nouveaux venus contre leurs frères de race. ''''Par la double pression des migrations pastorales et des actions guerrières accompagnées de pillages, d'incendies ou de simples chapardages, la marée nomade qui, désormais, s'identifie, dans la plus grande partie du Maghreb, avec l'arabisme bédouin, s'étend sans cesse, gangrène les États, efface la vie sédentaire des plaines. Les régions berbérophones se réduisent pour l'essentiel à des îlots montagneux.

Gabriel Camps, Comment la Berbérie est devenue le Maghreb arabe, Revue de l'Occident Musulman et de la Méditerranée, 35, 1983-1.

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Anhedonien
Date de création
28 janvier 2022 à 22:29:09
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